Ici la vieille malle…
Aujourd’hui, je me penche sur les ondoiements de nos généalogies… Sortez vos mouchoirs !
Autrefois, dans les sociétés où les croyances spirituelles et les traditions culturelles jouaient un rôle prépondérant, les naissances étaient souvent entourées de rituels destinés à protéger à la fois l’enfant et la mère.
Parmi ces pratiques, l’ondoiement, réalisé par une sage-femme ou un praticien, tenait une place particulière.
Lorsqu’un enfant naissait dans des conditions périlleuses, souvent marquées par des complications qui menaçaient sa vie, l’ondoiement était considéré comme un acte sacré, une manière d’invoquer la protection divine pour l’âme fragile de l’enfant afin qu’il n’erre pas dans les limbes.
Les sages-femmes, figures respectées de la communauté, possédaient un savoir ancestral. Elles savaient que chaque instant comptait et que l’ondoiement pouvait véritablement faire la différence entre la vie et la mort.
Au-delà de la dimension religieuse, ce geste était aussi un symbole d’espoir et de solidarité.
Ces pratiques, bien que parfois perçues comme dépassées dans nos sociétés modernes, témoignent d’une époque où la vie était fragile et où chaque naissance était célébrée avec une profonde émotion.
L’ondoiement incarnait les espoirs et les craintes d’une communauté face à la fragilité de l’existence.
J’ai pioché un exemple dans la multitude d’ondoiements trouvés dans la généalogie de ma propriétaire pour illustrer mes dires.
Ce cas a marqué le curé comme il l’écrit lui-même :
– Françoise PAUGER est une fille de Augustin et de Jeanne FILLET, Sosa 510 et 511. Elle est la seconde épouse de Louis HERVIEU, un meunier de Laize-la-Ville dans le Calvados. Leur mariage a eu lieu en 1765.
En 1774, Françoise alors âgée de 40 ans, est enceinte de 4 mois et demi. Mais la grossesse se passe mal.
La mère et l’enfant sont en danger de mort. On fait appel à un chirurgien et au curé pour assister la parturiente.
L’un procède à une césarienne et le second l’accompagne spirituellement parce que malgré les douleurs de l’enfantement, Françoise est inquiète sur le sort de son bébé.
La mort réunit la mère et l’enfant après que ce dernier fut ondoyé :
Le 15 juin 1774, inhumation de
Françoise Pauger, épouse de Louis Hervieu, décédée
dud. jour, âgée d’environ 40 ans. —
Le même jour, a été ondoyé par moy soussigné, prêtre, curé de
May, un enfant né du légitime mariage de Louis
Hervieu, meunier de profession, et de Françoise
Pauger, son épouse, lequel enfant fut tiré par l’opé-
ration cœsarienne du sein de sa mère par M. François
Lefèvre, chirurgien à Percoville, et baptisé, comme
dit est, parce que led. enfant fit appercevoir et remar-
quer aud. chirurgien, à Jeanne Fillet, mère de la gra-
bataire et sage-femme, et au sr curé, des battements de cœur très distincts et réguliers, quoiqu’il ne fût âgé que de quatre mois et demi.
Cette opération avoit été promise par le susd. curé à la mère malade,
inquiette sur le salut de son enfant.
Led. acte j’ay alors laissé par ecrit pour la rareté du fait >.
Signé :
c Le Tellier, c. de May •, et « J.-F. Lefebvre ». —
Quelle tristesse !
Sources :
Généanet : Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790
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