L’affaire de la Tapounelle…

Je vous ai déjà raconté plusieurs chroniques sur Saint Ilpize, ici et

Voici, aujourd’hui, une nouvelle histoire : L’affaire de la Tapounelle !Dont voici le récit :

LA SEIGNEURIE DE SAINT ILPIZE :

Entre le XIVe et le XVIIe siècle, la localité de Saint Ilpize a une très grande vitalité. Située sur les rives escarpées de la rivière Allier, c’est une forteresse qui domine et permet à ses possesseurs de contrôler toute la vallée.

Noble Emo cède la seigneurie de Saint Ilpize en 1201 au Dauphin d’Auvergne. En 1262, Robert 1er assigne la seigneurie à son second fils. Les enceintes du château sont imposantes au point que la ville compte près de 5 000 habitants au XIVe siècle !

La prospérité des lieux se propage jusqu’au XVIIe siècle.

Après avoir subi les outrages de la Guerre de Cent ans où la ville est pillée et brûlée par Thomas de la Marche allié au non moins célèbre Seguin de Badefol, la seigneurie échoit par mariage à Guy d’Amboise pour passer ensuite dans les familles de Luxembourg de Roussy, de Larochefoucault, de Langeac et terminer chez les d’Espinasse en 1698.

Siège d’une prévôté royale en 1781, le château est vendu à la Révolution.

UNE CHAPELLE EST CONSTRUITE A TAPON :

Cassini

Aux côtés de la « grande ville » de Saint Ilpize, à quelques encablures, se trouve le village de Tapon qui compte entre 300 et 400 âmes. Les chemins pour se rendre à Saint Ilpize sont forts malaisés et comportent de nombreux obstacles. Les paroissiens lassés de l’obligation de parcourir régulièrement ces pénibles sentiers sollicitent l’autorisation de construire un lieu de culte.

De généreux donateurs tels qu’Antoine Portal, Antoine et Gilbert Pastourel et bien d’autres donnent 27 livres pour la célébration des messes les dimanches et jours de fête dans le futur bâtiment.

Après bien des vicissitudes, l’évêché leur donne l’autorisation d’édifier une chapelle en 1647.

Dédiée à Saint-Roch, le nouvel édifice est inauguré le 23 novembre 1650 par M. Jean-Baptiste Dorcival, délégué de l’évêque de Saint- Flour. La première messe y est célébrée. Mais un litige oppose le prêtre et sacristain de l’église de St-Ilpize, en la personne de M. Antoine de Vazeille, chanoine régulier de Saint Augustin en l’Abbaye de Pébrac, et les habitants de Tapon. La réception d’offrandes et de cire de reynage par la chapelle de Tapon ne convient pas à l’homme d’église.

Finalement, un accord est trouvé devant Jacques Fournier, tabellion de St-Ilpize, le 25 novembre 1657.  Les Taponais perdent la partie et sont mis dans l’obligation de verser, chaque année au mois d’août, une somme de trois livres au sacristain de St-Ilpize. Cette décision leur permet de conserver les offrandes reçues.

Mais la célébration des messes n’a lieu que les dimanches d’hiver, ce qui ne convient pas aux paroissiens de Tapon. Le 9 avril 1729, ils présentent une requête à l’évêque de St-Flour, Monseigneur Joaquim d’Estaing, afin que l’office dominical soit célébré les dimanches et jours de fête tout au long de l’année.

Après enquête, M. Chalvon, Curé de la paroisse de Saint-Jean de Brioude délivre une ordonnance le 2 juin 1729 par laquelle les messes seront bien célébrées comme demandé moyennant chaque année, pour les habitants de Tapon, de payer la somme de 80 livres au prêtre desservant la chapelle.

Les gens font fondre une cloche qui dorénavant va faire partie de leur quotidien. Cette dernière est bénite le 18 mai 1732 par M. Lamothe alors curé de St-Ilpize et va obtenir de la notoriété sous le nom de « Tapounelle »

La réputation de la chapelle de Tapon arrive jusqu’à Rome où le Pape Clément XII établit deux bulles la concernant. La première accorde une indulgence de 7 ans (9 août 1734), puis une indulgence perpétuelle (31 janvier 1735) à tous ceux qui visiteront la chapelle selon des postures bien déterminées.

Et  jusqu’à la Révolution les choses vont bien se passer.

LA REVOLUTION PASSE PAR LA :

La chapelle est habitée par un particulier, et l’on considère qu’il est convenable d’en sortir la cloche. Le bâtiment est désaffecté et la cloche, d’abord suspendue à un arbre, est mise à l’abri sous un hangar.

Suite aux décrets de 1792 et 1793 relatifs au mobilier des églises désaffectées, la « Tapounelle » est attribuée à St-Ilpize et va être placée dans le clocher de l’église du chef-lieu de la paroisse.

Les Taponais sont mécontents de cette décision car ils gardent le secret espoir de rétablir la chapelle dès que les circonstances deviendront meilleures.

En 1834, à St-Ilpize, le clocher est déplacé dans le donjon du château après consolidation de la tour. Les Taponais semblent avoir oublié leurs intentions sur le devenir de leur cloche.

Mais en 1848, on reconstruit, vraisemblablement dans la précipitation, la chapelle de Tapon et comme il se doit les habitants du village revendiquent la restitution de leur cloche.

Les Ilpidiens sont peu enclin au retour de la « Tapounelle » au bercail ; furieux, les Taponais mènent une opération « manu militari » pour récupérer l’objet du litige.

Cette manœuvre n’est pas du goût des gens de St-Ilpize et sous la houlette du commandant de la Garde Nationale de Brioude, une force armée fait irruption à Tapon et de gré ou de force, récupère la « Tapounelle » qui est ramenée à St-Ilpize après avoir au préalable emprisonné quelques malheureux de Tapon.

Hélas pour les Taponais, la rapidité de construction de la chapelle a entraîné des malfaçons, au point que la voûte de la chapelle s’écroule. Ce nouvel épisode rend caduque le retour de la cloche à Tapon.

Grâce au volontariat des Taponais, la construction de la chapelle est terminée en 1875. L’année suivante, l’évêque du Puy accorde la célébration d’une messe mensuellement et le jour où l’on célèbre la fête patronale à l’occasion de la Saint-Roch.

Mais toujours pas de cloche au clocher !

LES ILPIDIENS TIENNENT A CONSERVER « LA TAPOUNELLE »

A St-Ilpize, les autorités civiles et religieuses tiennent à conserver la « Tapounelle ».

En 1877, soixante chefs de famille de Tapon présentent une pétition au Préfet de la Haute-Loire pour réclamer leur cloche et avant d’agir ils saisissent le Conseil Municipal et le Conseil de Fabrique.

Pour soutenir leur cause, les Taponais proposent de participer largement à l’acquisition d’une cloche pour remplacer leur « Tapounelle » dans le clocher de St-Ilpize.

Malgré cette offre, le 8 avril 1877, on tient un Conseil Municipal Extraordinaire ; les élus communaux considèrent que la moyenne partie des habitants de la commune de St-Ilpize, s’oppose au déplacement de la cloche, la majorité du Conseil suit cette opposition et vote pour ne pas prendre la demande en considération.

Le Conseil de Fabrique, composé de six membres, délibère sur le sujet le 28 avril 1877 ; trois reconnaissent la légitimité de la demande des gens de Tapon et les trois autres sont d’un avis contraire. Parmi ces trois opposants se trouve le Président dont la voix est prépondérante, et on a bien des difficultés à exploiter la décision du Conseil.

Le 22 juillet 1877, les conseillers municipaux maintiennent fermement leur position : on garde la « Tapounelle » à St-Ilpize !

Par exploit d’huissier daté du 10 octobre 1878 présenté au curé de St-Ilpize, détenteur des clés du clocher, les Taponais l’informent qu’ils vont faire opérer, deux jours plus tard, à la récupération de la cloche. Mais l’opposition et la résistance des Ilpidiens sont d’une telle force que les Taponais cèdent à la vindicte.

Le Conseil Municipal de St-Ilpize réexamine la demande des Tapenais le 18 février 1878 ; le refus de restituer la « Tapounelle » est confirmé.

DEVANT LA JUSTICE

Jean Chapaveyre, Trésorier du Conseil de Fabrique est assigné à comparaître le 9 avril 1878 devant le Tribunal Civil de Brioude. Huit jours, plus tard, c’est le Maire,  Jules Pierre Trouillier qui est convoqué.

Ni l’un, ni l’autre ne se présentent à la barre. Par défaut, ils sont condamnés à restituer la cloche par jugement du 28 mai 1878. Les élus communaux contestent le jugement et après bien des vicissitudes, l’affaire est jugée aux audiences des 12 et 13 mars 1879.

Par jugement contradictoire du 30 avril 1879, les Taponais sont déboutés et l’on fait droit à la municipalité de St-Ilpize ; mieux encore, les Taponais sont condamnés aux dépens et ils en sont pour 697 francs et quelques centimes de leur poche.

Rien de tel pour chauffer les esprits et inciter les Taponais à se faire justice…

Par une nuit noire, deux revanchards se faufilent dans les rues de St-Ilpize, grimpent au clocher et frappent furieusement la « Tapounelle » au point de la fêler. Et c’est ainsi que la cloche perdit toute sa résonnance et tous les bienfaits qui lui étaient attribués.

Si la « Tapounelle » annonçait les évènements qu’ils furent joyeux ou parfois bien tristes, lorsque le ciel était noir, prémices de grêle et d’orage, les Ilpidiens la faisaient sonner à toute volée, et pour cause, les battements de la « Tapounelle » avaient, parait-il, le pouvoir de détourner la tempête vers d’autres cieux sauvant ainsi les récoltes des méfaits des intempéries !

————————————————————————————-

LES HABITANTS DE TAPON SONT TENACES (1848)

En 1848, le village de Tapon comprend 48 foyers et près de 300 habitants.Une cinquantaine d’entre eux sauf François Marcon du lieu de Seniqueute se rendent
chez Maître Regourd notaire à Villeneuve d’Allier pour procéder à l’établissement de
l’acte de création d’une « Société » .Daté du 27 juin 1848, l’acte officiel apporte toutes les précisions sur la constitution de la
société, sur son financement et les conditions de construction de la chapelle (dimensions,
matériaux …etc..).Les « nouveaux actionnaires » font valoir « que le village de Tapon possédait une chapelle
pour l’invocation de Saint Roch et qu’elle était desservie au moyen des revenus de certaines
propriétés ». Ils rappellent que l’éloignement du chef-lieu de la paroisse, les mauvais chemins ,
« d’autres raisons encore » et que le besoin de rétablir la chapelle se fait de plus en plus pressant.L’acte précise que la chapelle sera construite sur la place publique du village située au
Coudert-Haut et que le capital de la dite société est d’un minimum de 1 800 francs.Outre l’apport en argent, « les actionnaires de bonne volonté » accorderont des journées
de prestations en nature et pourront concourir aux travaux de main d’œuvre.La société sera administrée par un Conseil (ou comité) d’agence composé de 5 membres choisis
parmi les actionnaires.
Les actionnaires

  • Belmont Antoine
  • Pastourel Pierre
  • Brun Pierre
  • Fournier Antoine oncle
  • Fournier Antoine neveu
  • Delomenède gendre de Vital Jouve
  • Trioullier Cirgues
  • Trioullier Gabriel
  • Gaspard Michel
  • Augier Jean Baptiste
  • Pastourel Cirgues André
  • Bonafoux Jean
  • Pireyre Jean, Trésorier de la société
  • Tourette Vital représentant défunt Dominique Tourette son père
  • Pagès Jean dit « Paysan »
  • Lazinier Vital
  • Lazinier Antoine dit « Jouzet »
  • Roche Pierre
  • Clément Vital
  • Delorme Vital, Membre du conseil d’agence
  • Souliagoux Guilhaume
  • Robert Jean père, Syndic du Conseil d’agence
  • Chantel Pierre
  • Ramain Jean, gendre Grellat
  • Ramain Vital dit « Galat »
  • Delomenède Cirgues
  • Triouillier Vital, dit « Le Faure »
  • Vigouroux Vital
  • Vigouroux Antoine dit « Blaise »
  • Tixier Vital
  • Ramain Pierre dit « Ponceton »
  • Roche Guilhaume
  • Tixier Gilbert dit « Garrigue »
  • Portal Pierre neveu
  • Gaspard François
  • Bourleyre Pierre, Membre du Conseil d’agence
  • Delomenède Pierre dit « Le Tailleur »
  • Belmont Pierre
  • Rigaud Jacques
  • Ramain Noël
  • Vigouroux Antoine dit « L’Ombret »
  • Triouillier André
  • Lacombe Jean
  • Saby Jacques
  • Rigaud Vital dit « Bioulaigue »
  • Chicoutel Antoine
  • Duffaud Jean « jeune », Président du Conseil d’agence
  • Portal Antoine
  • Esculier Pierre
  • Roche Vital
  • Triouillier Vital
  • Veyrière Pierre
  • Frugier Jean
  • Boyer André
  • Duffaud Jean aîné
  • Ramain Jean-Baptiste dit « Ponceton »
  • Triouillier Anne
  • Marcon François du village de Seniqueute

 

 


SOURCES & BIBLIOGRAPHIE:

Avec l’aimable autorisation de Raymond CAREMIER : http://gw.geneanet.org/symi43

Archives Départementales de la Haute-Loire :

  • Création d’une société pour la construction d’une chapelle dédiée à Saint-Roch au hameau de Tapon – Cote 1J 874,
  • Châteaux de La Haute-Loire – Dix siècles d’Histoire – Maître d’Ouvrage Régis Thomas – Saint-Ilpize – Jacques Raflin – p 304 – Editions Watel (1993)
  • Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » – 1965
  • Sites Internet :
  • Bibliothèque Nationale de France :
    • Almanach de Brioude et de son arrondissement : organe de la Société d’études archéologiques, historiques et littéraires de la région de Brioude – Les Seigneurs de Saint-Ilpize et le Cardinal Dominique de La Rochefoucauld – Georges Paul – 1924

      Septembre 2014

       


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le château de Chavaniac…

Poursuivant mes visites estivales en Auvergne, je vous emmène à Chavaniac. Ce village est devenu célèbre grâce à son Seigneur  : Gilbert Motier de La Fayette, Général et Marquis de son état.

IMG_8395

Après avoir quitté la R.N 102, on atteint Chavaniac par une petite départementale. Humblement, le château datant du XVe siècle se dissimule parmi les maisons. En longeant l’allée qui mène à la porte de cette demeure, on ressent d’emblée la grandeur et l’authenticité des lieux. Ici, le terroir est gravé dans la pierre et révèle le caractère du maître de maison : insoumission, combativité et liberté !

Dès l’entrée, on découvre le blason des La Fayette : IMG_8382

Gilbert de La Fayette appartenait à la vieille noblesse chevaleresque d’Auvergne dont l’origine remonte au XIe siècle. Le blason portait la devise : « Vis sat contra fatum » (La vigueur suffit face au destin). Le Maréchal de La Fayette, aïeul du Général avait choisi :  » Cur non ? » (Pourquoi pas ?). En partant pour l’Amérique, Gilbert de La Fayette reprit cette dernière.

La visite commence par un film expliquant les principales étapes de la vie de La Fayette :

  • 6 septembre 1757 :  naissance de Gilbert Motier de La Fayette.
  • 11 avril 1774 : La Fayette qui n’a pas encore 17 ans épouse Marie-Adrienne Françoise de Noailles âgée d’à peine 15 ans dans la Chapelle de l’hôtel de Noailles, rue Saint-Honoré à Paris
  • 1777 : La Fayette a 19 ans et  s’embarque sur la « Victoire » pour aller se battre aux côtés des insurgés américains contre le joug anglais.
  • 1789 : La Fayette est commandant de la Garde Nationale. Il rêve d’une monarchie constitutionnelle mais ne réussit à sauver, ni le roi et sa famille, ni la constitution.
  • 1792 : La Fayette est fait prisonnier par la coalition ennemie, emprisonné en Allemagne, il ne revient en France qu’en 1800.
  • 1830 : La révolution des « Trois Glorieuses » le place à nouveau au premier plan. Il contribue à ramener Louis Philippe au pouvoir.
  • 30 mai 1834 : La Fayette meurt à Paris à 77 ans, fidèle à ses idées de jeunesse. Suivant une de ses volontés, son cercueil a été recouvert de terre américaine et inhumé dans le cimetière de Picpus aux côtés de son épouse décédée en 1807 à 48 ans.

Puis, on découvre une fresque relatant les opinions très diverses des admirateurs et des opposants du Marquis. On poursuit la visite par la « salle de la Haute-Loire » qui raconte ce que fut son enfance. La dernière pièce du rez-de- chaussée est la « salle du trésor ». C’est l’ancien bureau de La Fayette appelé également « salon chinois », on y aperçoit divers objets ayant appartenu au Général.

IMG_8380              IMG_8381

Puis, au premier étage, on entre dans la chambre où est probablement né La Fayette. Son père, Gilbert Michel du Motier, Marquis de La Fayette, était Colonel des grenadiers de France et mourut pendant la bataille de Minden (Allemagne) en 1759. Sa mère, Marie Louise Julie de la Rivière était de noblesse bretonne et disparut à son tour, en 1770, laissant le petit Gilbert orphelin à 13 ans. Son grand-père maternel, le Marquis de la Rivière lui laissa une fortune considérable.

IMG_8383

Une pièce du château est dédiée à la Franc-Maçonnerie : Vers 1775, La Fayette âgé de 18 ans rencontra l’Abbé Reynal, un contestataire très érudit et en vogue. L’Abbé Reynal appartenait à la loge des « Neufs Sœurs » à Paris. Cette loge influença le monde littéraire de la Capitale. Initié, La Fayette fréquenta la Loge La Candeur du Grand Orient. Sa qualité de franc-maçon facilitera ses rapports avec Washington,  lui-même grand maître.

IMG_8384  IMG_8385

La visite se poursuit par la traversée de divers salons dont le « salon des Philosophes » et se termine par une promenade dans le parc et les jardins.

IMG_8390

La Fayette a eu une destinée hors du commun et reste le français le plus populaire des Etats-Unis. Voilà pourquoi qu’en 1917,  les américains vinrent au secours d’une France exsangue en scandant son nom.

A sa mort, les Etats-Unis décidèrent un deuil national de trente jours.

Le 8 août 2002, le héros des Deux Mondes est fait, à titre posthume, Citoyen d’honneur des Etats-Unis, rare privilège accordé à cinq reprises seulement.

IMG_8386

Cette promenade vous a plu et vous souhaitez en savoir plus, c’est ici : http://chateau-lafayette.com/

 

Sources : La Fayette, La passion de la liberté – René Blin (Rivages Communication) – Photos : collection personnelle     

Le château de Léotoing…

Le château de Léotoing

Cet été, je vous invite à me suivre au gré de mes promenades estivales… Pour commencer, je vous emmène en Auvergne dans le petit village ancestral de Léotoing en Haute-Loire. Ce village de caractère a conservé les traces d’un passé moyenâgeux avec son château, ses remparts, et ses petites maisons.

Maquette du château et du village

Partout à la ronde, on ne voit que lui (le château)… Majestueuses, ses vestiges sont juchées sur un promontoire et dominent la Limagne brivadoise et la vallée de l’Alagnon telles des sentinelles intemporelles. .

Porte dans les remparts

Le château construit au XIVe siècle a appartenu aux Dauphins d’Auvergne. Il a résisté aux attaques des hordes de mercenaires durant la guerre de Cent Ans. Le dernier représentant des Dauphins, Béraud III maria sa fille unique à Louis de Bourbon, Comte de Montpensier. Puis, la seigneurie passa aux mains des Ducs d’Orléans. Laissé, sans entretien le château tomba en ruines à partir du 16è siècle. Vendu comme bien national sous la Révolution, il servit alors de carrière pour les villageois. Cet été, la Communauté de Communes du Pays de Blesle nous invite à remonter le temps  et nous convie à une visite virtuelle du château (cliquez sur le lien pour lecture P.C) et là pour tablette IPAD. Nous découvrons, alors, le château tel qui fut au XVe siècle…

J’ai apprécié la visite et souhaite la partager avec vous…
Bonne promenade dans le passé !
Sources : photos collection personnelle

#Généathème : La Seconde Guerre Mondiale… 2

Dans la famille Achon, je vous présente Adolphe, né en juin 1909 à Lorlanges (Haute-Loire). C’est le second de la fratrie et l’aîné des garçons.

En 1930, il a été appelé sous les drapeaux et incorporé au 95° RI.
Il a effectué son service, sans histoire, et est rentré chez lui avec le grade de 1ère classe ainsi qu’un certificat de bonne conduite « accordé ».

Le 2 septembre 1939, suite à la mobilisation générale, il a été incorporé au 52° T. Col. Engins. Ce régiment s’est inscrit dans la 102è Division d’Infanterie de Forteresse – 41° C.A – 9è Armée.

Le régiment a séjourné initialement en Alsace puis dans les Ardennes. Il est situé aux avant-postes avec mission de résistance à durée limitée (grande tête de pont ) :

 
Le régiment a été au contact de l’ennemi et a résisté victorieusement aux attaques jusqu’au 16 mai 1940 où il a été capturé par les troupes allemandes de Panzer Division :

C’est ainsi que Adolphe, comme beaucoup de ses camarades, a été arrêté dans la forêt de Signy l’Abbaye (Ardennes).
Prisonnier de guerre n° 30537, il a été déporté provisoirement au Stalag IV B à Mühlberg (là, où Gabriel, son frère a été prisonnier un an plus tard) avant d’être envoyé, en août 1940, au stalag IV C à Wistritz – Commando 375 :
 
Wistritz (aujourd’hui Bystrïce – République Tchèque) ) se situe au sud de Dresde, en Saxe, sur la frontière de l’ancienne Tchécoslovaquie.
Le camp était une ancienne fabrique de porcelaine désaffectée en plein centre de la ville.
En février 1945,  il a compté 26 300 prisonniers de différentes nationalités.
Là également, la lecture des comptes rendus de visite du CICR (Comité International de la Croix Rouge) rapportent que les prisonniers ont été relativement bien traités :
Le 30 janvier 1945, suite aux bombardements, une baraque est entièrement détruite. Les P.G n’ont plus rien.
Par raison d’économie, les P.G ne travaillent plus que 48 heures par semaine. Certains travaillent cependant 11 à 12 heures par jour à des travaux pénibles.
En  février 1945, on observe que les vivres et les médicaments manquent, la tuberculose est présente…
Le camp a été libéré par l’Armée Soviétique le 8 mai 1945. Adolphe a été rapatrié le 21 mai 1945 sous le contrôle de l’Armée Américaine.
Pour la petite histoire, Adolphe est rentré chez lui par la voie ferroviaire.
Arrivé à Arvant, la gare qui dessert son village, il a rencontré des voisins. Il leur a demandé d’aller prévenir, Adèle, sa mère, afin qu’elle ne soit pas choquée de le voir de retour après cinq longues années de captivité.
Comme Gabriel, Adolphe est demeuré discret et pudique sur ce qu’il a vécu pendant cette épreuve…
Puis la vie a continué… Adolphe a pris le commandement de la ferme et a travaillé la terre comme l’avait fait avant lui son père, son grand-père, et ses ancêtres…
Resté célibataire, il s’est éteint en mai 1977 dans la maison familiale en Auvergne.
Sources :
Fiche matricule militaire Adolphe Achon – A.D Haute-Loire
Extraits des rapports militaires sur la capitulation du 52° demi-brigade de mitrailleurs indigènes coloniaux pendant la campagne 39/45 – SHD Vincennes –
Comptes rendus du CICR  – SHD Caen – 22 P 2991
Carte prisonnier de guerre Adolphe Achon – CICR Genève
Carte des camps de prisonniers en Allemagne – site : www.witzgilles.com/Oflag-Stalags.JPG
Photo : collection personnelle

#Généathème : La Seconde Guerre Mondiale… 1

Dans quelques jours, nous célèbrerons le 70è anniversaire du Débarquement des Forces Alliées en Normandie qui mit fin à la Seconde Guerre Mondiale…
Avec cet événement… Rendons hommage à nos Pères, ces Héros…

Je vous propose trois billets à découvrir pendant le mois de mai :

Dans la famille Achon,  Raymond, grand-père paternel, a défendu la Patrie en 14/18. Il est décédé en 1931. Adèle, sa femme, est restée veuve avec six enfants : une fille et cinq garçons.

Gabriel est né en juin 1914 à Lorlanges (Haute-Loire). Il aurait eu 100 ans cette année. Il était le quatrième enfant de la fratrie et troisième garçon :

Son service militaire est à peine achevé, qu’en septembre 1939, l’heure de la mobilisation générale a sonné et il a été incorporé au 86° R.I, 3è Bataillon  :



« Glorieux Régiment du Velay qui participa aux violents combats de Lorraine en 1939-40 et qui dans les cruelles épreuves de mai et de juin 1940 ne désespéra jamais de la Patrie… » *

*

Effectivement, du 12 au 20 juin 1940, les bataillons du 86° R.I ont participé aux violents combats sur la ligne de la Meurthe.
Dans la journée du 20 juin, les trois bataillons du 86° R.I ont été successivement faits prisonniers :

« Charmes !…Pour tous ceux des armées de Lorraine, c’est le dernier carré, l’ultime combat, sans espoir !… » *

*

Lors de ces combats, certains soldats ont été tués… tous les vivants ont été capturés.
Gabriel a fait partie de ces derniers… Légèrement blessé, il est devenu le prisonnier de guerre
n° 10793.
Il a transité par le front stalag 190 à Charleville (France) avant d’être déporté, le 25 janvier 1941, dans le stalag IV B à Mühlberg (Allemagne).

          

 
Mühlberg est situé dans l’arrondissement d’Elbe-Ester, au sud-ouest du land de Brandebourg et à environ 80 km de Leipzig.
 
 
 
 
 
Le camp se trouvait à 3 km de la ville :

 
 
 
 

En 1942, il a compté environ 4000 prisonniers de différentes nationalités répartis dans une vingtaine de baraquements.
Fin 1944, il a comptabilisé 25000 détenus.

Lors de ma visite au Service Historique de la Défense à Caen, j’ai lu les rapports de visites effectuées par le CICR (Comité International de la Croix Rouge)
Les comptes rendus relatent que les prisonniers ont été relativement bien traités : ils sont environ 500 hommes entassés dans des baraques en bois ne disposant que de 4m2 chacun ; les rations alimentaires sont insuffisantes ; l’eau et le chauffage sont inexistants…

Dans ces conditions, Gabriel a essayé de s’évader plusieurs fois, sans succès.

Finalement, le 1er septembre 1943, il a échappé à ses geôliers. Sa tentative d’évasion réussie, Gabriel a recouvré la liberté.

Mais comme beaucoup, Gabriel s’est très peu confié sur ce qu’il a vécu pendant cette sombre période et notamment sur son retour en France…
Peut-on imaginer sa fuite sur un parcours de 1262 km pour rentrer chez lui : Traverser un territoire ennemi… Ne pas se faire reprendre… Ne pas céder à la peur… Se cacher… Se nourrir… Ne penser qu’à la liberté !

Il ne pouvait pas savoir à ce moment-là,  qu’un poète avait écrit un an plus tôt  :

… Et par le pouvoir d’un mot

   Je recommence ma vie

   Je suis né pour te connaître

   Pour te nommer

             Liberté !

Puis, le 24 avril 1945, le stalag IV B a été libéré, à son tour, par l’Armée Soviétique. Le rapatriement des prisonniers a eu lieu le dimanche 20 mai 1945 sous le contrôle de l’Armée Américaine :

**
 
 
 
Enfin, la vie a repris son cours, Gabriel s’est marié en septembre 1946 et a eu trois enfants.
 
Gabriel est décédé, brusquement, en août 1959 à Clermont Ferrand (Puy de Dôme). Il était le père de mon mari.
 
 
 
 
Sources :
Carte de prisonnier Gabriel Achon – CICR Genève
*Extraits de l’Historique du 86° RI -Commandant Boucher – SHD Vincennes – 34N100 –


**Extraits des comptes rendus CICR – SHD Caen – 22P2991
Photos :
Collection personnelle : G.achon
The main gate. Copyright : Rijksmuseum Amsterdam NG-1983-9, Dick van Maarseveen
Extrait du poème : Liberté – Paul Eluard – 1942

La Béate….

En Auvergne, la Béate était un personnage singulier.

 L’Église inquiète de l’ignorance religieuse dans laquelle se trouvait une grande partie de la population, surtout dans les villages reculés et difficiles d’accès, fonda au XVIIe siècle : « Les Demoiselles de l’instruction ».
L’institution dépendait de l’Évêcher du Puy-en-Velay….
Dans les familles nombreuses, il existait des filles « vilains petits canards » qui ne trouvaient pas à se marier. La congrégation des Demoiselles de l’Instruction recrutait parmi elles la future Béate.

Envoyée au couvent pour un an ou deux, elle y recevait un enseignement religieux et quelques rudiments scolaires : écriture, lecture et calcul. Elle y apprenait aussi l’art de la dentelle.
Bien que très pieuse, la demoiselle n’était pas religieuse et ne prononçait pas de vœux.
Elle était vêtue d’une robe de laine noire et d’un voile de la même couleur.
Puis à sa demande, elle se fixait dans un village. Sa maison construite par les villageois s’appelait « l’assemblée ». Elle était surmontée d’un petit clocheton qui rythmait la vie du village.
Dévouée entièrement aux habitants, la Béate recevait des dons en nature pour subsister.
La Béate servait d’intermédiaire avec le curé de la paroisse. Elle avait pour principale mission d’enseigner aux enfants, enseignement aléatoire car il était à la mesure de ses propres connaissances.

Elle jouait un grand rôle dans la formation des jeunes filles notamment pour apprendre la dentelle et contribuait au développement de ce métier.

C’est à l‘assemblée que la gente féminine se réunissait pour faire « couvige » (lire M comme métier).

La Béate avait, par ailleurs, beaucoup d’influence sur les villageoises.

Outre son rôle d’enseignante, elle faisait également office de garde-malade. Elle habillait et veillait les défunts. Elle consolait les malheureux et elle contribuait à la bonne harmonie dans le village.
Sa maison servait d’école mais également d’asile, de crèche et d’infirmerie.

Les villages ancestraux de Bournoncle, Saint Géron, Balsac, Saint-Beauzire et Saint-Ilpize ont recensé des Béates qui cohabitaient avec les aïeux de mon mari.

Entre le XVIIe et le XIXe siècle, le rôle de la Béate n’était pas négligeable. En 1847, on en comptait environ 1294 en Haute-Loire.
Mais les lois de Jules Ferry qui obligèrent la nomination d’institutrices laïques formées à l’École Normale sonnèrent la fin de l’existence des Béates.

Aujourd’hui, les Béates ont disparu mais, quelques unes de leurs maisons ont traversé le temps.
D’ailleurs, si vous vous promenez dans les villages altiligériens, vous les apercevrez, peut-être, surmontées de leur petit clocheton !

Sources : Almanach de Brioude : Les Béates dans la communauté de Brioude – Nicole Darpoux
                Histoire sociale Haute-Loire : Dentelles et dentellières 400 ans d’histoire – R. Vacheron
 Image :  site http://www.geneal43.fr

Des amours interdites… Ou la vengeance du garde-champêtre !

Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous une seconde perle journalistique trouvée sur Gallica (j’aime, j’aime, j’aime…) !

Ce fait divers se passe à Saint-Ilpize, autre village ancestral auvergnat, en 1882.

De quoi s’agit-il :

Le vicaire du village entretient une relation interdite avec la femme du garde-champêtre.
Ce qui devait arriver, arriva….

La Lanterne – BNF N1874

Le garde-champêtre se retrouve sur le banc des accusés…..

La Lanterne – BNF N1893


Tous les journaux s’emparent de l’affaire :

Le Figaro – BNF N114

Le Petit Parisien – BNF – 2071

Malgré la tentative d’assassinat, la justice acquitte le mari outragé…

L’histoire ne dit pas si  le vicaire, bien que blessé, s’est confessé et a été absout de son pêché… !

Un crime à Lorlanges….

Je vous ai déjà parlé de Lorlanges, petit village auvergnat… berceau des ancêtres !

En furetant sur le site Gallica, j’ai trouvé ce fait divers relaté par la presse de l’époque, le journal « La Lanterne ».

Un crime a été commis dans le hameau de Lachaud en novembre 1904 :

La Lanterne – BNF N10009,A27

Que s’est-il passé ? :

Un homme a assassiné un commis de ferme, berger de son état…

La Lanterne – BNF N10080,A27

Une somme d’argent a été dérobée aux propriétaires de la ferme…

La Lanterne – BNF N10081,A27
 
 
Ainsi Dieu est mort, mais n’était pas complètement innocent… puisqu’il aurait participé au vol des 220 francs !
 
Quand à l’assassin , il a été condamné pour le crime.
 
Les portes de l’Enfer lui ont-elles été ouvertes ?
 
 
 
 
 
 
 
 
 

#Généathème : Jean-Marie, Poilu en 1914-1918…

Le généathème de novembre nous entraîne dans les méandres de la Première Guerre Mondiale.
D’un côté, des militaires ; de l’autre, des civils… Autant de récits émouvants et d’histoires familiales douloureuses… pour ce qui fut l’un des pires conflits de l’Histoire… !


Jean-Marie Mouret, le grand-père maternel de mon mari, est né le 7 mai 1887 à Virargues dans le Cantal.

La conscription l’enrôle sous le matricule 39, il est reconnu : « Bon pour le service armé » et incorporé au 2è Régiment de Zouaves le 8 octobre 1908.
Mais, le 1er septembre 1909,  il est réformé pour raison de santé et rentre dans ses foyers avec un certificat de bonne conduite « accordé ».

Lors de la déclaration de la Première Guerre Mondiale, il a 27 ans. Sa fiche matricule m’indique qu’il est blond, qu’il a les yeux gris, le visage ovale et qu’il mesure 1m66.

Le 11 décembre 1914, le Conseil de Révision du Cantal le juge apte pour le service armé malgré une forte myopie avec choroïdite postérieure (conséquence due  à la toxoplasmose).

Il est mobilisé, le 21 février 1915, au 5è Régiment d’Infanterie Coloniale. Ce régiment reçoit trois citations à l’ordre de l’armée (fourragère verte).
Jean-Marie participe à la bataille d’Argonne (janvier-juin) puis à la bataille de Champagne (août-septembre) :

Cette bataille qui s’est déroulée du 25 septembre au 9 octobre 1915 a fait 27 851 tués, 98 305 blessés, 53 658 prisonniers et disparus du côté français et des pertes plus faibles du côté allemand. Le front a progressé de 3 à 4 km mais la rupture n’est pas réalisée. Les allemands ont su faire face, dans un premier temps avec les réserves locales et, dans un second temps, avec l’arrivée du 10è Corps destiné initialement à la Russie. Elle a démontré l’impossibilité de franchir dans un seul mouvement deux lignes de défense et la nécessité de traiter chacune des lignes séparément. Elle aussi démontré le manque de coopération entre les armes au sein des armées françaises, notamment entre l’artillerie et l’infanterie. Elle a vu l’introduction du casque Adrian et l’utilisation massive de l’artillerie de tranchée. Elle a été un succès non-négligeable au plan logistique et des mouvements. (Source Wikipédia)

Le 30 septembre 1915, Jean-Marie est blessé par un éclat d’obus sur le côté droit et évacué, le 2 octobre, vers l’hôpital d’Issoire (Puy de Dôme) où il reste jusqu’au 23 novembre.
A cette date, il est envoyé vers l’hôpital de dépôt des convalescents à Lyon et obtient une permission de huit jours dans sa famille.

Suite à ses blessures, il est cité à l’ordre de la Division, le 16 octobre 1915. (JMO – 26 N 864/3)

Il est relevé du dépôt le 6 décembre et passe au 3è Régiment d’Artillerie Coloniale à Marseille.

Puis, il est admis au centre de convalescence de Tours pour « fièvre » entre le 18 juin et le 20 juillet 1918.

Il intègre le 143è Régiment d’Artillerie Lourde Coloniale en septembre 1918 puis le 19è Régiment d’Artillerie de Campagne en novembre 1918.

Il est mis en congé de démobilisation  le 19 septembre 1919 par le dépôt du 53è R.I et se retire à Murat (Cantal)

Le 1er juin 1921, il est affecté dans la Réserve au 16è Régiment d’Artillerie de Campagne.

Voici comment, Jean-Marie, comme tant d’autres, a vécu ce conflit en brave soldat, puis a suivi son chemin en tentant d’oublier..!



L’exécution de Joseph Antoine Vital Boyer de Montcelard, Seigneur de Gizac…

Cette exécution a eu lieu le 7 décembre 1791… En d’autres temps, l’ancêtre de mon mari, Pierre Chazal, aurait été guillotiné,… mais la Révolution Française l’a sauvé !

Gizac aurait appartenu aux ROCHEFORT D’AILLY, puis au début du 16è siècle à la famille des AURIOUZE DE ST QUENTIN et ensuite à la famille des DUC DU CROC DE CHABANNES qui le vendit aux PONS DE FRUGIERES en 1676.

Michel de LA FAYE en était le seigneur en 1639.

Jean PONS DE FRUGIERES vendit Gizac vers 1681 à Antoine de VERGESE qui était Bailli de Langeac, époux de Marguerite COSTET.

La famille des de VERGESE conserva le domaine jusqu’au mariage de Marie-Anne avec
Joseph de BOISSIEUX DE SERVIERES.

Leur fille Catherine le porta en mariage en 1767  à Joseph Antoine Vital Boyer de LA SALLE, seigneur de Montcelard.

La mort de Montcelard fut le résultat d’une continuité de concussions, d’exactions et de crimes impunis parce que sous l’Ancien Régime les nobles se dispensaient de faire usage des vertus, et se permettaient, avec l’in fine protection royale et ministérielle, toute sorte de tyrannies contre les hommes qu’ils appelaient vassaux.

Il provoqua, lui-même, sa mort par un ultime acte despotique. Au lieu de Gizac, il y avait une plantation dont Montcelard voulut s’approprier un des arbres ; les habitants l’en empêchèrent. Montcelard, armé d’une canne à lancer et voulant s’en servir, les esprits s’aigrirent ; et enfin, il fut frappé d’un coup mortel. Hommes, femmes et enfants, tous y participèrent.

A la suite de l’enquête diligentée par Jean GASTAL, Juge de paix à Lempdes, une quinzaine de personnes furent identifiées comme étant les agresseurs :
Jean Doniol, le père ; Antoine Jouanel dit Lazeniez ; Taunat dit Verduret ; Géraud Chabrillat gendre de Verduret ; Jean Oulagnon dit Berthet ; Marie Devins, femme Berthet ; la fille Berthet dite Janneton, 16 ans ; Bertrand Chambon, gendre de Berthet ; Antoine Chazal dit Madias l’aîné ; Pierre Chazal dit Madias le jeune ; Jean Roux, gendre de la « charpentière » ; Jean-Baptiste Varennes dit Le Rey, 20 ans ; Jean Touzet et Antoine Gay dit Boudiai, 36 ans de Gizaguet.

Le tribunal de Brioude fit instruire la procédure, et à l’issue du procès, le jugement en date du
6 septembre 1792 prononça la peine de mort contre quatre d’entre eux :
-Jean-Baptiste Varennes, dont la marraine n’est autre que l’épouse de la victime ; également présente à la cérémonie de baptême de son futur exécuteur.
-Jean Roux
-Bertrand Chambon
Pierre Chazal, cousin de Gabriel Chazal, Sosa 40 de mon mari.

Le jugement ne fut jamais exécuté puisqu’un décret de la Convention Nationale daté du 14 Messidor An II (2 juillet 1794) annulera ledit jugement.

Les habitants de Gizac ont refusé d’assister à l’inhumation de Montcelard.

           ===========================================================

MONTCELARD, un tyran :

La haine portée par les habitants de Gizac à l’égard de Montcelard était poussée à son extrême.

Pour assouvir cette rancune tenace et lointaine, la coupe des arbres  fut vraisemblablement le prétexte de cette exécution.

Le peuple voulait éviter à tout prix l’exécution de la sentence contre les quatre condamnés à avoir la tête tranchée.

Sous la signature de Souligoux, maire de St-Géron ; Chauliat, maire de Lempdes et de nombreux notables et officiers municipaux des communes voisines, une *liste des exactions commises par le tyran fut établie.

A la lecture de cette liste, le Tribunal de Brioude suspendit les poursuites.

Le dossier est transmis au Comité de Législation de la Convention qui décide de ne pas engager de poursuites à l’encontre des condamnés.

Le décret de la Convention Nationale du 14 Messidor An II ratifie la décision prise, annule le jugement du Tribunal de Brioude et ordonne la mise en liberté de Pierre Chazal, Jean-Baptiste Varennes, Jean Roux et Bertrand Chambon.

*La liste non exhaustive des exactions commises par Montcelard :

*L’individu ne se déplaçait jamais sans son pistolet et son épée
*Contestant trois deniers à Flauraud son boulanger, il lui asséna un coup de bouteille et lui perça le bras avec son épée. Pour ce fait, Montcelard fut incarcéré un an à Brioude.
*A son père qui lui réclamait du pain, il lui brisa le bras ; à la suite de quoi il fut emprisonné à Riom.
*Le redoutant, épouse et filles ne vivaient pas avec lui.
*Il chassa à coup de fusil les bestiaux en pâture dans le communal et fit usage d’un couteau contre le domestique chargé de garder les bêtes.
*Se battant sans motif avec un homme, il donna un coup d’épée contre le nommé Leroy qui voulait les séparer.
*Il assassina sa fermière Maigne qui refusait de lui donner de l’argent par anticipation.
*Il fit venir chez lui le citoyen Reynaud pour lui vendre un pré. Reynaud, refusant de conclure le marché, reçu une pierre de marbre sur le front et un coup de couteau.
*François Chazal, 10 ans, reçut sans raison un coup de pistolet.
*Il se comporta de la même façon à l’encontre d’Antoine Gay de Gizaguet, 12 ans.
*Une femme passant en bordure de ses propriétés eut le bras brisé.
*Julien Martel de Bournoncle St Pierre reçut un coup de pistolet sans aucun motif.
*Il refusa d’acquitter un dû au dénommé Chat, marchand de vaches.
*Sans motif, il tira un coup de fusil vers Guillaume Thomas de Riomartin. Fort heureusement, le coup ne partit pas.
*Jean Luche de Balsac évita du revers de la main un coup de pistolet, mais Montcelard le frappa au visage avec ledit pistolet.
*Toujours sans motif, Etienne Farreyre de Léotoing reçut un coup de pique.
*Un coup de pistolet partit en direction d’Antoine Brun de Bournoncle.
*Armé d’un fusil à baïonnette, il fit irruption chez Ollagnon qu’il ne trouva pas. La frayeur fut si grande pour la femme d’Ollagnon que l’enfant dont elle était enceinte en mourut.

Le maire de Lempdes affirme qu’il fit marcher son cheval sur le corps d’un cultivateur de Peyssanges qui ne lui avait pas cédé le passage.
De même à Lempdes, une servante fut sauvée par le peuple alors que Montcelard voulait l’assassiner.

========================================

 Un grand merci à Raymond Caremier qui m’a transmis ce texte et dont les « Chazal » sont des ancêtres communs.
 http://gw.geneanet.org/symi43

Sources : L’ancien Moniteur de la Révolution Française – A.RAY – 1861
                L’Almanach de Brioude – Edition de 1969.