Ah… Nos ancêtres et la religion, un vaste sujet tant l’Eglise a marqué leurs vies.
Pour ce billet, j’ai choisi de partager un évènement trouvé dans les registres de Cintheaux, un village normand situé au sud de Caen, impliquant malgré lui, un de mes collatéraux, Charles FOUQUES (1719-1792).
Charles était le quatrième des six enfants de Jacques FOUQUES, un cultivateur marié à Marie LEFRANCOIS, mes Sosa 1920 et 1921 à la onzième génération.
Jacques Michel LE HARIBEL, curé de Cintheaux, était bavard et s’est appliqué à noter dans ses registres plusieurs faits concernant ses relations avec ses ouailles.
Ainsi, le mercredi 10 novembre 1734, il prit à témoin, plusieurs individus dont Charles.
Le mercredy dixieme jour de novembre mil sept cent trente quattre, sur les quattre heures et demye
du soir, jé Ptre Curé dudit lieu de Cintheaux , été requis et obligé dadministrer le St Viatique à Philippe
Pagny, mon paroissien et demeurant au hameau de Cintheaux en la maison de Charles Signot située sur le grand chemin
et dans cette occupation, j’ai fait rencontre de Jean Bénard et de son domestique ledit Lucas …de la
R.P.R et huguenote demeurant audit hameau Charles Lucas son domestique ledit Jean Bénard à pied et … domestique assis sur un
cheval et habillé de l’équipage propre pour labourer, lesquels venant de cette occupation eurent la témérité de passer
devant le Saint Sacrement sans donner nulle marque de devoir et de respect à Dieu malgré mes vives exhortations
et bravèrent ainsi et tirèrent en ridicule la Réalité de Jésus-Christ, la piété et la religion, ledit domestiques naiant pas même
voulu descendre de cheval ni oter son chapeau et persistants ai battu lesdit domestisques, ledit lucas ne se mit en devoir
qu’après vives monitions morales, ce qui m’a obligé de prendre à témoin Marie Anne Huet femme de Charles Signot
Georges Conard fils de Jean Conard de la paroisse Durville agé de 15 ou 16…, Anne
Guérard, Françoise Loret la femme de feu Nicolas Lefebüre nommée Françoise Guérard, Marie Dauge femme de Charles Guérard
Jacques Poret dit pescard, Anne Moutier femme de feu le pailleur et Charles Fouques. Mais M. Osmond
Secretaire de Mr le président de lourailles se rendant médiateur a payé en punition de ce crime et en descharge
desdits Srs de la R.P.R une bannière coutant la somme de cent huit livres et qui est de présent en
l’église de la susdite paroisse et dont j’ai susdit curé fait la bénédiction, Die resurrectionès Christi
Deuxième jour d’avril mil sept cent trente cinq
Signé Le Haribel Curé de cintheaux
Ces lignes ont été transcrites en avril 1735, soit plusieurs mois après cette mésaventure. L’écriture est arbitraire et contient de nombreuses omissions, rayures et taches comme si la mémoire de Mr Le Haribel était incertaine.
Pour l’anecdote, je n’ai trouvé aucun acte de décès concernant le paroissien, Philippe Pagny et l’histoire ne nous dira pas ce qu’en a pensé mon collatéral mais, ce « nota » est un bel exemple du pouvoir des religieux et des relations conflictuelles entre l’Eglise catholique et les protestants.
Sources : A.D Calvados CINTHEAUX 1692 1740 Vue 158/171
Le récit de cette rencontre avec un mécréant est inattendu. Le curé a bien fait de l’écrire dans le registre. Il ne se doute pas qu’il n’y joue pas le meilleur rôle.
En voilà une anecdote croustillante ! Et pile poil dans les clous pour ce Geneatheme !