Maria Josephina Alberta Apollonia Valentina JEANNE (Sosa 31) a 18 ans. Elle est dentellière et attend un enfant.
Le père n’est autre que Ferdinand Alphonse Henri FOUQUES (Sosa 30), un jeune coq de 19 ans, carrier de métier.
Ces deux-là se sont rencontrés depuis peu et ne se quittent plus… Amoureux, ils se donnent des rendez-vous secrets où ils s’abandonnent l’un à l’autre !
Maria & Ferdinand ont joué à des jeux répréhensibles par la morale et elle est enceinte.
Mais, quand on est orpheline, qui peut mettre en garde contre ces choses-là !
Elle vient d’annoncer la nouvelle à Jacques JEANNE, son oncle et tuteur, qui pour sauver les apparences va précipiter l’union des deux jouvenceaux…
La tradition aurait voulu qu’ils se hantent (fréquentent) longuement plusieurs années.
En Normandie, du XVIIIe au milieu du XIXe siècle, on se marie, en moyenne, vers 25 ans pour les filles et 27 ans pour les garçons.
Ferdinand, pas très fier, a fait appel à un entremetteur appelé badochet, diolevert, bérouette, brouetteur, darin, chausse-noire, colibard, marious ou hardouin qui saura trouver les mots justes pour convaincre l’oncle de Maria de la bonne foi du jeune homme.
La famille de Maria a accepté et a invité à la « bienvenue » (repas), Ferdinand et son père ; sa mère étant également décédée… Ferdinand a gagné l’entrée de la maison et maintenant les deux tourtereaux peuvent se fréquenter en bonne conscience et sans se cacher. Ce droit s’appelle venantisse ou menantise.
Maria n’a que peu de temps pour parfaire son trousseau ou équipage. Elle se fait aidée par ses amies qui voient là une façon de forcer la chance de se trouver également un futur mari.
Le temps presse, les « promis » se font enregistrer à la mairie de May s/Orne et les bans sont publiés le dimanche 28 février et le dimanche 7 mars 1869.
Puis, ils font la tournée des maisons pour inviter parents et amis.
Le mariage est prévu le mercredi 10 mars à 7h00 du soir.
Quelques jours avant le mariage, les meubles et le trousseau de Maria sont transportés au futur domicile des fiancés. Cela se fait lentement car il faut que tout le village puisse admirer le cortège.
Le jour de la noce est enfin arrivé… Maria est enceinte de trois mois mais cela ne se voit pas encore.
Elle a revêtu le costume local, agrafé un bouquet sur son corsage et ajusté sa coiffe sur la tête.
A la mairie, Les parents et amis sont présents et tous signent l’acte de mariage, excepté Alphonse FOUQUES, le père de Ferdinand, qui a déclaré ne pas savoir.
Puis, le cortège se dirige vers le lieu de la fête. Le repas est servi dans une grange décorée pour la circonstance.
Maria trône à la table, tandis que Ferdinand aide au service.
Le repas est interrompu par le « coup du milieu » , trêve où l’on cesse de manger pour boire du calvados ou autre eau-de-vie : le fameux trou normand !
Au moment du dessert, le gâteau de noces sous la forme d’une grande galette, est coupé en morceau et distribué aux invités.
Pendant ce temps, un garçon d’honneur se glisse sous la table pour saisir la jarretière de la mariée ou un ruban que l’on découpe et que l’on distribue aux jeunes filles désireuses de se marier.
A la fin du repas, les invités distribuent des cadeaux aux mariés lors de la danse des cadeaux ou de la Quenouille.
Les danses et les chants durent jusque tard dans la nuit.
Maintenant, Maria & Ferdinand sont bel et bien mariés…
Et six mois plus tard, le 12 septembre 1869, naît leur fille Zéphirine Pauline dont je vous ai raconté la vie lors du challengeAZ 2013 à la lettre Z comme Zéphirine !
Sources : Acte de mariage de Ferdinand Fouques & Maria Jeanne – A.D Calvados
Amours et mariages en France d’autrefois – Archives & Culture – Collection Vie d’autrefois
Image : Les français vus par eux-mêmes – Google livres