Je ne résiste pas au plaisir de partager cette archive insolite trouvée dans les registres de la paroisse de Cintheaux (Calvados), paroisse où vécurent mes Sosas maternels 480 et 960.
Le Curé a « religieusement » écrit dans son registre deux méthodes pour soigner d’étranges maladies :
Remède infaillible contre l’hydropisie très expérimentée
Prenez une pinte deau de vie de vin dans une bouteille de gros verre bien nette, qui contienne la pinte mesure de paris, mettez-y deux onces de bon jalap concassé grossièrement et non enpoudre, mettez la bouteille a lair ou au soleil et non au feu, laissez infuser le tout pendant 27 heures au bout desquelles donnez au malade trois cuillerées dans une cuillère abouche le matin a jeun, de deux jours lun est adire quil faut etre un jour sans en prendre et continuer ainsi jusques a parfaite guérison quon obtiendra par ce remède si le malade na rien de gaté dans linterieur
Pendant la maladie et lusage du remede il faut observer le regime suivant.
Il ne faut manger ny soupe, ny rien de crud, ny poivre, ny sel, ny vinaigre, ny laict, ny fruit, ny salade surtout point deau aboire, le vin blanc doit etre la boisson ordinaire, il ne faut même pas lui en donner toutes les fois quil en demande ; le malade ne doit user que de viandes roties ou grillees, surtout point de veau, le pain le plus sec est le meilleur. Deux heures après le remede il faut prendre un bouillon de consommé fait avec de bon bœuf, de la volaille ou du mouton aulieu de veau le jus de mouton roti y est tres bon. Si la premiere bouteille netoit pas suffisante il faudra en refaire une autre pour lentiere guerison.
Contre la pituite pour purifier le sang
Il faut prendre quatre blancs doeufs un verre de vin aigre y ajouter une drogue qui se nomme ptia dose de 40 grains pesants orondanus item pour la dose parvi osum item la meme dose, mesler le tout par ensemble et tous les soirs sen passer sur le creux de lestomach y appliquer une serviette chaude dessus et continuer le remede tous les soirs pendant huit jours
par le Chirurgien Major du Regiment de Betan Regiment Suisse
On peut se demander si le brave Curé ne souffrait pas, lui-même, de ces maux et après s’être confessé auprès du Chirurgien Major, celui-ci lui aurait délivré ces ordonnances que le saint homme aurait soigneusement annotées pour ne pas les oubliées ?
En outre, je trouve cette archive intéressante car elle nous dépeint la manière dont nos ancêtres se soignaient au 18e siècle ; manière qui peut nous paraitre rocambolesque aujourd’hui.
Pour finir, cette découverte me fait penser à Molière dont nous célébrons aujourd’hui le 342e anniversaire de sa disparition. En hommage, je lui dédie ce petit article !
En cliquant sur les mots écrits en vert, vous découvrirez leur définition (vulgaris-médical.com et Wikipédia.com)
SOURCES : A.D Calvados – Cintheaux – 5 MI EC 430 [1740-1792]
IMAGE : Gallica BNF : Figures Allégoriques – La Maladie, la Santé éditées en 1700 – Louis Lerembert – Sculpteur – ark:/12148/btv1b69365557
Ces remèdes étaient-ils savoureux et efficaces ????
Insolite en effet, et amusant. J’aime beaucoup la description du régime alimentaire à suivre dans le premier cas. Il ne restait pas grand chose d’autorisé, si ce n’est la viande et le vin blanc. Les péchers mignons du curé ?
J’ai pensé la même chose ! 😉