Après la diète imposée par la lettre X, je me rattrape avec la lettre Y…
Cependant, trouver une recette ancestrale commençant par Y s’est révélé être aussi un défi…. Mais, la langue bretonne et mes ancêtres armoricains m’ont aidée !
Le second défi a été de réaliser ce plat !
Le Yod Kerc’h est une bouillie d’avoine roborative et énergétique, normalement salée, qui se mange délayée dans du lait ribot (lait fermenté et aigre) et autrefois consommée en Basse Bretagne, particulièrement dans le Léon, par les plus pauvres.
Jadis, elle était préparée à partir d’avoine grillée et moulue.
Le mélange « avoine et son » était mis à tremper la veille.
Au matin, le son étant remonté à la surface, il était retiré et donné en nourriture aux cochons.
La farine était égouttée avant d’être mélangée à du lait ribot ou à de l’eau afin d’obtenir la consistance désirée.
La bouillie était ensuite cuite dans un chaudron pendant une bonne heure et touillée avec un bâton appelé baz-yod (bâton à bouillie)
La dégustation se faisait à même le chaudron, chacun creusant son propre puits pour y faire fondre un morceau de beurre.
Le jour suivant, la bouillie refroidie et solidifiée était coupée en tranches ou en morceaux et était frite dans une poêle.
Aujourd’hui, on utilise de la « crème d’avoine » prête à l’emploi.
J’en ai donc acheté lors d’un week-end passé en Bretagne !
Voici la recette telle que mentionnée sur le paquet. J’ai adapté les quantités car j’ai été la seule à goûter la recette, allez savoir pourquoi… 😉
Ingrédients pour 4 : 250 g farine d’avoine – Un litre de liquide (lait ou eau) – Beurre – Sel ou sucre
Délayez la farine avec le liquide dans une casserole à fond épais
Laissez épaissir en remuant constamment pour éviter les grumeaux
Couvrez et laissez mijoter pendant une demi-heure sur feu doux.
A la fin de la cuisson, salez ou sucrez, à votre convenance.
Ajoutez du beurre cru.
A déguster avec une bolée de cidre ou du lait ribot.
En toute honnêteté, je vous avoue que ce n’est pas le meilleur met que j’ai goûté, bien qu’il soit nourrissant et rassasiant.
Mais, bizarrement, c’est sans doute la recette qui m’a le plus émue, non par la saveur, mais par ce qu’elle m’a enseignée : j’ai touché du bout des doigts, plus exactement du bout de la langue… ce que mes ancêtres, humbles gens, mangeaient au quotidien !
Ailleurs, on trouve des recettes similaires : en Corse, avec la « pulenda » réalisée avec de la farine de châtaignes ou en Italie, avec la « polenta » réalisée avec de la farine de maïs.
Sources :
Sites et image : Wikipédia.org – Keldélice.com
Photos : Collection personnelle
… et j’avais oublié de dire qu’en breton, l’index s’appelle « biz yod » parce que c’est le doigt avec lequel on lèche le plat 🙂
Hum… Si ce n’est pas le meilleur mets que tu aies goûté, c’est peut-être (sûrement) parce que tu n’a spas versé ta bouille dans un récipient rectangulaire, lequel récipient tu n’as donc pas mis au frais, et que donc tu n’a s pas attendu le lendemain matin, que tu n’as pas démoulé ta yod kerc’h, que tu ne l’as pas coupée en tranche (maximum 0,45 cm), que tu n’as pas mis ces tranches à griller dans du beurre, assez pour qu’elles soient croustillantes (« craz ») à l’extérieur, et hyper moelleuses à l’intérieur. Et que tu n’as pas dégusté tout ça avec du gros lait (différent du lait ribot, et que tu ne trouves que rarement puisqu’il doit être impérativement fait avec le lait de nos vaches pies noires, lesquelles hélas sont quasiment en voie d’extinction pour cause de « pas assez rentables »).
Si tu avais fait tout ça, tu serais comme cette tablée de copains qui, me voyant arriver avec ma barquette de yod ont pris un air pas franchement envieux, mais qui, lorsqu’ils sont senti l’odeur de crêperie qui venait de ma poêle, et surtout, quand ils (enfin, certains) ont osé goûter, m’ont demandé… d’en refaire le lendemain, en quantité !
Là, ce que tu as goûté, c’est comme une pomme de terre cuite à l’eau mais absolument nature, sans beurre, sans rien, ce qui n’a rien à voir avec une pomme de terre rissolée, ou même simplement « à l’anglaise »…
Conclusion : faudra recommencer ! 🙂
PS : la « crème d’avoine » est une farine d’avoine déjà cuite, on n’a donc pas besoin de pousser la cuisson aussi longtemps. En revanche, avec la simple « farine d’avoine », oui il faut cuire un bout de temps.
Encore une belle recette du terroir, qui n’est pas sans rappeler le pulmentum des Romains !