#Généathème : La Seconde Guerre Mondiale… 1

Dans quelques jours, nous célèbrerons le 70è anniversaire du Débarquement des Forces Alliées en Normandie qui mit fin à la Seconde Guerre Mondiale…
Avec cet événement… Rendons hommage à nos Pères, ces Héros…

Je vous propose trois billets à découvrir pendant le mois de mai :

Dans la famille Achon,  Raymond, grand-père paternel, a défendu la Patrie en 14/18. Il est décédé en 1931. Adèle, sa femme, est restée veuve avec six enfants : une fille et cinq garçons.

Gabriel est né en juin 1914 à Lorlanges (Haute-Loire). Il aurait eu 100 ans cette année. Il était le quatrième enfant de la fratrie et troisième garçon :

Son service militaire est à peine achevé, qu’en septembre 1939, l’heure de la mobilisation générale a sonné et il a été incorporé au 86° R.I, 3è Bataillon  :



« Glorieux Régiment du Velay qui participa aux violents combats de Lorraine en 1939-40 et qui dans les cruelles épreuves de mai et de juin 1940 ne désespéra jamais de la Patrie… » *

*

Effectivement, du 12 au 20 juin 1940, les bataillons du 86° R.I ont participé aux violents combats sur la ligne de la Meurthe.
Dans la journée du 20 juin, les trois bataillons du 86° R.I ont été successivement faits prisonniers :

« Charmes !…Pour tous ceux des armées de Lorraine, c’est le dernier carré, l’ultime combat, sans espoir !… » *

*

Lors de ces combats, certains soldats ont été tués… tous les vivants ont été capturés.
Gabriel a fait partie de ces derniers… Légèrement blessé, il est devenu le prisonnier de guerre
n° 10793.
Il a transité par le front stalag 190 à Charleville (France) avant d’être déporté, le 25 janvier 1941, dans le stalag IV B à Mühlberg (Allemagne).

          

 
Mühlberg est situé dans l’arrondissement d’Elbe-Ester, au sud-ouest du land de Brandebourg et à environ 80 km de Leipzig.
 
 
 
 
 
Le camp se trouvait à 3 km de la ville :

 
 
 
 

En 1942, il a compté environ 4000 prisonniers de différentes nationalités répartis dans une vingtaine de baraquements.
Fin 1944, il a comptabilisé 25000 détenus.

Lors de ma visite au Service Historique de la Défense à Caen, j’ai lu les rapports de visites effectuées par le CICR (Comité International de la Croix Rouge)
Les comptes rendus relatent que les prisonniers ont été relativement bien traités : ils sont environ 500 hommes entassés dans des baraques en bois ne disposant que de 4m2 chacun ; les rations alimentaires sont insuffisantes ; l’eau et le chauffage sont inexistants…

Dans ces conditions, Gabriel a essayé de s’évader plusieurs fois, sans succès.

Finalement, le 1er septembre 1943, il a échappé à ses geôliers. Sa tentative d’évasion réussie, Gabriel a recouvré la liberté.

Mais comme beaucoup, Gabriel s’est très peu confié sur ce qu’il a vécu pendant cette sombre période et notamment sur son retour en France…
Peut-on imaginer sa fuite sur un parcours de 1262 km pour rentrer chez lui : Traverser un territoire ennemi… Ne pas se faire reprendre… Ne pas céder à la peur… Se cacher… Se nourrir… Ne penser qu’à la liberté !

Il ne pouvait pas savoir à ce moment-là,  qu’un poète avait écrit un an plus tôt  :

… Et par le pouvoir d’un mot

   Je recommence ma vie

   Je suis né pour te connaître

   Pour te nommer

             Liberté !

Puis, le 24 avril 1945, le stalag IV B a été libéré, à son tour, par l’Armée Soviétique. Le rapatriement des prisonniers a eu lieu le dimanche 20 mai 1945 sous le contrôle de l’Armée Américaine :

**
 
 
 
Enfin, la vie a repris son cours, Gabriel s’est marié en septembre 1946 et a eu trois enfants.
 
Gabriel est décédé, brusquement, en août 1959 à Clermont Ferrand (Puy de Dôme). Il était le père de mon mari.
 
 
 
 
Sources :
Carte de prisonnier Gabriel Achon – CICR Genève
*Extraits de l’Historique du 86° RI -Commandant Boucher – SHD Vincennes – 34N100 –


**Extraits des comptes rendus CICR – SHD Caen – 22P2991
Photos :
Collection personnelle : G.achon
The main gate. Copyright : Rijksmuseum Amsterdam NG-1983-9, Dick van Maarseveen
Extrait du poème : Liberté – Paul Eluard – 1942

Je ne suis pas bien portant…

Il y a peu de temps, +Benoit PETIT écrivait sur son blog, que la sérendipité avait du bon.
Et je ne peux qu’approuver lorsque le hasard nous offre de truculentes découvertes :

Lors de mes recherches aux Archives Départementales de l’Orne, j’ai consulté un registre intitulé :

                                       Délibérations du Conseil de Révision- Classe 1856 –
Ce registre est constitué de la liste des jeunes appelés par tirage au sort.
En face de chaque nom, l’Etat Major a annoté si le futur soldat était « bon pour le service » ou si, il était réformé et les causes.
Par curiosité, j’ai feuilleté le registre et j’ai découvert à la fin de celui-ci plusieurs pages manuscrites, dont un document émanant d’un tribunal où ont comparu plusieurs jeunes gens présumés coupables de n’avoir pas voulu effectuer leur conscription.
Je ne peux m’empêcher de partager un extrait du document tant sa teneur m’a amusée :
L’an mil huit cent cinquante sept, le lundi 3 août,
Le Conseil de Révision du département de l’Orne composé de M.M…
 
s’est réuni à l’hôtel de la préfecture où…
 
a l’effet de statuer définitivement à l’égard de deux
jeunes gens de la classe 1856 déférés aux tribunaux comme
prévenus de s’être rendus impropres au service militaire ;
 
Vu sa décision du 18 mai 1857, par laquelle il a déféré
aux tribunaux comme prévenu de s’être rendu impropre au service
d’une manière permanente en se faisant arracher plusieurs dents à la
mâchoire inférieure le Sr Vigneron (C… Hippolyte), inscrit sous 
le numéro 20 de la liste du tirage au sort du canton de Mêle sur Sarthe. 
Vu la lettre en date du 21 juillet dernier, par laquelle M.
le Procureur Impérial prie le Tribunal de 1ère instance d’Alençon
faire connaître que le Sr Vigneron a été renvoyé …  des
poursuites par une ordonnance de non lieu rendue par M. le juge
d’instruction ; qu’il est résulté de l’information que cet individu 
avait déjà perdu un certain nombre de dents, plusieurs mois avant
le tirage ; que le médecin dentiste, chargé de l’examiner, a constaté
qu’il avait une grande prédisposition  à la carie et que plusieurs
des dents qui avoisinaient celles que l’on avait dû extraire pour cause
de caries étaient elles-mêmes cariées par suite d’un contact antérieur ;
Vu l’article 41 de la loi du 21 mars 1832 en la circulaire
ministérielle du 28 juin 1835,
Décide : 1° Que le Sr Vigneron (C… Hippolyte) est exempté
pour perte de dents ;
Libéré, je suppose que le Sieur Vigneron n’a pas « gardé une dent » contre l’Etat Major !
Cette petite histoire ne vous fait-elle pas penser à la chanson du comique troupier Ouvrard…
Source : A.D Orne – Registre des délibérations du conseil de révision – 1856 – R 541

#Généathème : Une épine généalogique… Episode 3 : L’épine est extraite….

Il y a deux jours, j’écrivais un petit billet sur l’état d’avancement de mes recherches concernant l’acte de mariage de mes arrières grands-parents maternels :

                                         Victor Emile Berthault & Marie Suzanne Tourré

Voir les articles :
1°   https://www.ciel-mes-aieux.com/?p=53
                                      
2°   https://www.ciel-mes-aieux.com/?p=38

Ce soir, grâce à +Elise Aupres de nos Racines  et à +Philippe Durut,  l’extraction de mon épine a été fulgurante… et indolore !
Je les remercie du fond du cœur…

L’entraide généalogique est une belle histoire… J’en suis toute émue… chamboulée…

Ainsi, j’ai le plaisir de vous informer que :                      
              
              Victor Emile & Marie Suzanne se sont unis à Blida en Algérie le 4 juillet 1874.

 
 

J’ai consulté plusieurs fois le site des ANOM en ligne, mais selon les critères de recherche, la réponse est négative (un oubli dans la numérisation ?)

Grâce au commentaire d’Elise, et en moins de cinq minutes, j’ai effectué une nouvelle recherche par commune et par date et non par patronyme. C’était aussi simple que cela… Encore fallait-il y penser !

Quant à mes arrières grands-Parents… Je suppose que Victor Emile a effectué son service militaire en Algérie comme l’atteste les registres militaires trouvés aux Archives Départementales de l’Orne.
N’ayant plus ses parents, il est demeuré dans le pays et s’est installé à Blida où il est devenu brasseur.
C’est ainsi qu’il a rencontré Marie Suzanne… qu’ils se sont mariés.

Alors, pourquoi sont-ils revenus vivre à Saint-Pierre du Regard dans l’Orne ?
Mais, ça, c’est une autre histoire… 😉

Sources : ANOM – Etat civil – Blida – 1874

#Généathème : Une épine généalogique – Episode 2….

Au mois de janvier, je vous faisais part de mon épine généalogique concernant l’acte de mariage de mes arrières grands-parents maternels :

                                    Victor Emile Berthault & Marie Suzanne Tourré

Voir article ici : https://www.ciel-mes-aieux.com/?p=53

Suite aux commentaires reçus, je me suis rendue aux Archives Départementales de l’Orne à Alençon.

J’ai trouvé divers documents concernant la conscription de Victor Emile :

Registre du tirage au sort classe 1856 (R 637) :

 
 
 

J’apprends que Victor Emile était domestique à Montilli en 1856. Cette commune est voisine de Saint-Pierre du Regard, son lieu de naissance.

Registre des listes par canton du contingent de l’Armée Territoriale (R 786) :

 
 
 
Le registre confirme que Victor Emile était domestique et qu’il résidait à Montilli. Il indique également qu’il mesurait 1m70, qu’il était bon pour le service et qu’il a été affecté dans un régiment de Chasseurs d’Afrique.
 
– Registre des délibérations du Conseil de révision (R 541) : 
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  
 
 
 
 
Ce registre ne m’apprend rien de plus. Cependant, c’est la première fois que je consulte ce genre d’archives.
 
 
 
Mais revenons à mon conscrit… A cette époque, les Chasseurs d’Afrique partaient pour   l’Algérie. Cela confirme, que Victor & Marie Suzanne se sont sans aucun doute rencontrés dans ce pays.
 
Mais je n’ai toujours pas trouvé leur acte de mariage !
 
J’ai donc recherché sur le site du CAOM (Centre des Archives d’Outre-Mer) une éventuelle union. Mais, l’état civil en ligne ne recense pas le mariage.
 
J’ai également consulté les tables décennales de l’état civil de Toulon et de Marseille pensant que peut-être ils s’étaient mariés dans une de ces villes portuaires. Là, non plus, je n’ai rien trouvé.
 
J’ai, aussi, consulté les tables de recensements de population de Montilli : pas de trace du couple.
 
 
Je ne désespère pas trouver l’acte de mariage. La prochaine étape sera de me rendre au SHD (Service Historique de la Défense) à Vincennes pour y chercher l’historique des régiments de Chasseurs d’Afrique et au CAOM à Aix en Provence pour y chercher le couple dans des documents non numérisés ( ex : liste de passagers)
 
La généalogie n’est pas un long fleuve tranquille…
 
A suivre…
 
 
Sources : A.D Orne                                                                                                                                                             
 

Une rencontre inattendue…

Dans mon dernier billet, Généathème : Avril, le mois des Ancêtres, je vous ai raconté ma rencontre imaginaire avec mon grand-père paternel !

En écrivant cet article, je ne me doutais pas que ma rencontre imaginaire se transformerait en une rencontre inattendue !

Parfois, le rêve et la réalité se rejoignent…
La généalogie engendre des « petits miracles »  et procure des instants de bonheur indicible que je ne résiste pas au plaisir de partager :

Mes grands-parents me sont inconnus et je ne possède aucun document familial les concernant hormis leurs actes de naissance, de mariage et de décès trouvés lors de mes recherches aux Archives Départementales ou dans les Mairies.

Mais, il y a quelques jours, Sylvie, une cousine germaine au second degré, m’a contactée via le site Généanet où elle a découvert mon arbre.
Nous ne nous connaissons pas.
Cependant, après avoir échangé quelques courriels, Sylvie m’écrit qu’elle détient une photo de ses arrières grands-parents donc de mes grands-parents…

Aujourd’hui, elle m’a envoyé la photo de Jules André Marly & d’Alphonsine Octavie Wallon.
Et je la remercie infiniment de m’avoir offert ce trésor !

Très émue, je découvre le portrait de mes ancêtres…

Je suppose que la photo a été prise lors d’une cérémonie, sans doute un mariage, car Jules a une boutonnière accrochée de sa veste.
Jules & Alphonsine sont visiblement intimidés et quelque peu empruntés devant l’objectif, mais ne sont-ils pas magnifiques, mes aïeux, surgi du passé !

Et, j’ai envie de leur dire :

« Chers Grands-parents,  

Je suis si heureuse de vous rencontrer… Enfin ! « 

Et vous, avez-vous fait des rencontres inattendues ?

#Généathème : Avril, le mois des Ancêtres…

Lors d’un voyage imaginaire, je musardais dans la campagne.
Chemin faisant, je rencontrais un vieil homme, assis sur un banc de pierre.

-Bonjour…

-Bonjour,
me répondit-il, l’œil malicieux… Que fais-tu ici ?

– Je suis à la recherche de mes ancêtres paternels !
Je participe au généathème organisé par Sophie de la Gazette des Ancêtres et je dois mettre en lumière un de mes aïeux.

Le vieux monsieur tressaillit ! Il me dévisagea…
Visiblement ému,  il me demanda de m’asseoir à coté de lui :

– Je vais te raconter une histoire,
dit-il doucement.

-Je suis arrivé au monde, le mercredi 8 janvier 1868 à 7:00 du matin

Nous sommes sous le Second Empire et Napoléon III est l’empereur des français depuis 15 ans. La France compte un peu plus de 38 millions d’habitants dont 70% sont des ruraux.

Je suis le cadet de la famille. Ma sœur, Adeline, a 12 ans à ma naissance.
Mes parents Joseph & Adeline sont manouvriers, autant dire que nous sommes des gens pauvres mais fiers comme ceux d’ici.

Nous habitons le petit village de Samoussy au nord-est de Laon. Il est bordé par une immense forêt domaniale et des marais et abrite quelques 200 âmes.
On raconte que l’illustre Charlemagne y est né en 771.
Le village est constitué d’une vingtaine de maisons et de quatre grosses fermes qui exploitent les terres alentours et emploient les habitants.
Nous travaillons durement et nous gagnons notre vie chichement.
En été, le salaire moyen est de 3 Frs pour les hommes, 2 Frs pour les femmes et de 1 Frs pour les enfants. L’hiver, les salaires sont inférieurs.
Pour subsister, nous nous nourrissons essentiellement de pommes de terre,  de soupe de légumes et de lard.
Les jours de fête, nous mangeons parfois de la viande.
Le dimanche, durant la belle saison, nous nous rencontrons entre voisins et nous organisons des jeux.
         

-En 1870, j’ai deux ans

… La France déclare la guerre à la Prusse ! Mais après la défaite des français à Sedan, l’ennemi envahit notre région.
Ce n’est pas la première fois, déjà en 1814, les prussiens ont occupé nos campagnes et ont tout dévasté.

Après cette guerre, un décret gouvernemental ordonne aux communes d’ériger des monuments pour commémorer les morts pour la patrie.

A l’école, j’ai appris à écrire, à lire et à compter. D’ailleurs, lors du recrutement militaire, l’armée indique que mon degré d’instruction est de niveau 3.

-Au printemps 1877, Adeline ma sœur, met au monde un fruit défendu : une petite Jeanne Marthe.
Fort heureusement, en octobre de la même année, elle épouse le père de l’enfant : Joseph Victor MATHIEU, un jeune veuf.

Le 14 juillet 1880, nous célébrons pour la première fois la Fête nationale.
Nous jouissons de nouvelles libertés : les réunions publiques sont autorisées et la presse est libre de s’exprimer comme elle le souhaite.
Et Jules FERRY instaure l’école laïque, gratuite et obligatoire.

-Le 8 mars 1889, j’ai 21 ans. Je mesure 1m72. Je suis brun et j’ai les yeux gris. Je m’engage comme volontaire dans l’armée pour cinq ans. J’intègre le 3ème Bataillon d’Artillerie de Forteresse.

Tandis qu’à Paris, un certain Eiffel construit une immense tour en fer pour la grande Exposition Universelle.

-Puis, je passe dans la réserve en mars 1892 et j’entre dans le Bataillon d’artillerie à pied de Maubeuge.
Démobilisé, j’épouse Alphonsine Octavie Wallon, le samedi 10 septembre 1892. C’est une jeune fille du village voisin , Athies-sous-Laon. Elle a 22 ans et elle est manouvrière. Nos parents et nos amis sont présents à la mairie de Samoussy.
Nous signons l’acte de mariage, excepté ma belle-mère et son frère qui ont déclaré ne pas savoir.
Sept mois plus tard, le 22 avril 1893, notre premier enfant vient au monde, un garçon que nous appelons Jules Alphonse. Trop fragile, il ne vit que 17 jours avant de rejoindre les anges.
Puis, le 14 juillet, pendant que le pays est en liesse… nous pleurons la disparition de ma sœur.
Un an après, le 19 juin 1894, Alphonsine accouche d’une petite fille : Elise Germaine. 

Cette même année, la France est secouée par une affaire d’état : un capitaine nommé Dreyfus est accusé de trahison au profit de l’Allemagne. Il est condamné à la dégradation et à la déportation à vie… La controverse divise le pays…!

-Ici, la vie continue et au fil des années, entre 1895 et 1911, nous aurons 11 autres enfants, 4 garçons et 7 filles : Germaine, Julienne, Emilienne, Andréa, Marcelle, René, Ida, Jules, André, Michel et Alice.

-Nous nous installons successivement à Athies-sous-Laon, à Samoussy puis à Gizy ; là où je trouve du travail car je suis également manouvrier et je dois travailler durement pour nourrir mes petits.

Pendant ce temps, une découverte bouleverse le monde…
Les frères Lumière inventent : le cinématographe ! C’est un énorme succès qui attire la foule…

-Mais cela n’amadoue pas mon caractère, je suis querelleur. Par deux fois, je suis condamné pour coups et blessures volontaires par le Tribunal Correctionnel de Laon. La première fois, le 22 mai 1896, par défaut, à huit jours de prison et la seconde fois, le 2 mai 1903, à cinquante francs d’amende.

-Puis, mon père s’éteint le 29 décembre 1902, dans sa maison. Il avait 73 ans.

Il ne connaîtra pas les bouleversements émergents avec la naissance du XXe siècle : le pays s’industrialise néanmoins, dans nos campagnes, les choses évoluent plus lentement.
D’ailleurs, certains d’entre nous vont chercher une vie meilleure dans des contrées lointaines comme l’Algérie.
La République est partisane de la laïcisation et vote, en 1905, la loi sur la séparation de l’Église et de l’Etat.

Et bientôt, des évènements internationaux vont mener l’Europe vers un cataclysme : l’assassinat d’un Archiduc et un jeu d’alliances nous oblige à entrer, de nouveau, en guerre.
En août 1914, plus de trois millions d’hommes sont mobilisés.
Le conflit est mondial !

Pendant quatre ans, notre région est occupée par l’ennemi.
Les tranchées, où les soldats se battent, ne sont qu’à quelques kilomètres à vol d’oiseau de nos habitations.
Nous, les civils, subissons les exactions, les privations et les vexations que les allemands nous infligent.

-Cinq ans après la Première Guerre Mondiale, Alphonsine décède à l’Hôtel-Dieu de Laon, le 16 février 1923.

Tu sais, la guerre nous a traumatisés… Aujourd’hui, certains veulent tourner la page et retrouver l’insouciance d’avant.
Nous vivons les « Années Folles » !
On m’a raconté qu’à Paris, une jeune danseuse noire, Joséphine Baker, se produit dans un spectacle appelé « La Revue Nègre ».

-Moi aussi, j’aspire à une certaine quiétude. Je me remarie avec Marie Elvire VANPUYVELDE, le samedi 7 juillet 1928 à 16:45 à la mairie d’Athies s/Laon…
J’ai 60 ans et je ne veux pas finir ma vie, seul…

Pendant l’été 1936, le Front Populaire fait voter deux lois : la réduction du temps de travail hebdomadaire et l’octroie de deux semaines de congés payés.

Après une période de paix appréciable, la montée du fascisme en Europe, laisse à nouveau, planer le spectre d’un nouveau conflit…
Le 3 septembre 1939, soutenus par le Royaume Uni, nous déclarons la guerre à l’Allemagne.
C’est la Seconde Guerre Mondiale !

-Hélas, je ne verrai pas la fin des combats !
Pour moi, l’ultime moment est arrivé. Je m’éteins le 6 janvier 1942 à 22h00 à mon domicile.
Ainsi, s’achève mon récit…

-Mais, je ne me suis pas présenté,
Je m’appelle Jules André Marly. Je suis ton grand-père…

Signature de Jules André Marly

Sources :
Acte de naissance de Jules : A.D Aisne : 5Mi0111(1863-1892) vue 33
Acte de mariage de Jules & Octavie : Mairie de Samoussy
Acte de décès de Jules : Mairie d’Athies S/Laon
Fiche matricule militaire de Jules : A.D Aisne : 20R051 (1888) 
Acte de mariage de Adeline & Joseph : Mairie de Samoussy
Monographie de la commune de Samoussy : www.genealogie-aisne.com
 Contexte – Thierry Sabot – Editions Thisa
 Bescherelle – Chronologie de l’Histoire de France – Hatier
 Images :
– Collection personnelle – Les carrières d’images aux Baux de Provence
– Carte de Cassini – BNF – http://www.gencom.org
– Construction de la tour Eiffel en 1888 – Gallica -BNF
– Affiche Cinématographe Lumière -Gallica – BNF

La Revue Française de Généalogie…

Avez-vous déjà éprouvé ce délicieux moment où un petit frisson vous envahit comme si  « un inconnu vous offrait des fleurs » ?

Et bien, c’est ce que j’ai ressenti, aujourd’hui…

La raison de ce bonheur est la lecture de la
Revue Française de Généalogie n° 211 (avril-mai 2014)
accompagnée d’un hors série n° 38 :
Généalogie et histoire familiale sur Internet !

Avec ce numéro spécial,  la RFG s’intéresse au monde des généablogueurs.

Dans la revue, vous trouverez des astuces et des conseils, les blogs qui ont participé au Challenge AZ 2013 organisé par Sophie Boudarel de la Gazette des Ancêtres, ainsi que :

  •  Une sélection des blogs à suivre
  • Comment être informé des meilleurs articles
  • 14 conseils pour créer et écrire sur votre blog
  • + 32 exemples originaux

Et parmi la sélection des 32 articles, choisis entre un peu plus d’un millier, se trouve un de mes billets : B comme Badestamier,  issu du Challenge AZ 2013.

Lorsque j’ai créé mon blog, je n’aurais jamais imaginé être éditée dans une revue nationale au milieu de blogs reconnus. Je n’y pensais même pas… C’est donc, une grande et belle surprise !

C’est avec beaucoup d’émotion que j’adresse mes remerciements à la Revue Française de Généalogie qui fêtera son 35e anniversaire dans quelques jours, ainsi qu’à Sophie Boudarel sans oublier, Hélène Soula, qui m’ont donné l’envie d’écrire !

 

# Fête de l’Internet…

Avec le retour du printemps, nous célébrons également cet espace virtuel qu’est Internet… Je réponds en cela à l’invitation de Sophie de la Gazette des Ancêtres.

Notre participation doit répondre à deux critères :

– Pourquoi avoir créer un blog :

En septembre 2012, j’ai participé à un stage organisé par la Revue Française de Généalogie et dont le thème était : « Écrire et raconter son histoire familiale ».
Je ne vais pas relater ici la genèse du stage, je l’ai déjà fait ; mais une intervenante convaincante : Sophie… nous a expliqué pourquoi et comment concevoir un blog…

Une semaine plus tard, je créais un blog généalogique et j’écrivais mon premier article.
Mes débuts ont été hésitants et je me suis posée beaucoup de questions, entre autres : la vie de mes ancêtres intéressait-elle d’autres personnes ? Mais les visites et les commentaires laissés sur le blog ont balayé mes doutes.
J’ai persévéré et aujourd’hui, je suis heureuse d’écrire et de partager mes billets :

Écrire : La généalogie n’est pas qu’une recherche d’actes, c’est aussi une quête qui m’emmène sur les traces de mes ancêtres : les replacer dans leur contexte historique, social, géographique… Et rédiger des articles sur leur histoire me permet de mieux les appréhender. J’ai, ainsi, l’impression de mieux les connaître.

Partager : Car il s’agit aussi de cela : je partage avec mes proches, bien sur, mais également avec la famille  des généablogueurs. Et, quelle Famille… Une famille qui me fait voyager et me fait découvrir des récits aussi divers que variés et également très enrichissants. J’apprends énormément et je suis ravie de faire partie de cette communauté !

– Mettre en avant un blog existant et pourquoi :

Quel dilemme ! Ce n’est pas un mais plusieurs blogs que je souhaiterai mettre en avant… Amis généablogueurs, ne m’en voulez pas, mais je dois jouer le jeu…
Aussi, j’ai choisi le blog de Fabien Larue :

                                http://www.genealecole.blogspot.com/

L’idée de partager cette passion avec nos « jeunes pousses » est une belle initiative qui leur permet d’aborder toutes les matières scolaires de façon personnelle et ludique. Quel plaisir !

J’aurais aimé apprendre de cette façon…

Et puis, cela fera taire les esprits chagrins qui pensent que la généalogie est réservée aux retraités poussiéreux et passéistes !

La Béate….

En Auvergne, la Béate était un personnage singulier.

 L’Église inquiète de l’ignorance religieuse dans laquelle se trouvait une grande partie de la population, surtout dans les villages reculés et difficiles d’accès, fonda au XVIIe siècle : « Les Demoiselles de l’instruction ».
L’institution dépendait de l’Évêcher du Puy-en-Velay….
Dans les familles nombreuses, il existait des filles « vilains petits canards » qui ne trouvaient pas à se marier. La congrégation des Demoiselles de l’Instruction recrutait parmi elles la future Béate.

Envoyée au couvent pour un an ou deux, elle y recevait un enseignement religieux et quelques rudiments scolaires : écriture, lecture et calcul. Elle y apprenait aussi l’art de la dentelle.
Bien que très pieuse, la demoiselle n’était pas religieuse et ne prononçait pas de vœux.
Elle était vêtue d’une robe de laine noire et d’un voile de la même couleur.
Puis à sa demande, elle se fixait dans un village. Sa maison construite par les villageois s’appelait « l’assemblée ». Elle était surmontée d’un petit clocheton qui rythmait la vie du village.
Dévouée entièrement aux habitants, la Béate recevait des dons en nature pour subsister.
La Béate servait d’intermédiaire avec le curé de la paroisse. Elle avait pour principale mission d’enseigner aux enfants, enseignement aléatoire car il était à la mesure de ses propres connaissances.

Elle jouait un grand rôle dans la formation des jeunes filles notamment pour apprendre la dentelle et contribuait au développement de ce métier.

C’est à l‘assemblée que la gente féminine se réunissait pour faire « couvige » (lire M comme métier).

La Béate avait, par ailleurs, beaucoup d’influence sur les villageoises.

Outre son rôle d’enseignante, elle faisait également office de garde-malade. Elle habillait et veillait les défunts. Elle consolait les malheureux et elle contribuait à la bonne harmonie dans le village.
Sa maison servait d’école mais également d’asile, de crèche et d’infirmerie.

Les villages ancestraux de Bournoncle, Saint Géron, Balsac, Saint-Beauzire et Saint-Ilpize ont recensé des Béates qui cohabitaient avec les aïeux de mon mari.

Entre le XVIIe et le XIXe siècle, le rôle de la Béate n’était pas négligeable. En 1847, on en comptait environ 1294 en Haute-Loire.
Mais les lois de Jules Ferry qui obligèrent la nomination d’institutrices laïques formées à l’École Normale sonnèrent la fin de l’existence des Béates.

Aujourd’hui, les Béates ont disparu mais, quelques unes de leurs maisons ont traversé le temps.
D’ailleurs, si vous vous promenez dans les villages altiligériens, vous les apercevrez, peut-être, surmontées de leur petit clocheton !

Sources : Almanach de Brioude : Les Béates dans la communauté de Brioude – Nicole Darpoux
                Histoire sociale Haute-Loire : Dentelles et dentellières 400 ans d’histoire – R. Vacheron
 Image :  site http://www.geneal43.fr

#Généathème : M comme Métier




En mars, nous retroussons nos manches et nous parlons « métier » !

Le généathème met à l’honneur un métier trouvé chez mes ancêtres normands et également chez les ancêtres auvergnats.
Un métier dont le produit fini est raffiné et délicat, un métier exigeant dextérité et application,  mais un métier rapportant un salaire de misère, un métier que nos aïeules pratiquaient une quinzaine d’heures par jour, cela dès l’âge de six ans et jusqu’à la fin de leur vie.
Ce métier est celui de dentellière.

La dentelle fait son apparition à Venise à la fin du XVe siècle. D’abord assimilé à la passementerie, le terme « dentelle » apparaît en France au XVIe siècle.
On distingue deux sortes de fabrication : la dentelle à l’aiguille et la dentelle aux fuseaux, moins noble que la première.

Au XVIIe siècle, la dentelle connaît un essor considérable. Les nobles s’entichent de ces tissus précieux : le volume de dentelle porté est proportionnel au nombre de titres de noblesse.  Au point que Louis XIII en réglemente l’usage par quatre édits dits lois somptuaires mais ceux-ci ne sont pas respectés.
Bien au contraire, l’engouement pour la dentelle est décuplé.

L’Église tient une place importante dans son développement : les couvents et les orphelinats emploient une main-d’œuvre bon marché. (voir article : L’hospice Saint-Louis)
Et sous Louis XIV, Colbert qui souhaite concurrencer la production étrangère, installe des manufactures royales à Alençon, Valenciennes et Aurillac.

En Haute-Loire, la dentelle apparaît dans la ville du Puy avant de se répandre dans les campagnes vellaves où chaque paysanne possède son carreau.
Les femmes font couvige : l’été, elles se rassemblent à l’ombre d’une grange et l’hiver, au coin de l’âtre pendant les veillées.
A la fin du XVIIe siècle, une profession d’intermédiaires se développe : les leveurs. Ils sillonnent les villages et collectent la production des denteleuses pour le compte des négociants. Ils fixent eux- mêmes le prix d’achat de la dentelle : beaucoup vont s’enrichir au détriment de ces laborieuses.
La dentelle est payée à la longueur mesurée sur une planchette en bois de 120cm appelée : l’aune.

La Révolution met un terme à la production et la dentelle a failli disparaître car elle est synonyme d’élégance aristocratique.

A partir de 1850, les manufactures se développent ; la dentelle se mécanise. Grâce à ces nouvelles technologies, la fabrication s’améliore considérablement ; c’est l’âge d’or de la dentelle.
Mais la mécanisation sonne le glas de la production manuelle.

Au début du XXe siècle, l’Assemblée Nationale vote une loi pour favoriser l’enseignement de la dentelle dans les écoles des départements où la fabrication est en usage ; principalement en Haute-Loire et dans le Calvados. Mais la Première Guerre mondiale a raison de cette initiative.

Malgré tout, quelques écoles subsistent encore à Alençon et au Puy où s’est créé en 1976 le Conservatoire National de la Dentelle du Puy.

Si aujourd’hui, la dentelle est un produit commun, difficile d’imaginer quelle a été la condition de vie des dentellières :
Des siècles durant, les femmes seules étaient extrêmement nombreuses : veuves, célibataires avec ou sans enfant. La fabrication de dentelle était leur seule ressource les obligeant à travailler 15 à 18 heures par jour pour un salaire dérisoire.
Le salaire journalier était de 30 centimes en 1820 et de 50 à 60 centimes en 1880.
A cela, s’ajoute la pénibilité du travail, le docteur F. Martel déclare en 1853 : «  La vie pénible des dentellières les rendaient sujettes à trois maladies caractéristiques : la cécité due aux efforts des yeux et au manque de lumière, la déformation de la colonne vertébrale consécutive à la position penchée, les troubles des voies respiratoires dus aux sels de plomb dits blancs de plomb qui servaient à blanchir les dentelles et qu’elles respiraient toute la journée. »

Si la dentelle est synonyme de raffinement, la vie de ces femmes a été frustre !





Source : Histoire locale Haute-Loire : Dentelle et dentellières, quatre cents ans d’histoire
                                                                        Raymond Vacheron
               Histoire de la dentelle en Normandie : Wikipédia

               Image : collection personnelle : dentelle aux fuseaux du Puy