Lorsque j’ai débuté mes recherches généalogiques maternelles, je me doutais que mes ancêtres étaient normands ; mais j’ai trouvé que certains avaient émigré.
En effet, toutes les branches issues du côté du père de ma grand-mère maternelle prennent leur source en terre armoricaine… Plus exactement dans le Finistère dans la région du Léon !
Des gens de la terre qui ont migré dès le XVIIIe siècle vers le Calvados, en passant par l’Orne visiblement poussés par la misère qui les a incités à chercher du travail loin de chez eux.
Je travaille particulièrement sur ces branches depuis le salon généalogique organisé par la Mairie du XVe arrondissement de Paris, les 11 et 12 mars dernier.
J’ai adhéré au C.G.F (Cercle Généalogique du Finistère) afin d’accéder à leurs bases de données car les Archives Départementales n’ont malheureusement pas encore tout numérisé.
Le travail effectué par les bénévoles du C.G.F m’a permis de trouver les dates de naissance, mariage et décès de plusieurs couples sur plusieurs générations. La recherche par famille m’a également permis de trouver les enfants de chaque couple.
J’ai ainsi enregistré quelques 96 individus supplémentaires à mon arbre… Un grand bond en avant qui me transporte au XVIIe siècle !
J’ai puisé du pur jus armoricain avec des patronymes comme : Rivoalen, Coatalem, Hergouarch, Kermollier… ;
des prénoms comme Efflam, Bizien… ;
des coutumes comme des décrets de mariage dit Bodister ou Crechonvel. Il s’agit du consentement donné par sa famille à un enfant mineur demandé en mariage et orphelin d’un de ses parents ;
des lieux comme Ploujean, Plougastel Daoulas, Irvillac, Plouégat-Moysan, Botsorel, Plouézoc’h, Guimilliau…
Des villages que je ne connaissais absolument pas et que j’ai découvert, il y a peu.
Si ces endroits sont infiniment agréables à visiter, c’est surtout la sensation de pénétrer sur des lieux apaisants semblables à un giron maternel, qui m’a envahit… L’impression d’être à la maison et de m’y sentir bien et cela sans savoir que mes ancêtres y avaient vécu !
Et vous, vous est-il déjà arrivé d’éprouver ces sensations ?
Sources : Carte de Cassini – BNF Gallica
Enclos paroissial de Guimilliau – Collection personnelle
Il est indéniable que la Généalogie et l’Histoire sont intimement liées. Je le vérifie chaque fois lors de mes recherches.
Ainsi, André Coulon, Sosa 18, est né le 10 frimaire An 14 (1er décembre 1805) à Beaulne-Chivy dans l’Aisne. Il est tisserand.
En 1826, il épouse en premières noces, Augustine DeBacq, originaire d’une commune voisine : Verneuil-Courtonne.
Le 5 août 1829, Augustine met au monde une petite Marie Andrine.
Mais, Augustine décède le 12 septembre 1829 probablement des suites de son accouchement et le bébé rejoint sa mère le lendemain 13 septembre.
Pas le temps pour André de pleurer sur son sort, il épouse en secondes noces, Ursule Adélaïde Brasselet, Sosa 19, le 27 octobre 1829 à Braye-en-Laonnois, soit 45 jours après le décès d’Augustine.
L’histoire est banale et pourrait s’arrêter là, mais…
Il existe dans le département de l’Aisne de nombreuses monographies de village rédigées par les instituteurs au cours du 19ème siècle.
Et lorsque je découvre de nouveaux lieux, je cherche systématiquement la monographie concernée. Mais, je n’ai rien trouvé concernant Beaulne-Chivy et Verneuil-Courtonne.
Et pour cause, situés sur le Chemin des Dames, ces villages sont entièrement détruits, éradiqués… lors de la Première Guerre Mondiale.
Après la Révolution Française, la première commune est créée par la fusion de deux villages, Beaulne et Chivy .
En 1806, elle compte 212 habitants et environ 250 en 1914.
A la fin de la Première Guerre Mondiale, le village n’est pas reconstruit. Le décret du 9 septembre 1923 rattache son territoire à celui de Vendresse-et-Troyon et leur fusion donne Vendresse-Beaulne.
Avant 1914, Moussy-sur-Aisne et Verneuil-Courtonne appartiennent à la même paroisse mais forment deux communes distinctes depuis la Révolution.
Ces deux villages comptent quelques 330 habitants en 1825.
Entièrement détruits lors des combats, Moussy-sur-Aisne et Verneuil-Courtonne fusionnent en 1923 et sont rebâtis pour devenir Moussy-Verneuil.
Comme les militaires, les civils ont souffert et subi de nombreux préjudices lors et à cause des affrontements !
Et vous, avez-vous trouvé des villages ancestraux confrontés à l’Histoire?
Sources : Wikipédia et dictionnaireduchemindesdames.blogspot.fr
Image : Chemin des Dames, le portail : www.chemindesdames.fr
Ou comment retracer la vie d’un ancêtre en utilisant seulement les archives familiales, les archives municipales et départementales :
Pour cela, j’ai choisi de vous conter la vie de Reymond ACHON, grand-père et Sosa 4 de Monsieur :
Reymond nait , le dimanche 29 novembre 1874 à 6h du matin, à Clamont, un hameau de Lorlanges en Haute-Loire (43) dans la ferme de ses parents.
Jean, son père est âgé de 26 ans et Marguerite Delherme, sa mère, 27 ans comme l’indique son acte de naissance :
Clamont
Reymond est âgé de deux ans, quand nait sa sœur, Noémie, le 10 novembre 1876.
Seul garçon, le destin de Reymond est tracé… Il sera cultivateur et reprendra la ferme de ses parents.
Et comme tout garçon, il doit effectué sa conscription. Il est appelé sous les drapeaux sous le matricule 1883, le 16 novembre 1895 dans le canton de Blesle, subdivision d’Aurillac (Cantal).
Sa fiche matricule et son livret militaire indiquent son signalement : Cheveux et sourcils châtains, yeux gris, front large, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, visage ovale, il mesure 1m73 et n’a pas de marques particulières.
Son degré d’instruction est de niveau 3, c’est à dire qu’il sait lire et écrire ; mais il ne sait pas nager.
Il est incorporé au 16e régiment d’artillerie à compter du 16 novembre 1895 et y arrive le même jour. Son instruction militaire débute le lendemain, 17 novembre. Il devient artificier le 30 octobre 1896 et est envoyé dans la disponibilité le 22 septembre 1898 avec un certificat de bonne conduite accordé.
Il fête sa démobilisation dignement avec ses compagnons :
Quelques années plus tard, il épouse Adèle CHAZAL, le 17 novembre 1906 à 11h du matin. Il a 31 ans et Adèle, 22 ans comme l’indique leur acte de mariage.
Adèle est née à Paris 10e, au 6 bis rue des Récollets, le 16 mars 1884. Ses parents, Félix et Magdeleine MICHEL, brocanteurs, sont décédés. Adèle réside chez son grand-père paternel, Antoine à Bionsac, commune de Léotoing (43).
Les bans du mariage sont publiés les 4 et 11 novembre dans les mairies de Léotoing et de Lorlanges.
Un contrat de mariage est établi chez Me Pierre BERTRAND, notaire à Lorlanges, le 27 octobre 1906.
Les futurs époux adoptent le régime de la communauté réduite aux acquêts :
Adèle apporte en dot :
– son trousseau composé des habits, linges, bijoux et dorures à son usage, évalué à 300 Frs,
– un lit en bois dur composé d’un sommier, d’un matelas, six draps, une couverture en laine, un traversin, deux oreillers, le tout estimé à 150 Frs,
– Une somme de six francs en argent ou créances d’un recouvrement certain.
Reymond, apporte uniquement ses habits et linges à son usage évalués seulement à 100 Frs.
Reymond et Adèle ont six enfants, une fille et cinq garçons :
– Yvonne Thérèse, née le 2 août 1907
– Adolphe, né le 1er juin 1909
– Alphonse, né le 19 octobre 1911
– Gabriel, Sosa 2, né le 15 juin 1914
– Georges, né le 8 juin 1917
– Fernand, né le 22 novembre 1922.
Pour connaitre la composition de la maisonnée, je consulte les recensements de population.
En 1886, les recensements sont succincts et m’apprennent qu’il existe 10 maisons composées de 10 ménages pour un total de 40 individus.
Ceux de 1926 et de 1931 me donnent les détails suivants :
Reymond est père de quatre enfants quand sonne la mobilisation générale lors de la déclaration de la Première Guerre Mondiale.
Il est, à nouveau, appelé sous les drapeaux, le 5 août 1914 et incorporé au 14e Bataillon du 10e Régiment d’artillerie à pied, puis passe dans le 16e Régiment d’artillerie pour finir au 113e Régiment d’artillerie lourde.
Père de cinq enfants, il est dirigé vers le dépôt des isolés du 36e R.A à Moulins (03), le 17 août 1917.
Il reçoit son congé définitif de démobilisation, le 11 février 1919.
Il adhère à l’Office National du Combattant et reçoit sa carte de combattant le 17 janvier 1929 :
Reymond décède le 13 juillet 1931 à 11h du matin, à son domicile. Il a 56 ans, selon son acte de décès. Il est inhumé dans le cimetière de Lorlanges, le mercredi 15 juillet.
Un hommage lui est rendu dans la presse locale :
Et voilà une vie reconstruite avec l’aide des archives.
Avez-vous déjà pratiqué cet exercice ?
Sources :
Image : Collection personnelle Archives familiales : Livret militaire – Faire-part des Cent jours – Contrat de Mariage – Carte de combattant – Journal L’avenir du plateau central Archives départementales Haute-Loire : Acte de naissance Lorlanges (6 E 139/10) – Recensements de population (6 M 149) – Acte de mariage Léotoing (1925 W 424) Archives départementales Cantal : Fiche matricule militaire Aurillac (1 R 1596) Archives municipales Lorlanges : Acte de décès
Dans l’article précédent, je vous faisais part de mes doutes concernant l’ascendance de mon Sosa 34, Simon FERY, dont le père Gérard est dit FERAND, puis FERY. A lire ici
Suite à vos messages sur le blog ou sur les réseaux sociaux, ce dont je vous remercie, j’ai repris la lecture des registres paroissiaux d’Eppes dans l’Aisne.
Et, après avoir comparé les différentes signatures de Gérard et de Simon, j’ai acquis la certitude, mais non sans mal, que les FERY se nommaient FERAND, FERANT, FERAIN avant 1778, année où le patronyme a changé.
Mes recherches historiques n’expliquent pas ce changement d’orthographe et cela restera une énigme !
Mais revenons à mon analyse :
En feuilletant les registres, j’ai trouvé un acte de baptême daté du 24 avril 1748 concernant une fillette nommée Marie-Françoise Bride.
Gérard, jeune garçon, est le parrain et signe l’acte FERANT (avec un T final) ; Marie-Françoise Bride, jeune fille, visiblement parente avec la nouvelle née, est la marraine et ne sait pas signer.
Leur nouveau statut rapproche Gérard et Marie-Françoise puisqu’ils se marient le 26 janvier 1751. Gérard signe l’acte FERAND (avec un D final)
Le 10 décembre de la même année, nait Simon, mon Sosa 34. Gérard signe l’acte FERAND.
Les années passent et le 9 mai 1780, se marie Antoine, autre fils de Gérard et de Marie-Françoise avec Marie-Angélique Wattier.
Gérard et Simon, désignés le père et le frère de l’époux, signent l’acte FERY.
L’oncle, Louis BRIDE, est aussi présent et signe également.
Je note que sur les quatre actes, Gérard puis Simon signent de leur prénom et de leur nom d’où mon scepticisme concernant l’acte de mariage de Simon en 1787 où n’apparait que leur patronyme.
Et finalement, j’ai vérifié la signature de Simon sur l’acte de naissance de Geneviève Séraphine, sa fille (mon Sosa 17), ce que j’avais omis… Honte à moi !
La forme des lettres est identique : G de Gérard, M de Simon… Pas de doute, les signatures sont identiques.
Il suffit de lire les actes attentivement pour résoudre certaines énigmes et extraire les épines de nos arbres.
Cependant, mes recherches ont soulevé une autre interrogation :
En 1787, lors du mariage de Simon, l’acte indique qu’il est veuf de Marie-Françoise BOTTIER.
Je n’ai trouvé ni l’acte de mariage, ni l’acte de décès concernant Marie-Françoise BOTTIER.
Par contre, j’ai découvert un acte de mariage avec une Marie-Françoise LAMY, le 30 juin 1778 et l’acte de décès de cette Marie-Françoise, le 9 janvier 1782 que Gérard, son beau-père a signé.
Puis-je considérer qu’il s’agit d’une erreur de transcription de la part du curé ?
Depuis la parution de cet article, plusieurs généanautes dont @Cetetelle sur Twitter, Guylou Noute et Fofi Fonfec sur Facebook m’ont apporté une aide précieuse notamment en retrouvant l’acte de mariage de Simon avec Françoise BOTTIER.
Voilà une épine extraite et une énigme résolue, mon ancêtre s’appelle FERAND ou FERY et s’est marié trois fois : – le 30 juin 1778 avec Marie-Françoise LAMY à Eppes. – le 9 avril 1782 avec Françoise BOTTIER à Bruyères-et-Montbérault. – le 31 décembre 1787 avec Marie Elisabeth COCHET, mon Sosa 35 à Eppes.
L’entraide généalogique n’est pas un vain mot. Vous êtes formidables ! Merci!
Aie, aie, aie… Une épine s’est infiltrée dans une branche de mon arbre. Sans doute, pourrez-vous m’aider à l’extraire.
Voici mon problème :
Mon Sosa 34, Simon FERY épouse, en secondes noces, Marie Elisabeth COCHET le 31 décembre 1787 à Eppes dans l’Aisne. Son père, Gérard, est présent et signe également ainsi que Louis BRIDE, son oncle. L’acte ne précise pas le patronyme de sa mère et si elle est présente :
Simon et Marie Elisabeth décèdent ensemble le 28 janvier 1815, unis jusque dans la mort.
L’acte de décès de Simon stipule qu’il était âgé de 64 ans, j’estime donc son année de sa naissance à 1751.
En effectuant une visite sur Généanet, je trouve le couple dans quelques arbres en ligne. Simon serait né le 10 décembre 1751 à Eppes.
J’obtiens l’acte en consultant les registres paroissiaux sur le site des A.D de l’Aisne :
Mais surprise, son père s’appelle Gérard FERAND et non FERY et sa mère Marie-Françoise BRIDE. A t’ elle un lien de parenté avec Louis, témoin au mariage de Simon ?
Quant au patronyme, s’agit’ il d’une interprétation de la part du prêtre lié à la prononciation ? Non, car Gérard signe bien FERAND.
Sur Généanet, les généalogistes semblent accepter ce changement de nom sans sourciller : FERAND s’orthographiant aussi FERAIN, puis FERY.
Je suis plus dubitative et lorsque je compare les signatures sur l’acte de naissance et l’acte de mariage de Simon, je me demande s’il s’agit bien de la même personne.
Et pourquoi Gérard aurait’ il modifié son patronyme ?
Qu’en pensez-vous ?
Sources : AD Aisne – registres paroissiaux – 5MI0102 et 5MI0103
Tic tac, tic tac… Le temps court, inexorablement…
Bientôt, le Père Noël distribuera ses cadeaux, les confiseurs feront une trêve…
Nous dirons adieu à 2015 et nous prendrons de bonnes résolutions pour l’année à venir…
Et voici déjà venu le temps des bilans… Retour sur mon année généalogique :
L’année a commencé avec la préparation du ChallengeAZ.
En juin, j’ai proposé un challenge culinaire. J’ai pris un immense plaisir à concocter et à partager vingt-six recettes ancestrales.
Le nombre de visites et d’abonnés au blog témoignent de votre appréciation.
En automne, j’ai recensé mes ancêtres de génération en génération pour l’Objectif G10. Très loin d’avoir trouvé tous les actes de naissance, de mariage et de décès de mes aïeux, je me suis concentrée sur leur recherche.
Malgré les difficultés, beaucoup d’archives ayant disparu notamment dans l’Aisne, j’ai ajouté quatorze ancêtres à la génération sept, et le travail continue…
Tout au long de l’année, j’ai également participé aux Matins Malins organisés par la Revue Française de Généalogie hormis celui qui s’est tenu à Lyon.
J’ai modestement contribué à la création de l’association « Geneatech » avec plusieurs généanautes sous la houlette de Charles Hervis, Sophie Boudarel et de Pierre Valéry Archassal.
J’ai continué, de façon épisodique, l’indexation #1J1P sur le site Mémoire des Hommes.
En novembre, je me suis lancée dans l’aventure de la Généalogie au collège… Echanger avec des adolescents n’est pas un long fleuve tranquille, mais l’expérience est enrichissante et partagée.
Pour finir, Décembre m’a fait un vrai cadeau :
Ciel ! Mes aïeux a permis à une petite cousine de découvrir ses ancêtres maternels à travers mes récits.
Sa grand-mère était une sœur de mon père. Pour des raisons que nous ignorons, ils se sont perdus de vue… empêchant ainsi de nous connaître.
Après plusieurs échanges épistolaires via Internet, cette petite cousine m’écrit, je cite :
« … Tu m’as appris de par ton blog que mes colères, ma promptitude à m’emporter quand il y a une injustice venaient de ces ancêtres, là je me sens ce soir totalement apaisée car je sais maintenant d’où je viens et je me sens à ma place.
Si je pouvais parler à ton grand-père sur le banc où tu l’as rencontré dans ton imaginaire, je lui dirai simplement : merci. »
Ces mots m’ont sincèrement touchée… et justifient l’existence de nos blogs !
Quel plus bel hommage pouvait-on rendre à Ciel ! Mes aïeux, ne trouvez-vous pas ?
Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année, particulièrement à Nathalie et à sa famille.
A très vite pour de nouvelles aventures généalogiques !
Au commencement, mes Racines étaient miséreuses et faméliques…
Pour autant, leur infortune ne les a pas empêché de donner naissance à un arbre… Aujourd’hui, cet arbre est mon mât de cocagne !
Et si son évolution fut précaire : chaque génération y a puisé les forces de la vie et y a laissé une empreinte indélébile et universelle.
Mes Racines se sont ramifiées aux quatre coins de l’hexagone de l’Aisne à l’Ariège en passant par la Basse-Normandie, le Finistère, Paris et l’Ile de France.
Quelques unes ont suivi les chemins tracés par l’Histoire contre leur gré mais elles ont ainsi trouvé leur âme sœur en Prusse silésienne, aujourd’hui la Pologne et en Algérie.
Mes Racines étaient des petites gens… des Invisibles… sans instruction pour la plupart. Elles étaient manouvriers, carriers, domestiques, cultivateurs, tisserands, badestamiers, dentellières…
Plusieurs ont disparu dans un dénuement extrême en mendiant !
Cependant, quelques unes se démarquèrent en étant greffier de paroisse ou sages-femmes.
Mes Racines avaient peu d’imagination pour se prénommer puisque j’ai recensé pas moins de quatre-vingt-douze Marie et quelques dizaines ou vingtaines d’Anne, d’Auguste, d’Augustine, de Charles, de François, de Françoise, de Jacques, de Jean, de Jeanne, de Joseph, de Jules, de Louis, de Louise, de Nicolas, de Pierre, de Rose et de Victor.
Mes Racines ont respecté les règles sociétales et religieuses pour s’unir, le plus jeune avait 19 ans et le plus âgé 70 ans en ce qui concerne mes ancêtres masculins ; 17 ans et 45 ans pour mes aïeules.
Ce lien sacré conditionnait la création d’une famille. Mais surprise ! Quelques Racines libertines ont effeuillé des roses et des choux avant les épousailles. Bien évidement, elles se sont précipitées devant Monsieur le Curé afin d’effacer le péché… Ouf, la morale familiale est sauve !
Mes Racines ont engendré maints petits bourgeons, malheureusement beaucoup ont péri à peine éclos.
Mes Racines ont subi le feu des canons, les ravages des épidémies, la famine et l’abandon…
Puis après une dure vie de labeur, mes Racines s’en sont allées à un âge pas très avancé… puisqu’en moyenne, mes Racines masculines ont suivi la Grande Faucheuse vers 55 ans et mes Racines féminines vers 45 ans.
Toutes fragiles que furent mes Racines, elles m’ont permis d’écrire ces quelques lignes… une simple histoire faite d’heurs et de malheurs… une histoire pas toujours facile à démêler, mais une histoire passionnante !
C’est en travaillant sur les registres paroissiaux de Saint-André-sur-Orne (village ancestral) dans le Calvados, que j’ai trouvé ces transcriptions concernant l’élection des collecteurs du sel et de la Taille :
Page gauche : L’an de grâce mil sept cent trente deux le dimanche septième jour de décembre après la messe ditte et célébrée les paroissiens de cette paroisse se sont assemblés pour délibérer de leur affaires et particulièrement pour faire et donner authorité à Robert Brion collecteur pour l’année prochaine de la taille de la siscoir sur tous les taillables ce qu’ils ont signé ce dit jour et an que dessus.
Page droite : Le septième jour de décembre les paroissiens de cette paroisse étant assemblés ont remarqué que le collecteur qu’ils avoyent eleu ci avant pour faire la collection du sel pour l’année prochaine à eleu un autre domicile à la paroisse d’Allemagne ; il ont a cause de cela prévu … une autre élection ce dit jour cy dessus marque de la présente année mil sept cent trente deux et ont eleu pour l’année prochaine mil sept cent trente trois la personne de Pierre Marie pour faire la collection du sel ce qu’ils ont signé et ont derollé Jacques Perier sorti de la paroisse
L’an de grâce mil sept cent trente trois le dimanche dix huictième jour d’octobre après les vêpres dits et célébrés les paroissiens de cette paroisse se sont assemblés pour délibérer de leurs affaires et particulièrement pour faire l’élection du collecteur du sel pour l’année prochaine mil sept cent trente quatre lesquels cy dessous signés ont … la personne de Joseph Philippe les présens délibérans pour … ce quils ont signe ce dit jour et an que dessous…
Etonnée par ma découverte, je compatis avec mes ancêtres car s’il existe une chose immuable en ce monde, ce sont les impôts ! Sujet, ô combien épineux !
Sous l’Ancien Régime, nos ancêtres étaient assujettis au paiement d’impôts telle la taille et la gabelle. Initialement, cette dernière désignait tout impôt avant d’être réservée à l’impôt sur le sel.
Comment fonctionnaient ces élections ?
Le Dictionnaire de l’Ancien Régime m’apprend qu’elles ont été mises en place par l’administration royale au début du XVIIIe siècle pour pallier au manque de receveurs.
Tous les ans, l’assemblée paroissiale, sous la houlette d’un syndic, élit un collecteur-asséeur chargé de réunir l’impôt.
L’élu doit être obligatoirement un taillable.
Son intégrité est protégée par la rotation annuelle. Sa responsabilité personnelle de la collecte incite à une répartition juste. Cependant, comme il ne peut y avoir de non-valeur pour le Roi, le collecteur paie pour les défaillants.
Pour le recouvrement de l’impôt, le collecteur se rend chez le contribuable avec le rôle (feuille d’imposition) qu’il a rédigé et qui a été vérifié et rendu exécutoire par les élus pour que chacun vérifie l’assiette (somme due).
Le paiement se fait théoriquement les 1er décembre, 1er mars, 1er avril et 1er octobre. Mais les arrangements existent ; le collecteur doit donc tenir un cahier de comptes…
En cas de non-paiement de l’impôt par les contribuables, le collecteur peut user de différents moyens de pression pour récupérer les sommes dues. Si toutes les tentatives de récupération ont échoué, le collecteur va séjourner en prison.
Néanmoins, le collecteur est protégé des pressions : à sa sortie de charge et pendant trois ans, il ne peut être imposé à un taux supérieur à celui de l’année précédent son entrée.
Finalement, la charge de collecteur-asséeur est peu enviable… comme on peut le comprendre !
Au XVIIIe siècle, sont exempts les syndics de paroisse et les marguilliers durant leur année d’exercice, les pères de huit enfants mariés, les septuagénaires, les incurables et les pauvres notoires ; mais aussi les avocats, gardes-étalons, maîtres de poste, salpêtriers, greffiers, cavaliers de maréchaussée, officiers des eaux et forêts, arpenteurs, receveurs des amendes, greffier des domaines de gens de main-morte et des insinuations ecclésiastiques, commis au contrôle des actes et des exploits, directeurs, receveurs, contrôleurs et tous autres commis des fermes, le chef de chaque juridiction consulaire et enfin les médecins. Le Traité des tailles explique que la présence d’un médecin est une espèce de remède et elle réjouit le malade, alors que la présence d’un médecin collecteur le saisirait et redoublerait son mal. L’administration compatissait-elle au sort des malades ?
J’ajouterai que le collecteur doit résider dans la dite paroisse comme l’explique la seconde transcription.
Par ailleurs, l’histoire ne dit pas si l’élu pouvait refuser cette tâche bien ingrate, mais le déménagement pouvait être un moyen détourné pour y échapper.
Et vous, connaissiez-vous l’existence des collecteurs-asséeurs ?
Sources :
Dictionnaire de l’Ancien Régime-Lucien Bély : L’invention de l’impôt sur le revenu. La taille tarifiée 1715-1789 – Mireille Touzery
A.D Calvados – Saint-André-sur-Orne : B.M.S 1665-1792 (5MI-EC 387)
Suite à l’envoutant article de Elsasser Wurtzle et à l’heure où sorcières, fantômes, zombies et autres diables s’obstinent à nous jouer de vilains tours… J’ai également cherché mon Sosa 666.
Autant vous l’avouer, j’ignore tout de mon ancêtre hormis qu’il est un homme puisque son numéro Sosa est pair.
Je ne connais ni son pays, ni sa ville ou son village, ni son métier, ni même sa langue maternelle.
Alors, le mauvais sort s’acharne t’il sur ma généalogie ?
Pragmatique, j’opterai plutôt pour une énorme épine car mon enquête m’entrainera hors de nos frontières accompagnée par mon Sosa 41,
Anna Joséphine KONJETSKY.
Je vous ai déjà parlé d’elle, ici et là.
Son acte de décès mentionne le nom de ses parents :
– Joseph KONJETSKY (Sosa 82) X Marie-Thérèse BOCHMIN (Sosa 83)
C’est maintenant que les choses se compliquent mais un petit schéma devrait nous éclairer :
Pour résumer : 666 est le père de la mère du père de la mère de Anna Joséphine KONJETSKY… Simple, n’est-ce pas ?
Ce fut une réelle surprise que de découvrir cette branche puisque Anna Joséphine est née et a épousé Jean-François WALLON à Schweidnitz en Silésie, aujourd’hui Świdnica en Pologne.
La Silésie est une région qui s’étend sur trois états : la majeure partie au sud ouest de la Pologne, une autre partie se trouve au-delà de la frontière avec la République Tchèque et une petite partie en Allemagne.
La ville de Świdnica fut conquise en 1632 par les Suédois sous les ordres de Torstensson et en 1741 par les Prussiens ; elle fut reprise en 1757 par les Autrichiens commandés par Nádasdy.
Reconquise l’année suivante par les Prussiens, avant qu’un coup de main autrichien la reprît en 1761. Reprise encore par les Prussiens en 1762 après une défense acharnée, elle resta en leur pouvoir et fut considérablement renforcée par quatre forts avancés. En 1807 les Français s’en emparèrent et rasèrent les ouvrages extérieurs. Rendue aux Prussiens après la chute de Napoléon 1er, elle retrouva ses fortifications en 1816.
Suédois, prussien, autrichien, français ou autochtone… Comment savoir qui est mon ancêtre et comment le trouver ? Je suis ouverte à toutes suggestions.
En conclusion, 666 n’est qu’une ombre errant quelque part en Europe Centrale… Comme c’est étrange… En numérologie, 666 est le chiffre du diable !
Mais que vient-il faire ici, celui-là ?
A chaque génération, son lot d’évènements importants…
Et effectuer un pèlerinage reste un moment inoubliable dans la vie d’un croyant.
Mes ancêtres picards résidaient à proximité d’un lieu de dévotion et la situation de leurs villages laisse présager que la plupart d’entre eux se sont rendus à Notre Dame de Liesse :
Liesse est une petite commune de l’Aisne située à 15 kms au nord-est de Laon et à 40 kms de Reims.
Au début du 18e siècle, la petite bourgade comptait environ 1500 habitants vivant du pèlerinage dédié à la Vierge noire.
La légende raconte qu’en l’an 1134, trois chevaliers, Seigneurs d’Eppes, partis pour la Croisade, furent pris dans une embuscade et emmenés prisonniers au Caire.
Comme ils refusèrent de changer de religion, le Sultan leur envoya sa fille, la princesse Ismérie pour les convaincre. Mais c’est le contraire qui se produisit. La jeune fille se convertit et demanda aux chevaliers une représentation de la Vierge.
Ils ne surent comment faire… Mais à leur réveil, ils trouvèrent une statue en ébène et l’offrirent à la Princesse.
Notre dame de Liesse
Celle-ci comprit qu’elle devait délivrer les prisonniers qui s’enfuirent avec la précieuse statue.
Un miracle les transporta jusqu’à Liance, pays de marécages. En remerciement, ils édifièrent une chapelle.
Les pèlerins affluèrent et les miracles se multiplièrent.
Notre Dame de Liance deviendra Notre Dame de Liesse, puis Liesse Notre Dame.
Liesse se transforma en Sanctuaire Royal. Tous les rois de Charles VI à Charles X se rendant à Reims pour leur couronnement y firent une halte.
Mais le pays n’était guère hospitalier : les marécages, les forêts sombres rendaient les déplacements très difficiles. Aussi, au début du XVIe siècle, la mère de Louis XIII fit construire une large route appelée « Chaussée de Marie de Médicis » de Laon à Liesse avec de nombreux ponts pour l’écoulement des eaux.
Cela fit l’aubaine du Cardinal de Lorraine qui transforma son château de Marchais (aujourd’hui propriété des Princes de Monaco) en hostellerie royale pour y recevoir les personnages de marque. Le défilé des têtes couronnées continua. Louis XIII et Anne d’Autriche qui désespérés de n’avoir pas d’héritier se rendirent plusieurs fois à Liesse pour supplier la Vierge d’exaucer leur vœu. Celui-ci se réalisa après 23 ans d’union. La naissance d’un prince, le futur Louis XIV fut célébrée dans tout le royaume.
Encore un miracle qui suscita les prières des femmes qui désiraient un enfant !
Louis XIV vint trois fois à Liesse en 1652, en 1678 et en 1680. Lors de ce dernier pèlerinage, l’ingénieur La Pointe reçut l’ordre de relever les plans des villes traversées, si bien que nous connaissons avec certitude l’itinéraire de ce voyage.
Chaque pèlerinage royal était entouré de tout un cérémonial. La présence des monarques apportait au peuple une grande joie. Le parcours que suivait le cortège était pavoisé, les gens revêtaient leurs plus beaux atours et accouraient en criant : « Hosanna » !
On suivait la cour, on s’écrasait dans la chapelle et aux abords. Le roi entendait la messe puis montait au *jubé. Il récitait une prière et suppliait Dieu d’accorder une prospérité constante au royaume, à la famille royale, au peuple tout entier. Puis se tournant vers Marie, il lui demandait son aimable et puissante intercession. Quand le roi avait fini de parler, toute l’assistance s’écriait : « Qu’il en soit ainsi, qu’il en soit ainsi ! »
Avec la Révolution, tous les biens de la chapelle furent confisqués et détruits, sauf la statue de la Vierge noire qui trônait seule sur l’autel. Pas un chrétien n’avait osé s’en emparer pour la cacher ; la frayeur tétanisait les plus courageux.
Mais il se trouva des révolutionnaires dont le boulanger du village pour détruire la statue. Avec deux complices, il s’empara de l’objet saint et l’emporta chez lui où il fut brulé dans le four. Un enfant du village recueillit les cendres dans plusieurs petits paquets.
Après la Révolution, les liessois placèrent une statue de plâtre revêtue « d’une robe éclatante et parée de mille joyaux » sur l’autel. Ils mirent sous les pieds de la Madone les cendres de l’image primitive.
Le 18 août 1857, une troisième Statue, celle que nous pouvons voir actuellement fut couronnée par Monseigneur de Garsignies assisté de huit cents prêtres et cinquante chanoines devant une assemblée de 30000 personnes dont Charles III, Prince de Monaco.
Pendant la Grande Guerre, Liesse se trouva prise sous le feu de l’ennemi. Ce dernier entra dans la petite ville le 1er septembre 1914 semant la terreur. La Chapelle servit de dortoir aux soldats allemands.
Les quatre cloches ainsi que les tuyaux des orgues furent transformés en munitions.
Malgré les bombardements, le lieu saint demeura debout.
En 1923, la petite église fut érigée en Basilique.
Comme mes ancêtres, je me suis rendue à Liesse et ai visité la Basilique. L’endroit est surprenant et unique. Il est empreint de solennité et les ex-voto recouvrant tous les murs relatent la ferveur des pèlerins qui sont venus ici depuis plus de huit siècles.
*Jubé : Dans une église, le jubé est une tribune et une clôture de pierre ou de bois séparant le chœur liturgique de la nef.
Sources : Carte de Cassini – cassini.ehess.fr
Photo – collection personnelle et Wikimédia.org
La belle histoire de Notre-Dame de Liesse – Marie André