Autrefois, il ne faisait pas bon rester célibataire. La vie sociale et économique était organisée autour du couple d’où la nécessité absolue pour les jeunes gens de se marier.
En Auvergne, au 18è et 19è siècle, voici comment les jeunes demoiselles cherchent un mari. Elles font appel soit à l’église, soit aux sorciers ou bien aux deux :
Avec l’aide de l’église…
Les jeunes auvergnates font des pèlerinages, suivent des processions ou bien adressent des prières auprès d’une multitude de saints et de saintes.
Mais l’église aide les jeunes jouvencelles à trouver mari de façon beaucoup plus originale :
« La jeune fille qui veut se marier monte un dimanche en chaire avec le curé au moment du prône. Ce dernier énumère ses avantages matériels. Puis, elle-même dit à l’assemblée : ti la ti la donzella à paroudà (voici la fille à marier) »
… et des sorciers
Si l’usage de la magie a cours dans toute la France, imaginez les proportions qu’elle prend au pays de la sorcellerie et des adeptes du « Petit-Albert » ( Connaissez-vous le Petit Albert ? Je vous en parlerai dans un futur billet…)
Pour l’heure, voici une recette pour trouver l’âme sœur : Cueillez à minuit l’herbe de matagot (mandragore) ou l’herbe de la seyelle (valériane). Posez la sur l’autel, sous la nappe et à l’insu du curé pour qu’il dise la messe dessus et la bénisse : vous êtes certain d’être aimé !
Les jeunes se retrouvent dans les veillées, les fêtes ou les foires, les travaux des champs…
Pour déclarer son amour, la manière la plus courante est d’inviter à danser. Quand on vient chercher la même cavalière pour aller au bal, elle sait à quoi s’attendre… et les parents aussi !
Une fois qu’ils se sont déclarés et qu’ils se fréquentent officiellement avec l’autorisation des parents, les tourtereaux changent de statut : à la veillée, ils n’ont plus leur place habituelle ; un espace en retrait leur est réservé.
Pour la demande en mariage, de façon générale, c’est le jeune homme qui fait la demande aux parents de la jeune fille, en accord avec cette dernière.
La parole n’est pas de mise pour éviter les maladresses.
Les gestes sont codifiés : si on bat les œufs en omelette et s’il est invité à tenir la queue de la poêle, le prétendant exulte de bonheur. Par contre si on dresse les tisons tout droit dans la cheminée, il est rejeté.
Quelquefois, on fait appelle à un entremetteur. Suivant l’endroit il se nomme : le Bertrand, le mandéron, le balandreau. En Haute-Loire, c’est le magnan ou bardouille. Il porte à la boutonnière un bouquet de sauge, un bâton brûlé aux deux bouts ou un bâton blanc. Il est chargé de vanter la fortune du futur auprès de la famille de la demoiselle.
En Auvergne, les fiançailles sont rares. Ce sont les achats rituels en vue du mariage qui ont une valeur symbolique d’union et de promesse. On se rend à la grande ville la plus proche en famille pour y acheter les toilettes, les ors et les joyes (joyaux). Outre les bagues, les sautoirs ou les broches, le promis offre à la fiancée un Saint-Esprit.
Les achats effectués, les fiancés visitent famille, amis & voisins et lancent les invitations en offrant du tabac à priser et des dragées.
Les jeunes du village décorent la maison de la future et plantent les genévriers. Pour les remercier, le père de la mariée leur offre une volaille.
Le jour des noces arrive enfin… les invités se rendent chez la future où une table est dressée avec des gâteaux et des tartes pour les faire patienter.
La mariée achève de se préparer aidée par ses demoiselles d’honneur.
Nombreux sont ceux qui viennent à cheval. Le cortège se rend à l’église dans une joyeuse cavalcade accompagné des musiciens.
Jusqu’à la fin du 19è siècle, les mariés portent le costume régional : la robe de la mariée est de couleurs vives agrémentée d’un châle sur les épaules. Elle porte sur la tête la coiffe traditionnelle avec un bonnet orné de dentelles et de rubans.
Le marié porte des brayes (culottes bouffantes), une veste courte et un chapeau de feutre noir orné également de rubans ; sans oublier la chemise blanche que la future lui a offert.
La cérémonie achevée, les invités se retrouvent au banquet ; on a mis les petits plats dans les grands : viandes bouillies et rôties, volailles, jambons et lard sont servis ; le tout arrosé de vin sucré.
En Auvergne, on danse beaucoup : la bourrée bien sûr, mais aussi la mazurka, la polka ou la branle …
En fin de soirée, les jeunes époux tentent de s’esquiver… Il leur est difficile de passer leur nuit de noces seuls. Les jeunes ont concocté des farces : lit en portefeuille ou garni de clochettes… En pleine nuit, les amis n’hésitent pas à les réveiller pour leur servir la rôtie (mélange de chocolat et d’œufs battus) dans un pot de chambre.
En se mariant, et dans la plupart des cas, la jeune fille quitte sa famille pour aller vivre chez ses beaux-parents. Il leur faudra composer et coopérer pour maintenir de bonnes relations et cela pendant de nombreuses années.
Pour être acceptée entièrement par sa belle famille, la mariée doit subir un rite de passage : un balai barre le seuil de la porte de la maison.
Si la jeune épouse l’enjambe sans s’en soucier, elle sera considérer comme négligente et paresseuse.
Tout ira bien, si elle saisit le balai et nettoie le pas de porte.
Source : Amours et mariages en France d’autrefois
Collection vie d’autrefois
Archives & culture
Image : geneactinsolites.free.fr
Photo Saint-Esprit : collection personnelle
Généathème : Mariage