Il y a peu de temps, +Benoit PETIT écrivait sur son blog, que la sérendipité avait du bon.
Et je ne peux qu’approuver lorsque le hasard nous offre de truculentes découvertes :
Lors de mes recherches aux Archives Départementales de l’Orne, j’ai consulté un registre intitulé :
Délibérations du Conseil de Révision- Classe 1856 –
Ce registre est constitué de la liste des jeunes appelés par tirage au sort.
En face de chaque nom, l’Etat Major a annoté si le futur soldat était « bon pour le service » ou si, il était réformé et les causes.
Par curiosité, j’ai feuilleté le registre et j’ai découvert à la fin de celui-ci plusieurs pages manuscrites, dont un document émanant d’un tribunal où ont comparu plusieurs jeunes gens présumés coupables de n’avoir pas voulu effectuer leur conscription.
Je ne peux m’empêcher de partager un extrait du document tant sa teneur m’a amusée :
L’an mil huit cent cinquante sept, le lundi 3 août,
Le Conseil de Révision du département de l’Orne composé de M.M…
s’est réuni à l’hôtel de la préfecture où…
a l’effet de statuer définitivement à l’égard de deux
jeunes gens de la classe 1856 déférés aux tribunaux comme
prévenus de s’être rendus impropres au service militaire ;
Vu sa décision du 18 mai 1857, par laquelle il a déféré
aux tribunaux comme prévenu de s’être rendu impropre au service
d’une manière permanente en se faisant arracher plusieurs dents à la
mâchoire inférieure le Sr Vigneron (C… Hippolyte), inscrit sous
le numéro 20 de la liste du tirage au sort du canton de Mêle sur Sarthe.
Vu la lettre en date du 21 juillet dernier, par laquelle M.
le Procureur Impérial prie le Tribunal de 1ère instance d’Alençon
faire connaître que le Sr Vigneron a été renvoyé … des
poursuites par une ordonnance de non lieu rendue par M. le juge
d’instruction ; qu’il est résulté de l’information que cet individu
avait déjà perdu un certain nombre de dents, plusieurs mois avant
le tirage ; que le médecin dentiste, chargé de l’examiner, a constaté
qu’il avait une grande prédisposition à la carie et que plusieurs
des dents qui avoisinaient celles que l’on avait dû extraire pour cause
de caries étaient elles-mêmes cariées par suite d’un contact antérieur ;
Vu l’article 41 de la loi du 21 mars 1832 en la circulaire
ministérielle du 28 juin 1835,
Décide : 1° Que le Sr Vigneron (C… Hippolyte) est exempté
pour perte de dents ;
…
Libéré, je suppose que le Sieur Vigneron n’a pas « gardé une dent » contre l’Etat Major !
Cette petite histoire ne vous fait-elle pas penser à la chanson du comique troupier Ouvrard…
Source : A.D Orne – Registre des délibérations du conseil de révision – 1856 – R 541
Bonjour Evelyne,
Pour les prénoms entre parenthèses, je penche pour Rémy Hippolyte. Bravo pour ce document qui nous incite à sortir des sempiternels registres d’état civil.