–Bonjour, Aujourd’hui, je me sens l’âme d’une artiste ! J’ai envie de chanter…
– C’est ce qu’on appelle un réveil en fanfare !
–🎵 J’aurai voulu être un artiste pour pouvoir faire mon numéro…
-Oh, la la ! Cesse ce numéro ! Tu me fais penser à Florence Foster Jenkins, une cantatrice américaine… connueparce qu’elle chantait faux.
-…???…
Document Philippe HANYS – Gizy – La Clique – 1928
A l’armée, une clique désigne soit une fanfare ou une musique militaire. Dans un régiment, elle correspond à un groupe d’instruments : tambours, clairons, caisses claires, trompettes, etc… Par extension, une clique est aussi un ensemble de musiciens civils, jouant des mêmes instruments et interprétant des musiques militaires ou des musiques rythmées entraînantes. (Wikipédia.com)
Ceci explique certainement la dénomination de la fanfare de Gizy. Papa me racontait que mon grand-père jouait de la trompette. Alors, faisait-il partie de la Clique ? Les archives de la commune ayant été, en grande partie, détruites, je n ‘en saurai pas plus sur le sujet et je ne peux pas le reconnaître sur cette photo.
-Belle clique que la Clique de Gizy ! A ton avis, faut-il que je prenne un nom d’artiste ?
-Bonjour, Alors, qu’as-tu rédigé à la lettre E ? Ecole… Dommage, je n’y suis pas allée !
-Qu’est-ce qu’une vieille malle irait faire à l’école ?
-J’aurais appris des tas de choses… Aujourd’hui, je serais une malle érudite ! Je participerai au ChallengeAZ à ta place… !
-Ce n’est pas possible, tu es un objet et les objets ne peuvent pas s’instruireet encore moins participer au ChallengeAZ !
–Grrr…c’est pourtant ce que je fais !!!
La monographie du village rédigée en 1884 par Mr LABOURET, instituteur, stipule qu’il y avait deux écoles laïques à Gizy, une pour les garçons, une autre pour les filles, cette dernière datant de 1850. A l’époque, chaque école comptait environ 50 élèves.
En 1912, le rédacteur de la chronique des associations parle de « terreur scolaire » (rien que ça…) car les classes étaient mixtes. Quelques parents voyant cela d’un mauvais œil manifestèrent leur mécontentement auprès de l’instituteur qui n’en tint pas compte. Les parents s’adressèrent, alors, à l’inspecteur d’académie via une association catholique des chefs de famille. L’instituteur dut se faire taper sur les doigts et les choses rentrèrent dans l’ordre. Garçons et filles furent séparés…
Document Philippe HANYS Gizy – Ecole et familles – 1912 Document Philippe HANYS –Gizy – Ecole des filles – 1912 Document Philippe HANYS – Gizy – Classe de Mr Hennequin -1920
Sur ces deux photos datées de 1912 et de 1920, il se peut que des petits « MARLY » y soient figés avec leur minois d’enfant, sans aucune certitude car malheureusement, nous ne connaissons pas le nom des élèves…
Mais parfois, la magie de la fée Internet crée des petits miracles… J’ai envoyé la photo de classe à ma cousine qui possède un petit portrait de son père, Eugène Michel, enfant. Après comparaison et sans hésitation, il s’avère que mon oncle est ce petit garçon âgé de 10 ans.
–Quelle découverte attendrissante ! Je les trouve émouvantes ces photos centenaires montrant à jamais une jeunesse disparue !
– Il ne manquait plus que cela… tu philosophes !
– Je… quoi ?
– Tu réfléchis, tu analyses…
– Yeah… je suis une malle « cultivée »… Je savais que j’étais unique !
-Bonjour ! J’ai retrouvé ma bonne humeur légendaire… Alors, qu’avons-nous avec la lettre D ? Quoi ! Une Démission… Mais, qui démissionne ?
– Personne que tu connais !
La démission dont il s’agit est une énigme ou pour coller à la lettre du jour, une devinette !
Parmi les documents, que Philippe HANYS m’a envoyés, se trouve un extrait des registres des délibérations du Conseil Municipal de Gizy. Les registres de délibérations municipales fourmillent de renseignements sur la vie de nos ancêtres.
Document Philippe HANYS – Gizy – Démission de Mr MARLY – 1949
En 1949, un certain Mr MARLY, garde-champêtre à Gizy, a donné sa démission à la commune. Il ne peut s’agir de mon grand-père puisqu’il est décédé le 6 janvier 1942 à Athies-sous-Laon, un village voisin. Il ne peut s’agir, non plus, d’un de ses fils car ils avaient quitté la commune bien avant la 2GM.
Alors, qui est ce Mr Marly ? Est-ce un collatéral ? Appartient-il à ma parentèle ? Les registres de recensement de population pourraient me renseigner… mais, il me faudra aller les consulter sur place !
– Alors, c’est ça la généalogie ! Des questions qui restent sans réponse… C’est bizarre !…
– Oui, la généalogie demande de la patience. La quête est parfois longue pour évoquer la vie de nos ancêtres.
-Bien, je te laisse patienter… euh… chercher... A demain, Miss Marple ! Hi, hi…
-Bonjour, bonjour… Alors, que nous réserve la lettre C ! Oh, des cartes postales ! J’adore cela ! Sais-tu qu’autrefois, j’en recevais des quantités ! Aujourd’hui, ce n’est plus la même chanson…
– Oh non… pas de jérémiades ! Profitons de ce moment pour apprécier cette promenade virtuelle dans le village de Gizy au début du XXe siècle.
Document Philippe HANYS – Gizy – L’abreuvoir – 1903Document Philippe HANYS – Gizy – L’église côté ferme – 1905Document Philippe HANYS – Gizy – La mare, Ferme du prieuré – 1905Document Philippe HANYS – Gizy – Ferme du Prieuré – 1911
Document Philippe HANYS – Gizy – Mairie, Ecole, rue de la gare après 1918
-Que se passe t’il… tu es bien silencieuse !Ce n’est pas dans tes habitudes !
-Je suis toute émue de voir ces images ! Cela me rappelle ma jeunesse ! J’en ai la larme au couvercle ! Tout cela me donne le vague à l’âme… besoin de solitude…
« La nostalgie est la fiancée des bons souvenirs qu’on éclaire à la bougie ! » (Grand Corps Malade)
– Tu cites Grand Corps Malade… Tu m’épates, tu m’épates… A demain !
–Bonjour, bonjour… Alors, que nous proposes-tu avec la lettre B ?… Tu fouilles encore dans les archives religieuses !
– Peux-tu être plus respectueuse, s’il-te-plait ! Parmi les documents que Philippe m’a confiés, il y a les tables des baptêmes en 1911.
Je découvre que André, mon père et son frère, Eugène Michel, ont été baptisés tous les deux, le 23 juillet 1911. Curieux… quand on sait que papa est né en 1909 et mon oncle en 1910.
Document Philippe HANYS – Table Baptêmes Gizy 1911
Les actes de baptême étaient une source officielle avant la Révolution, mais avec les actes d’état civil, nous les oublions. Pourtant, ils contiennent des renseignements intéressants. Philippe m’a fait parvenir les actes de baptême de mon père et de mon oncle…
Archives diocésaines Soissons – Acte de baptême André MARLY Archives diocésaines Soissons – Acte de baptême Eugène Michel MARLY
Surprise… je découvre qu’ils ont eu tous deux, les mêmes parrain et marraine. Il ne peut s’agir que de leur frère René, né en 1903 (ce qui explique qu’il n’a pas signé l’acte car il n’avait que 7 ans) et de leur sœur, Germaine, née en 1895 car je ne recense qu’un René MARLY et une Germaine MARLY dans mon arbre. Je suis très émue de posséder ces documents car ils représentent l’âme de la famille.
Je comprends mieux la complicité mutuelle entre Papa, mon oncle et leurs grandes sœurs.
–????… Soissons… Soissons… mais, il y a eu un évènement historique dans cette ville… Ma mémoire de vieille malle fait défaut… Je n’arrive plus à me souvenir !
-Tu veux parler de Clovis et de son fameux vase ! Qu’est-ce que cela vient faire dans mon histoire familiale !
– Un moment, s’il-te-plait… Je cherche dans le bredi-breda que tu me laisses .… Curieux, je ne le trouve pas…
– Que cherches-tu ?
-Ton humour… apparemment tu l’as égaré !
-Méfie-toi que je ne prenne un vase à mon tour, ton couvercle n’y résisterait pas !…
–Rrro…Je plaisante ! Allez ! Je me tais jusqu’à demain ! Bonne journée !
–Bonjour ami lecteur ! Je suis la grand’malle aux ancêtres d’Evelyne et je vais la coacher tout le long du ChallengeAZ. Mais,chut… elle ne le sait pas !
Vite, vite…Evelyne, presses-toi de soulever mon couvercle de vieille malle ! Mes douleurs me l’interdisent… Alors par quoi, commences-tu ? A comme Abbé…Le challenge débute de manière spirituelle !
–Cesse tes sarcasmes… Sinon je referme immédiatement ton couvercle !
Grâce aux archives, parfois originales, de Philippe HANYS (voir Avant-propos), je vais découvrir quelques pans de la vie de mes grands parents paternelset des habitants de Gizy.
Gizy est un village axonais qui se situe à environ 12 kms à l’est de Laon, dans un plaine propice à la culture des céréales. Ses habitants se nomment les Gizyciens, Gizyciennes ou Gizyacois, Gizyacoises. En 1906, le village recensait 610 habitants. Aujourd’hui, il recense environ 672 habitants.
Document Mairie de Gizy – Situation géographique
Un des personnages incontournable du village est le curé. A Gizy, il s’agit de l’Abbé Charpentier, curé entre 1908 et 1924, qui a connu mes grands-parents et qui les a accompagnés dans les grands moments de leur vie.
Extrait document Philippe HANYS
Je te rappelle que je n’ai pas connu mes grands-parents et que je ne possède aucun document les concernant, hormis deux petits portraits. Jules & Octavie ont vécu à Gizy entre 1907 et 1923 (année du décès de ma G.M). Mais, mon grand-père y est sans doute demeuré jusqu’à son second mariage en 1928. Ils ont eu 13 enfants et les quatre derniers, dont mon cher papa, sont nés à Gizy entre 1907 et 1911.
Fichier personnel Généanet
L’Abbé Charpentier tenait sa paroisse de manière organisée et rigoureuse comme le précise sa petite biographie. Pour preuve, Philippe m’écrit : – « Ce brave curé tenait à jour une liste des habitants, rue par rue, afin de collecter « au mieux « les deniers du cultes ».
Avec ce registre, j’apprends que la famille a résidé Rue de la Gare (actuellement rue de la Poste) entre 1913 et 1914 et Grande rue, entre 1919 et 1922. Elle n’a pas contribué aux deniers du culte en 1913, 1914 et 1919 et elle a offert 0,50 Fr en 1920, 0,50 Fr en 1921, 1,50 Fr en 1922. Il n’y a pas eu de collecte de 1915 à 1918.
Document Philippe HANYS -Registre du denier du culte 1913-1914Document Philippe HANYS -Registre du denier du culte 1919 à 1922
– Et bien dis-donc, félicitons l’abbé qui recensait ses ouailles et qui tenait une Sacrée comptabilité !
-Je te trouve bien irrévérencieuse !
– Moi… mais non, voyons… ! Tu peux remercier l’Abbé Charpentier pour avoir tenu ce registre. Sans cela, tu ne saurais pas où résidaient tes grands-parents. A demain avec la lettre B…
–Psst… Evelyne ! C’est moi, ta grand’malle aux ancêtres, celle que tu utilises pour le #challengeAZ ! Il serait peut-être temps de m’ouvrir et de te mettre au travail, le 1er novembre approche ! Soulève le couvercle… Il fait noir là-dedans ! On n’y voit rien ! Et puis, quel désordre ! Comment veux-tu t’y retrouver entre les dizaines de #Généathèmes, les précédents#ChallengeAZ, les recettes de #MaCuisineAncestrale et les #RDVAncestral, ces fameuses rencontres où les ancêtres attendent impatiemment qu’on leur donne la parole. Pas étonnant que tu te plaignes auprès de tes amis généablogueurs en disant que ton neurone est en mode « off » !
-Oh, non !… Mon imagination me joue encore des tours, voilà que ma malle parle.
–Oui, je te parle parce que tu me sembles inerte ! Qu’attends-tu pour rédiger tes billets ! As-tu un thème, au moins ?
– Oui et non !
– C’est une réponse de normand !
– Ha, ha, ha.. très drôle ! Non, c’est une réponse de Picard ! Il y a quelque temps, Philippe HANYS, passionné d’histoire et habitant à Gizy, le village de naissance de mon père m’a contacté via Ciel ! Mes aïeux. Nous avons échangé par courriels et il m’a confié plusieurs archives sur la commune. Avec son autorisation, je pense les présenter lors de l’édition 2020 du #challengeAZ… J’ignore encore si je couvrirai toutes les lettres, mais je vais essayer ! Contente…!
– Oui, il n’y a plus qu’à… ! Et laisse aller ton imagination !… Tu verras, tout ira bien…! Bon, je me tais, mais je reviens le 1er novembre pour te lire !
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
J’ai besoin d’évasion et pour ce #RDVAncestral, mes rêveries m’emmènent vers le Ponant, dans le Finistère…
Nous sommes le 26 octobre 1716 et j’arrive devant le manoir de Coatserho situé à Ploujean, à proximité de Morlaix. Le manoir est une bâtisse ancienne autrefois appelée « Coasterhou », ce qui veut dire « bois des amoureux « . Une jeune fille m’attend devant la porte d’entrée.
–Bienvenue !… Entrez ! Je vous attendais… Il faut nous dépêcher… Il reste peu de temps avant le mariage et il y a encore tant à faire !
Nous traversons plusieurs pièces, empruntons un escalier de pierre puis, nous pénétrons dans un boudoir attenant une chambre à coucher. Une robe brodée et ses accessoires sont étalés sur le lit.
– Qu’attendez-vous… Aidez-moi à me vêtir, le temps presse !
Je la regarde, interloquée !
– Vous vous méprenez ! Je ne suis pas là… pour cela ! Je suis venue car je souhaite écrire mon histoire familiale… Je pense que vous appartenez à ma parentèle. Serait-il possible que vous confirmiez mon pressentiment ! En contrepartie, je veux bien vous aider à vous préparer…
Mais, qu’est-ce qui me prend à vouloir jouer les soubrettes ! Je m’épate moi-même, mais il est trop tard pour revenir sur ma proposition.
La demoiselle s’installe devant sa coiffeuse tout en m’observant dans son miroir.
– Que voulez-vous savoir ?
– Tout ! lui dis-je,
Je m’approche d’elle… c’est une jeune fille d’une vingtaine d’année. Elle est si jeune… Que pourrait-elle me dévoiler sur sa vie et celle de ses ancêtres ?
-D’accord, ne perdons pas de temps, répondit-elle ! Je me nomme Marguerite DU PLESSIX, Demoiselle de Kertanguy. J’appartiens à la noblesse de ce pays. Je suis née le 21 juin 1696 à Garlan mais, j’ai grandi, ici même dans le manoir familial. Mon père, Charles Martel DU PLESSIX, Sieur de Kertanguy et écuyer, a épousé en 1694, ma mère, Claudine GUYOMARC’H, alors jeune fille roturière de la paroisse. Ils ont eu deux enfants, moi-même et Jean. Mon frère est mort en bas âge, me laissant seule héritière. Mon père est également né ici en 1655, mais ses lointains ancêtres étaient originaires de Navarre et proches d’Henri IV.
Elle parle et je l’aide à revêtir sa robe de mariée.
-Je partage avec Aliénor d’Aquitaine, Reine de France et d’Angleterre et mère de trois rois, quelques 27 liens de parenté. J’admire cette aïeule qui a sans cesse sillonnél’Europe pour préserver la paix. Plus près de moi, mon grand-père paternel, François DU PLESSIX, est décédé subitement, en 1659, en se rendant à la foire de Guingamp. Il s’était marié en 1642 à Renée de Lanloup avec qui il a eu 13 enfants, mais tous n’ont pas été baptisés. On suppose alors que le curé posa ses conditions à l’inhumation de mon grand-père dans l’église. Ma grand-mère, fille de l’ancien serviteur d’Henri IV, dut se soumettre … Du coup, mon père âgé de 4 ans et deux de ses frères ont été baptisés ensemble « pour urgente nécessité », le dimanche suivant l’inhumation de mon grand-père.
Tout en écoutant son récit, je m’applique à lacer les jupons, le corset… Heureusement que les tenues vestimentaires ont évolué… pensé-je ! Quel travail !
De son côté, Marguerite continue son récit.
– Mon arrière–grand-père, Claude de Lanloup, était un des cent gentilshommes de la chambre d’Henri IV. Quant à mon trisaïeul, Yves de LISCOËT, calviniste et maréchal de camp de ce bon roi Henri, mourut en combattant les espagnols à Crozon. Il était un farouche ennemi de La Ligue. Il perdit sa main droite lors du siège de Carhaix. Voilà, je vous ai tout dit !
Surprise par ses révélations toutes romanesques, je reste silencieuse quelques instants, puis je m’aventure à lui demander :
-Et aujourd’hui, vous vous mariez ! Puis-je savoir qui est l’heureux élu ?
– L’aristocratie voyait en moi un bon parti, mais mon mariage est une mésalliance comme l’union de mes parents. J’épouse l’homme que j’aime… Il se nomme Ollivier MORVAN, un honnête propriétaire cultivateur, lieutenant de la milice paroissiale.
-Je sais qui est Ollivier, répondis-je, Nous avons des ancêtres communs, Allain MORVAN & Perrine GARION. Ils sont mes très lointains ancêtres directs puisqu’il me faut remonter 12 générations et Ollivier est un de leurs arrière-petits-fils. Il descend de leur fils aîné, Ollivier, son grand-père, né en 1626, et je descends d‘Yves, son frère, né en 1635.
-Nous appartenons donc à la même famille, convenons-nous toutes deux, étonnées et ravies.
Je finis d’ajuster la robe et je fixe la coiffe en dentelle dans ses cheveux relevés en chignon.
-Je vous remercie de m’avoir aidée à me parer pour la cérémonie. Je suis fin prête. Désirez-vous m’accompagner ? Je vous présenterai mes parents ainsi que la famille !
-Vous êtes une ravissante mariée ! Je vous souhaite beaucoup de bonheur ! Se marier en octobre est de bon augure, vous pouvez me croire !
Ce moment d’intimité avec Marguerite me ramène à mes propres souvenirs… Nous nous dirigeons vers les pièces de réception du manoir. Un groupe de sonneurs annoncent les invités au son des bombardes et des binious. Les festivités peuvent commencer !
Ollivier et Marguerite regardent sereinement vers l’avenir. L’avenir tient dans leur nombreuse descendance… Ils auront treize enfants. Cependant, leur dernière née sera baptisée le jour du décès de son père, le 16 août 1739. Marguerite, Dame de Kertanguy, s’éteindra le 15 octobre 1747 dans son manoir.
A la fin de mon rêve éveillé, des recherches plus approfondies me révèleront qu’Elisabeth II, Reine d’Angleterre ainsi que S.A.S Albert II, prince souverain de Monaco possèdent également des liens de parenté avec Marguerite DU PLESSIX, dernière héritière des Seigneurs de Coatserhou… Alors, faut-il penser que j’appartiens aussi à leur parentèle ! Je n’ose le croire !
Aujourd’hui, le manoir de Coatserho existe toujours. Il est la propriété de François de Beaulieu et il a fait l’objet d’une importante restauration entre 2010 et 2011.
Sources : Ploujean Patrimoine – Hervé TEURNIER, un de mes cousins à la mode de Bretagne – que je remercie pour tout son travail réalisé sur Ploujean et son histoire. Image : Manoir de Coatserho- Ploujean-Patrimoine
En octobre, nous partons en Bretagne… Vous voyez, ce petit coin de terre où les pommiers fleurissent la campagne et où le beurre « salé » est roi.
Autrefois, les pommes dont les différentes espèces étaient nombreuses se consommaient cuites sous forme de « pommé » (compotée cuite pendant 6 à 8 heures) ou garnissaient les desserts.
Parmi ces desserts, il en existait un appelé « michon ». Aujourd’hui, ce plat semble complètement tombé dans l’oubli !
« Michon » est l’équivalent masculin de « miches » ou « michottes » qui veut dire « petits pains ronds », plus ou moins épais. N’allez rien imaginer d’autre ?…
En Bretagne, le « michon » était confectionné dans une poêle ronde pouvant aller dans le four.
Certes, cette recette n’est pas faite pour le régime, mais n’oublions pas que nos ancêtres avaient besoin de plats réconfortants après une dure journée de labeur. De plus, ce dessert se réalise très rapidement.
En attendant notre prochain rendez-vous, régalez-vous ! Moi, c’est déjà fait !
Sources : Le grand classique de la cuisine bretonne – Jacques Thorel – Editions Ouest-France Photo : collection personnelle
Dessin de la comète de 1811, par Mary Evans – vaonis.com
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
Nous sommes en septembre 1811 et j’ai rendez-vous avec mon Sosa 19, Ursule Adélaïde BRASSELET en Picardie.
Je l’aperçois alors qu’elle quitte la maison de ses parents, Jean-Baptiste, scieur de long et Geneviève LAMBERT à Brayes-en-Laonnois, un petit village axonais.
C’est une fillette âgée de 7 ans, aînée d’une fratrie de trois enfants. Geneviève, leur mère, est décédée le 16 août dernier. Ursule Adélaïde a beaucoup pleuré mais, on lui a dit qu’elle avait atteint l’âge de raison… Donc, à présent, elle doit sécher ses larmes et elle doit travailler.
Ursule Adélaïde, descendante de vignerons et de tonneliers, est placée comme domestique.
– Bonjour… me permets-tu de t’accompagner un moment, lui dis-je doucement.
Elle me regarde et je lis dans ses yeux tant de tristesse que les miens se remplissent de larmes. Je dois faire un gros effort pour les retenir. Elle est encore si petite, si frêle… Nous marchons côte à côte, silencieuses, sous un soleil de plomb. Nous traversons les coteaux recouverts de vignes où les raisins gorgés sont pleins de promesse.
Je fouille dans mon sac et sors des petits gâteaux. – C’est moi qui les ai confectionnés ! dis-je en souriant En, veux-tu ? Ursule Adélaïde accepte mon cadeau et mange en m’observant… Peu à peu, elle semble moins réservée. – Comment t’appelles tu, dit-elle en croquant un biscuit ? – Je m’appelle Evelyne… Je viens de loin, de très loin… Nous sommes parentes… Je sais que tu as du chagrin et que ta maman te manque énormément… J’aimerai tant t’aider et te voir sourire.
Nous marchons longtemps en faisant connaissance et nous arrivons, à la nuit tombée, devant la maison des maîtres d’Ursule Adélaïde. Au-dessus de nos têtes, Vénus, l’étoile du berger scintille et des milliers d’autres étoiles brillent peu à peu… Tout à coup, une comète traverse la voûte céleste traînant, derrière elle, sa longue chevelure lumineuse.
Ursule Adélaïde glisse sa main dans la mienne et la serre. – N’aie pas peur ! Tu ne crains rien ! Regarde, c’est magnifique, lui dis-je, éblouie. C’est une grande chance de voir un si beau spectacle !
Autour de nous, les adultes sont moins enthousiastes. Superstitieux, ils voient dans cette bizarrerie un mauvais présage annonciateur de calamités… sans doute la fin du monde !
Je les rassure :
– Non, ce n’est pas la fin du monde… Il s’agit simplement d’un phénomène astronomique ! -Sinon, je ne serai pas là à écrire ce texte pensé je en mon for intérieur.
Je regarde Ursule Adélaïde tendrement. Notre rencontre s’achève tandis que la comète disparait dans la nuit. En guise d’adieu, je lui confie un secret:
– Quand tu auras de la peine, regarde un ciel étoilé ! Chaque étoile est l’âme d’une personne que nous avons aimée. Ta maman est parmi ces étoiles et veille sur toi !
Courageuse et rassurée, Ursule Adélaïde me sourit, m’embrasse et s’éloigne. Je la regarde entrer dans sa nouvelle maison tout en songeant à sa vie future.
Jean-Baptiste, son père, se remariera et aura trois autres enfants dont deux mourront en bas âge. Le 27 octobre 1829, âgée de 24 ans, Ursule Adélaïde épousera Etienne André COULON, Sosa 18, un berger tisserand. Ils auront quatre enfants. Jean-Baptiste décédera, deux ans plus tard, en 1831. Ursule Adélaïde rejoindra les étoiles à 69 ans, le 27 octobre 1873, à Samoussy (02).
A leur tour, les vignes des coteaux laonnois disparaîtront avec la Première Guerre Mondiale.
En attendant, demain, les raisins seront récoltés, le vin coulera à flot… Ce sera un bon cru ! 1811 restera dans les annales comme une année viticole exceptionnelle autant en quantité qu’en qualité en Europe.
La Grande comète de 1811 (C/1811 F1) est une comète qui fut découverte par Honoré Flaugergues, astronome amateur et juge de paix, à Viviers en Ardèche, le 25 mars 1811. Visible pendant 9 mois à l’œil nu, et 17 mois avec instruments, elle est restée associée à une année d’excellents vins en Europe. Elle est aussi nommée la comète de Napoléon. En Europe, les caractéristiques extrêmement spectaculaires de la comète ont profondément marqué les contemporains. Sa conjonction avec une vague de chaleur inédite a suscité des inquiétudes de fin du monde, dont on trouve des échos dans la littérature de l’époque, même beaucoup plus tard, et dans des ouvrages aussi inattendus que par exemple la Physiologie du goût de Brillat-Savarin, pourtant publiée seulement en 1825, soit 14 ans plus tard. Par la suite, Léon Tolstoï la décrit dans Guerre et Paix comme un présage de mauvais augure. (Source : Wikipédia.fr)