#Geneatheme… 1832, l’année de la peur bleue…

En ce début d’année 2022, une tortue géante des Seychelles a été déclarée plus ancien animal vivant sur terre. Elle serait sortie de son œuf en 1832 avant d’être offert au gouverneur de Saint-Hélène 50 ans plus tard.

En 1832, une épidémie de choléra sévissait à Paris, Louis-Philippe 1er était au pouvoir depuis deux ans (marquant le début de la Monarchie de juillet)… et vous, que se passait-il dans votre arbre en 1832 ?

Côté Histoire :
De fléaux en calamités, 1832 fut l’année de la peur bleue pour nos ancêtres, toutes classes confondues.
Une infection bactérienne venue du Bengale, cyanosant la peau des malades et pouvant entraîner la mort en quelques heures, faisait irruption dans l’hexagone. Cette infection n’était autre que le choléra morbus.

Devant la vue des corps rendus monstrueux et la panique qu’ils suscitaient, l’expression « avoir une peur bleue » était née.
La peau bleue donna naissance à cette allégorie que nous utilisons toujours.

Dans l’Aisne, le choléra morbus frappa 464 communes du département (sur 837 à l’époque).
Sur 513 000 habitants, plus de 30 000 personnes furent atteintes, parmi lesquelles 15 589 furent hospitalisées.
Le nombre de décès s’élève à 6 786, soit 1,32 % de la population totale (0,81 % dans l’Oise et 2,34 % à Paris).
(Source A.D Aisne)

L’épidémie de 1832 atteignit la France à partir du 15 mars et dura jusqu’à la fin de l’automne.
Dans l’Aisne, le premier cas apparut le 5 avril à Chézy-sur-Marne et le 9 avril à Saint-Quentin.
La commission sanitaire de la ville de Saint-Quentin décida de procéder à un arrosage d’eau chlorurée dans les rues de Saint-Quentin et à une inspection des « aliments exposés à la vente ».
Le 11 avril, la commission fit distribuer des « bruleries de cendres autour de la ville ».
Parmi ses recommandations, la commission préconisa « d’être propre sur soi et dans son logement, de se nourrir principalement de viande et de soupe grasse, de boire de l’eau rougie, c’est-à-dire de l’eau à laquelle on aura ajouté un peu de bon vin naturel… ».


A.D Aisne – Les épidémies dans l’Aisne

Devant l’ampleur de la crise sanitaire, toutes les mairies prirent des mesures drastiques, comme à Marchais, un de mes villages ancestraux :

Document Philippe HANIS

On peut se demander ce qui peut provoquer un tel souci de propreté et encore pourquoi sacrifier tous les lapins ?
A première vue ce n’est pas seulement pour faire « beau  »
Si rien , dans ce texte , ne semble justifier cet empressement et cette rigueur , la lecture du « Journal de l’Aisne  » de novembre 1832 nous livre la réponse; on peut ainsi y lire :

. qu’ une grave épidémie de choléra a touché 51 communes de l’arrondissement de Laon ;
. qu’en mai -juin 1832, à St-Erme et à Mauregny , il y a eu 35 morts ;
. qu’il y en a eu aussi à Coucy ;
.que sur l’ensemble du département, c’est 5 493 décès qui ont été enregistrés ;
.qu’il y reste encore plus de 11 000 malades.

(Source : Document Philippe HANYS)
L‘épidémie de choléra changea la physionomie des villages, mais, une question me taraude : pourquoi les lapins, innocentes victimes collatérales !

Côté Généalogie :
Mes ancêtres furent certainement touchés par cette épidémie. A Laon, un garçonnet, son père ainsi que son grand-père et son oncle maternels disparurent à quelques jours d’intervalle :

Jules César MICHEAUX, âgé de 4 ans, est décédé le 25 juin 1832, au domicile de ses parents, Jean-François Joseph MICHEAUX marié à Marie Rose Clautinne MEREAUX, situé à Laon (Paroisse de Vaux).

Jean Louis MEREAUX, Sosa 44, cordier en til, veuf de Marguerite CARLIER, Sosa 45, demeurait également chez sa fille et son gendre.
Il mourut le 28 juin 1832 à six du matin à l’âge de 62 ans.
Son gendre déclara le décès en mairie à 9h00.

A.D Aisne LAON 5Mi 0079 Décès 1832 Vue 243/308

Trois jours plus tard, le 1er juillet 1832 à 22h00, Jean François Joseph MICHEAUX, rendit l’âme, à l’Hôtel-Dieu de Laon à 41 ans.

A.D Aisne Laon 5Mi 0079 Décès 1832 Vue 246/308

A Athies-sous-Laon, un village situé à quelques lieues de Laon, c’est Jean-Pierre Eléonore MEREAUX, 36 ans, cordier, un des fils de Jean-Louis, qui décéda à son domicile, le 24 juillet 1832 :

A.D Aisne ATHIES SOUS LAON 5Mi0094 – 1823 1832 Vue 293/324

Quarante huit heures plus tard, dans le même village, Jean-François WALLON, Sosa 40, conscrit en l’an 13, décéda le 26 juillet 1832 à l’âge de 48 ans.
Il avait bataillé contre les ennemis de Napoléon, mais n’a pas fait front devant la peur bleue.

A.D Aisne ATHIES-SOUS-LAON 5Mi0094 – 1823 1832 Vue 294

Voilà ce qui se passait dans mon arbre généalogique, côté lignée paternelle, en 1832 . Ce fut une « annus horribilis » pour cette branche familiale.

Sources :
A.D Aisne
Métiers anciens :jschweitzer.fr
Documents Philippe HANYS

#MaCuisineAncestrale #Geneatheme… Les nieulles…

En mars, le #Généathème proposé par Geneatech, dont le thème est l’année 1832, s’invite à la table de #MaCuisineAncestrale... Et j’avoue que j’aime bien cette idée !

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Côté Histoire :
En 1832, la France vit sous le régime de la Monarchie de Juillet et est gouvernée par Louis Philippe 1er. L’année est marquée, entre autres, par des émeutes, une tentative de soulèvement en Vendée, une insurrection républicaine à Paris et une épidémie de choléra qui fera plus de 100 000 morts dans l’hexagone.

Voilà ce que la grande Histoire nous apprend, mais nous ignorons que cette pandémie ferait disparaître également une tradition locale !

Cet usage est né à Armentières, petite cité du Nord, au XVIe siècle :

À l’origine, la Nieulle orthographiée « Nieule » au XVe siècle, était une sorte de pain azyme (ancien pain aux céréales à la pâte non levée) que l’on distribuait dans les grands repas et les fêtes. 

En mai 1510, lors d’un banquet offert à l’occasion de la foire annuelle, par les échevins d’Armentières en l’honneur de Jacques de Luxembourg, Seigneur de la ville, le surplus des biscuits du repas furent jetés au peuple du balcon de l’Hôtel de ville.

La tradition était née se perpétuant ainsi jusqu’en 1832, non sans avoir été supprimée au lendemain de la Révolution et rétablie vers 1800.

Après une tentative de réhabilitation fugace en 1938, il fallut attendre 1950 pour que les commerçants eurent l’idée de relancer cette coutume disparue.
Depuis lors, chaque année, en septembre, on célèbre les nieulles lors d’une ducasse (fête), où des milliers de ces gâteaux sont jetés des fenêtres du Beffroi d’Armentières.

Côté Cuisine :
Aujourd’hui, les nieulles sont des biscuits sablés ronds à bord cannelé réalisés à base de farine, de beurre, de jaunes d’œufs, de lait, de sucre et de vanille.

Création Canva

Je ne sais pas pour vous, mais je raffole de ces petites histoires, surtout lorsqu’elles sont gourmandes…
D’ici notre prochain rendez-vous, régalez vous ! Moi, c’est déjà fait !

Sources :
Origine des nieulles : Dictionnaire de la Gourmandise – Annie PERRIER-ROBERT
Recette : cuisineterroirs.com
Images : Collection personnelle

#Geneatheme… Salon de l’agriculture…

Chacun est le fruit de son héritage… bon sang ne saurait mentir !

Tous les ans, la campagne monte à Paris et pour rien au monde, Mr ne manquerait ce rendez-vous.
Pour lui, le Salon de l’Agriculture est une nécessité, un retour aux sources. Je dirais même que cette visite est vitale.

On a beau avoir fait des études… on a beau avoir été chef d’entreprise… Le sang qui coule dans vos veines vous rappelle vos origines.
C’est le sang qui a forgé des Hommes rudes, droits dans leurs souliers.

C’est le sang où s’enchevêtrent les saisons qui colorent les prés, les bois et les coteaux… Celui qui nourrit les champs avec le labeur et la sueur.
C’est l’odeur des foins coupés, des blés ramassés, des sillons tracés.
C’est le bruit du ruisseau qui poursuit sa course vagabonde, celui de la cloche des églises, celle des vaches que paissent ici et là, celui du coq qui vous réveille le matin…

Dans la généalogie de Mr, toutes branches confondues et sur 10 générations, on trouve majoritairement des laboureurs, des fermiers et des cultivateurs, tous altiligériens, cantalous, puydomois, lozériens ou corréziens.
Ont-ils reçu des récompenses agricoles ? L’Histoire ne le dit pas.
Mais, je suis sûre qu’ils accompagnent leur descendant lors de sa visite au salon et je pense que que cela est réciproque.

Bref, vous l’aurez compris, Mr a l’Auvergne en cathéter !
Bon sang ne saurait mentir !

Source YouTube : Trois cafés gourmands (clip officiel)

#MaCuisineAncestrale… Le millefeuille…

En février, Ma Cuisine Ancestrale raconte mon gâteau préféré, celui qui fait frétiller mes papilles de plaisir.

Le millefeuille ou mille-feuille, les deux orthographes étant correctes, doit son nom au nombre élevé de feuillets de pâte qui composent chaque gâteau.
Compte tenu de la méthode traditionnelle de préparation de la pâte feuilletée, en six étapes de pliages en trois, le mille-feuille comporte en réalité 729 paires de feuillets… Vous suivez ! Eh oui, parfois, la pâtisserie épouse les mathématiques.

Je pensais que le millefeuille était une création récente mais je me trompais puisque la première version remonterait au XVIIe siècle.

Côté histoire :
Le millefeuille aurait été créé par François Pierre de La Varenne, qui le décrit dans son livre « Le Cuisinier françois » en 1651. Il aurait été ensuite perfectionné par Marie-Antoine Carême, cuisinier de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord.
Maguelonne Toussaint-Salmat, l’autrice de « La très belle et très exquise histoire des gâteaux » mentionne une recette publiée en 1806 et signée d’un certain Rouget.

Mais, c’est en fait la pâtisserie Seugnot située rue du bac à Paris, qui proposa les premiers millefeuilles en 1867 confectionnés par Dubose, le chef pâtissier d’Adolphe Seugnot.

De plus, la perfide Albion aurait inventer une fausse légende : le Millefeuille n’était pas le gâteau préféré de Napoléon Bonaparte qui en aurait attrapé une indigestion à la veille de Waterloo.
Napoléon étant par ailleurs le nom de cette pâtisserie en anglais.

Au même titre que d’autres classiques, le mille-feuille symbolise le génie de la pâtisserie française dans le monde entier.

Côté cuisine :
Le  millefeuille est fait de trois couches de pâte feuilletée et deux couches de crème pâtissière aromatisée au rhum. Le dessus est recouvert avec du sucre glace ( ma version préférée) ou du fondant.
Réalisation pour 8 personnes :

Composition CANVA
Collection personnelle

Comme Ma Cuisine Ancestrale, réalisez-vous votre pâte feuilletée ? Non, alors je vous encourage à le faire… C’est un peu long mais, elle est bien meilleure que celle du commerce.
Sinon, choisissez un pâte feuilletée pur beurre ou achetez la chez votre boulanger.

Désireux(se) de vous lancer, mieux qu’un long discours, voici un tuto qui explique très bien la méthode du feuilletage ordinaire :

Vidéo DevenirPatissier.fr

J’espère que ce gâteau ravira vos papilles autant que les miennes.
En attendant notre prochain rendez-vous, régalez-vous et dites-moi quel est votre gâteau préféré ! Moi, c’est déjà fait !


Sources :
Recette : inspirée par culture-crunch.com
Origine du mille-feuille : devenirpatissier.fr
Vidéo : devenirpatissier.fr
Images : collection personnelle

L’effet papillon…

Nous savons tous que « l’effet papillon » est matérialisé par une chaîne d’événements qui se suivent les uns les autres et dont le précédent influe sur le suivant.
Peut-on assimiler la généalogie à cette théorie ?
Cela m’est apparu comme une évidence en examinant le graphique de la descendance de mon ancêtre breton, Yves STEUN, sur Hérédis.

Descendance Yves STEUN X JANNE GUEGEN

La majeure partie de mon papillon est originaire de Ploujean, petite commune du Finistère, officiellement rattachée à Morlaix depuis le 19 février 1959.

Carte de Cassini – Géoportail.fr

A la tête de mon papillon se trouve Yves STEUN, honorable Sosa 7328, 7352, 7368 et 7408 à la 13e génération.
Il est né vers 1570 et décédé le 21 janvier 1632 à l’âge d’environ 62 ans.
Il a épousé Janne GUEGUEN, Sosa 7329, 7353, 7369 et 7409, vers 1600.
Je leur connais trois enfants dont Guillaume et Jean qui ont la particularité d’être, également, mes ancêtres directs révélant ainsi plusieurs implexes.

Guillaume STEUN, Sosa 3664, est né vers 1600 et est décédé le 12 juillet 1640 à environ 40 ans. Il a épousé Françoise GEFFROY, Sosa 3665 avant 1629.
Je leur connais 4 enfants dont Pierre, Sosa 1832.

Fichier Hérédis
Création CANVA

Jean STEUN est mon Sosa 3676,3684 et 3704. Il est né le 5 janvier 1603 et est décédé le 27 mai 1680 à 77 ans .
Il s’est marié avec Marguerite JEFFROY, Sosa 3677, 3685 et 3705, le 10 novembre 1633.
Je leur connais 5 enfants dont Yves Sr STEUN et François STEUN qui sont aussi mes ancêtres directs.

Fichier Hérédis

Yves Sr STEUN, Sosa 1838 & 1852, est né le 6 août 1634 et est décédé le 23 octobre 1711.
Il a épousé Marguerite HAMON, Sosa 1839 & 1853, née vers 1636, avant 1659, année de naissance de leur premier enfant.
Je leur connais 10 enfants dont Catherine STEUN et Yves Jr STEUN qui sont également mes ancêtres directs.

Fichier Hérédis

Catherine STEUN est mon Sosa 919. Elle est née le 21 avril 1669 et est décédée le 9 octobre 1710. Elle a épousé Allain BERRIC, le 1er août 1695. Je leur connais 6 enfants dont Jaquette BERRIC, Sosa 459.

Création Canva

Yves Jr STEUN, est mon Sosa 926. Il est né le 7 février 1672 et est décédé le 12 décembre 1727. Il a épousé Catherine MEL, le 23 janvier 1702.
Je leur connais dix enfants dont Barbe STEUN, Sosa 463.
Comme son père avant lui, Yves Jr est lieutenant de milice-garde côte (cliquez), une charge incombant aux résidents des bords de mer ou d’estuaires jadis.

Création CANVA

François STEUN est mon Sosa 1842, né le 22 juin 1647 et il est décédé après 1700.
Il a épousé en premières noces, Perrine MEL, le 15 mai 1673. Je leur connais 3 enfants.
Veuf, il s’est remarié avec Catherine ROLLAND, le 28 avril 1681. Je leur connais deux filles dont Jacquette STEUN, Sosa 921.

Fichier Hérédis
Création Canva

Cet arbre de descendance montre bien les liens de parenté depuis l’ancêtre commun. Chaque aile représentant une branche visible jusqu’à Louise Marie Elisabeth MORIN, ma grand-mère maternelle, Maman et moi, avec en rouge les implexes.
Et comme on peut le voir, les implexes, c’est complexe. Ils démontrent surtout la volonté qu’avaient nos ancêtres à se marier entre membres d’une même famille ou affiliée, certainement, pour préserver leurs biens et dans le cas présent, dans une région (la Bretagne) qui est restée longtemps centrée sur elle-même.
Mon papillon a quitté Ploujean à la génération 6 pour se poser à Garlan et Plouigneau avec les générations 7 et 8 et a continué sa route jusque dans le Calvados, à May-sur-Orne et Saint-Rémy, avec les générations 9 à 12.

Je termine mon billet avec cette citation :
« Les papillons sont les héros tragiques de la nature. Ils vivent la plupart de leur vie en étant ordinaires. Et puis, un jour, l’inattendu se produit. Ils jaillissent de leurs cocons dans un flamboiement de couleurs et deviennent tout à fait extraordinaires…(Kelseyleigh Reber)
Il aura fallu plus de quatre siècles et treize générations (jusqu’à moi) pour que cette métaphore s’applique à mon papillon généalogique.

Sources :
artillerie.asso.fr
geoportail.fr
Fichier Hérédis
CGF 29 – Cercle Généalogique du Fini
stère

#MaCuisineAncestrale… La Teurgoule…

Collection personnelle

En ce début d’année, Ma Cuisine Ancestrale vient à la rescousse de tous ceux qui ont le moral dans les chaussettes et leur propose une recette régressive à souhait… une recette « doudou » qui a le pouvoir de nous ramener en enfance (c’est mon cas) et de nous faire oublier, le temps de sa dégustation, la morosité ambiante.

Suivez-moi au pays d’Auge pour y découvrir un dessert au nom étrange, la Teurgoule, dont l’histoire remonte au XVIIIe siècle.

En ce temps-là, la Normandie était une région céréalière. La population se nourrissait essentiellement de bouillies à base de blé, d’orge, d’avoine ou de sarrasin.
Mais, la météo capricieuse (on ne parlait pas encore de réchauffement climatique) influençait ce que nos ancêtres mettaient dans leur assiettes.
Parfois, la disette s’installait et ce ne sont pas les processions religieuses et encore moins l’interdiction de la libre circulation des grains d’une région à l’autre qui arrangeaient les choses.


En 1757, lors d’une crise alimentaire sévère, il a fallu faire face au déficit des vivres pour éviter les révoltes frumentaires et les émeutes conséquentes dues à la disette.
C’est alors que François-Jean ORCEAU DE FONTETTE (1718-1794), Intendant de la Généralité de Caen est intervenu en faveur des plus pauvres.

Depuis 1756, le royaume était en guerre contre les anglais ; une guerre qui a duré 7 ans (1756-1763).
En mer, les corsaires normands faisaient la chasse aux navires marchands ennemis. Les briks anglais capturés étaient délestés de leurs denrées provenant des
Indes et du Nouveau-Monde : cannelle de Ceylan, riz de Caroline, sucre de Virginie, etc…
François-Jean ORCEAU DE FONTETTE eut l’idée de racheter ou de confisquer les cargaisons de riz dérobées pour palier au manque de nourriture.
Dans la Généralité de Caen, une grande campagne a, alors, commencé pour faire accepter cette denrée exotique.
Les cuisines de l’Intendant ont servi de laboratoire pour accommoder le riz. On y a mis au point une bouillie parfumée avec des épices. Les recettes et les méthodes étaient diversifiées et elles étaient, ensuite, placardées. Les curés, responsables des paroisses, étaient chargés de distribuer le riz et ses recettes.

Mais d’où vient le nom étrange de Teurgoule?
En normand, la goule, c’est la gueule, la bouche… Avoir de la goule, c’est être gourmand et à part la terrinée qui renvoie au mode de cuisson, il existe moult synonymes : teurgoule, tourgoule, torgoule, tergoule… mais, toujours avec la goule

Le terme pourrait signifier « qui tord la bouche » ou « qui fait faire la grimace »… parce que nos ancêtres se précipitaient pour avaler cette bouillie trop chaude ou trop roborative, parce que les grains de riz n’avaient pas atteint l’onctuosité des grains d’aujourd’hui ou parce que la cannelle retournait la bouche à cause de sa saveur jusque là inconnue…
Quelque soit la raison, ce dessert a su marier le bon lait normand, le riz et la cannelle et a su s’implanter, particulièrement dans le Calvados, et il fait aujourd’hui partie du patrimoine normand.

Création personnelle Canva
Collection personnelle

Autrefois, la teurgoule était cuite dans le four des boulangers après la fournée. Elle mijotait ainsi pendant plusieurs heures sur le reste des braises.

Note : J’ai fait cuire ma terrine à 160°
On peut remplacer la cannelle par de la vanille en poudre, du chocolat, du caramel ou encore du Calvados.

Si vous avez de la goule, sachez que la Teurgoule est encore meilleure accompagnée d’une tranche de Fallue (cliquez pour découvrir la recette)

J’espère que cette recette réconfortante vous mettra du baume au coeur en attendant les jours meilleurs.
Et d’ici, notre prochain rendez-vous, régalez-vous ! Moi, c’est déjà fait 😉



Sources:
Origine : La Teurgoule, une histoire de corsaires – Annie de GERY
Recette : Confrérie de la Teurgoule et de la Fallue en Normandie – Honfleur
Images : Collection personnelle

Louis MAIGRET, père et fils… Acte 2… L’artiste peintre…

Dans mon billet précédent, je découvre que Louis MAIGRET (père), s’est reconverti en maître de danse en 1739 (information renseignée dans l’acte du premier mariage de Louis (fils)).
Louis MAIGRET (fils), lui, devient un peintre reconnu de la société laonnoise. Si, on ignore quand a débuté sa vocation d’artiste peintre, il a, sans nul doute, hérité de la fibre artistique de son père.

Coté Généalogie :
Louis MAIGRET (fils) est le quatrième enfant de Louis & Marguerite NIVART, Sosa 362 -363 et petit frère de Marie Simone, Sosa 181.

Il naît le 15 Mai 1705 à Laon, paroisse de Vaux-sous-Laon. Il est baptisé le lendemain, 16 mai. Ses parrain et marraine sont Pierre Louis FROMAGE, fils de Mr l’advocat FROMAGE, demeurant à Laon et Barbe Elisabeth MARQUETTE-CATALAN, femme de Mr MARQUETTE-CATALAN, Capitaine-Major de la ville de Laon.

Louis (fils) se mariera trois fois.
Le 30 juin 1739, âgé de 34 ans, il épouse Marie Jeanne LEVECQUE, 35 ans et veuve de Louis LE BEGUE. Deux fils naissent de ce premier mariage.
Marie Jeanne décède le 4 février 1752, à Laon, paroisse de Saint-Eloy en l’abbaye Saint Martin. Elle est inhumée le lendemain dans le cimetière de cette paroisse.

Louis ne la pleure guère puisque 10 jours plus tard, il épouse, le 14 février 1752, Marie Claude DUVAL, âgée de 37 ans. De leur union naissent trois filles.
Marie Claude décède à son tour, le 24 septembre 1762 et est inhumée le lendemain en la paroisse St-Eloy de Laon.

Le second veuvage de Louis (fils) dure un peu plus longtemps que le premier (quatre mois).
Le 18 janvier 1763, il convole en troisième noces avec Marie-Jeanne SECQUEVAL, fille de Mathias SECQUEVAL, musicien basson de la Cathédrale de Laon. Un garçon et deux filles naissent de cette dernière union.

Louis (fils) décède le dimanche 21 Septembre 1777 à l’âge de 72 ans. Son acte de décès stipule qu’il est inhumé le lendemain, lundi 22 septembre, dans le fond du cimetière contre le mur de l’église, du côté nord de l’église paroissiale de Notre-Dame-du-Marché de Laon.

Un inventaire après décès est dressé le 4 octobre 1777 sur la requête du procureur du roi : « attendu la modicité des objets et le peu de valeur des effets délaissés par ledit MEGRET et encore, à cause de l’absence de deux de ses enfants, d’une première alliance. »
L’inventaire fini, le procureur déclare la communauté avec sa troisième femme, dissoute et tous les objets mis en vente.
Le jour même, il est procédé à la vente publique des meubles et effets de la succession. Le montant de la vente s’élève à 435 livres. L’estimation portée sur l’inventaire n’était que 333 livres 10 sols.
Voici un extrait de son inventaire après décès :

Gallica BNF – Bulletin de la Société Historique de la Haute Picardie – 01/01/1935

Son œuvre :
Louis était un bon peintre de portrait. Un juge compétent dira :
« Il rend avec une finesse extrême les broderies, bijoux, dentelles.
Son dessin est excellent et j’ai remarqué combien les mains sont en général bien
traitées.
Ce MAIGRET est un artiste adroit, consciencieux, exact ; aussi il ne flatte, ni n’embellit ses modèles qui doivent être d’une ressemblance frappante, parfois cruelle ! »

Voici quelques portraits peints par Louis MAIGRET :

Je reconnais que les visages sont austères mais les vêtements et accessoires sont peints avec beaucoup de finesse.

Comme la vie de mes ancêtres, ces tableaux ont eu une destinée hors du commun. A lire, ici !

Malheureusement, l’exercice de son art n’a pas mené Louis MAIGRET (fils) à la richesse et aucun de ses enfants n’hérita de son talent et ne suivit ses pas.
Quel dommage ! Mais je suis ravie de constater que le père et le fils ont développé leur sens du raffinement au point de devenir artistes.


Sources :
A.D Aisne – Laon
Site Généanet – Gallica BNF – Bulletin de la Société Historique de la Haute Picardie – 01/01/1935 – Un peintre de la société laonnoise au XVIIIe siècle – Louis Maigret (1705-1777)

Louis MAIGRET, père & fils… Acte 1 : Le maître de danse…

Nouvelle année oblige, la tradition voudrait que je vous parle de mon Sosa 2022. Mais, voilà… je suis bloquée au niveau de mon Sosa 1011, Marguerite BOURIENNE.
Comme je ne connais ni sa date et ni son lieu de naissance, j’ignore qui sont ses parents, Sosa 2022 et 2023.
En ce début d’année, voyons le verre à moitié plein… j’ai 12 mois moins un jour, 8721 heures (il est 15 heures) pour effectuer les recherches qui s’imposent afin de découvrir qui ils sont.

Alors, pour commencer mon année généalogique, je vais vous raconter mes découvertes concernant Louis MAIGRET, père et fils, honorables ancêtres de ma lignée paternelle.
Ce que j’ai trouvé, à leur sujet, sied bien à ce début d’année… tout en art et légèreté…

Remontons le temps… le patronyme MAIGRET ou MEGRET est attesté à Laon (Aisne) depuis le XVe siècle :

Source Gallica – Bulletin de la Société Historique de Haute Picardie – 01/01/1935

Les personnes citées ci-dessus sont-elles liées à mes ancêtres ? Pour le moment, l’histoire ne le dit pas et il faudrait effectuer un examen approfondi des archives notariales pour pouvoir l’affirmer (encore un projet pour 2022)
Actuellement, cette branche de mon arbre s’arrête au XVIIe siècle.

Louis MAIGRET (Sosa 362) est le fils de Pierre, vigneron (+06/11/1684) & de Anne OUDOUX (Sosa 724-725).
Il voit le jour à Laon, paroisse de Vaux-sous-Laon, le 4 novembre 1677 et est orphelin de père à 7 ans.
Le 23 janvier 1699, à 21 ans, il épouse en l’église Saint-Jean-Le-Baptiste de Vaux, Marguerite NIVART, 27 ans (Sosa 363), fille de Pierre, maître boulanger & de Magdelaine ALBOUCQ (Sosa 726-727).
Marguerite est l’aînée de Louis de 6 ans, étant née le 1er Janvier 1672 dans la même paroisse.

Laon - Vaux sous laon - Carte postale ancienne et vue d'Hier et Aujourd'hui  - Geneanet
Eglise Saint-Jean-Le-Baptiste de Vaux-sous-Laon – Source Généanet

Je connais cinq enfants à Louis & Marguerite :

Fichier personnel Hérédis

Marie Simone est mon Sosa 181 mais, pour ce billet, je m’intéresse surtout à Louis, son frère.

Quant à Louis, leur père, selon les actes, il est d’abord qualifié de manouvrier, tuilier en 1705, puis maître tuilier en 1727 et surprise… quelques entrechats plus tard, il est dit maître de danse en 1739…

Mon aïeul possédait ainsi plus d’une corde à son arc et a connu l’art de la reconversion professionnelle… C’est inattendu mais avéré !
Pour devenir maître de danse, Louis a, sans doute, suivi un apprentissage de
4 ans pour recevoir son brevet de maitrise, obligatoire pour enseigner, tout en dédommageant et en respectant les statuts et règlement de sa confrérie

Gallica BNF – Le maître de danse, Ph. Canot, XVIIIe siècle
Gallica BNF – La communauté des maitres de danse et joueurs d’instruments dans la tourmente ( XVIIe-XVIIIe siècle)
Gallica BNF – La communauté des maitres de danse et joueurs d’instruments dans la tourmente ( XVIIe-XVIIIe siècle)

Après des ancêtres cuisiniers, un maître de danse… Il me reste à trouver un
coiffeur : les meilleurs, dixit le quotidien « Le XIXe siècle »… Voilà qui enverrait des paillettes sur ma généalogie ☺
Et les surprises ne sont pas terminées, dans un second billet, je vous raconterai la vie de Louis MAIGRET, fils… un peintre de la société laonnoise au XVIIIe siècle.
A suivre…

Sources :
A.D Aisne – Laon – Paroisse de Vaux
Gallica BNF – Bulletin de la Société Historique de Haute Picardie – 01/01/1935
Image Eglise de Vaux-sous-Laon – Site Généanet
Image : Le maître de danse, Ph. Canot, XVIIIe siècle – Gallica BNF – La communauté des maitres de danse et joueurs d’instruments dans la tourmente ( XVIIe-XVIIIe siècle)
Stéphanie Tonnerre-Seychelles

#MaCuisineAncestrale… Le cugneux…

Ho, Ho… Noël approche ! Et en décembre, Ma cuisine ancestrale fait une excursion dans l’Est de la France, en Franche-Comté.
Région forestière, l’arbre y est roi et je soupçonne le Père Noël d’y avoir installé ses ateliers avec ses lutins puisque de nombreux chantourneurs y fabriquent des jouets en bois afin de gâter les enfants sages.

A l’approche des fêtes de fin d’année, quel plaisir de se réfugier dans les traditions héritées de nos aïeux en faisant appel aux souvenirs de famille.
C’est aussi un moment privilégié pour se retrouver et réaliser les recettes d’autrefois.
Parmi ces dernières, en Franche-Comté, se trouve une coutume ancienne, le Cugneux ou Quigneu, une brioche que les parrains et marraines offraient à leur filleul(le) le jour de Noël et dans laquelle, ils cachaient une pièce de monnaie.
Le nom, la forme et les recettes changent selon les villages : Quignieu, Quegneu, Quigneu ou encore Ramin en d’autres lieux.
Plus au nord, la forme n’est pas sans rappeler un nouveau-né emmailloté dans ses langes telle la Coquille en Picardie.
La dégustation de ce Cugneux  empli de fruits secs, figure la manducation eucharistique (communion) de l’enfant Jésus.

Sans transition, voici la recette empruntée à Mémé Suzanne, habitante de Giromagny (90) :

Création Canva

Notes :
Avec les quantités renseignées sur la recette, j’ai réalisé deux brioches et j’ai laissé levé la pâte deux fois une heure.

Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année et d’ici notre prochain rendez-vous, régalez-vous ! Moi, c’est déjà fait 😋



Sources :
Recette et origine : giromagny.fr – semaineovert.fr
Photos : collection personnelle