En octobre, Ma Cuisine Ancestrale révise l’Histoire et part sur les traces d’un Robin des Bois à la française qui vécut au XIXe siècle.
Jean GOURINCHAS dit Burgou ou Burgout(cliquez pour découvrir sa rocambolesque histoire) était un voleur et chef de bande, né le 10 avril 1811 à la Nadalie, commune de Marval, dans les monts de Châlus en Limousin, et, mort à 85 ans, le 10 décembre 1895, à Vicq-sur-Breuilh comme l’attestent ses actes de naissance et de décès :
La mémoire populaire a fait de lui un bandit « au grand cœur », un enfant du peuple qui, comme Robin Hood (Wood), vole à juste titre les riches pour donner aux pauvres. Devenu une des identités du Haut Limousin, le pays de Châlus lui a rendu hommage, en créant un gâteau aux châtaignes appelé Burgou. Ce gâteau de voyage est né d’une initiative menée par des pâtissiers de la Haute Vienne pour créer une gourmandise qui met en valeur les produits de la région et célèbre ce personnage hors du commun. Le burgou est un gâteau à la pâte moelleuse rappelant le pain d’épice qui associe miel, amandes et un produit phare, la châtaigne.
La cuisine nous offre des découvertes surprenantes, comme ce brigand devenu une légende du Pays de Châlus. Et Ma Cuisine Ancestrale aime ce mélange malicieux et délicieux d’histoire, de généalogie et de pâtisserie.
Et vous, qu’en pensez-vous ? En attendant notre prochain rendez-vous, régalez-vous , moi, c’est déjà fait !
Sources : A.D Haute-Vienne – Marval et Vicq-sur-Breuilh Recette : ilétaitungateau.com Origine : patrimoinecognac87.ovh Photos et image : collection personnelle
💖🍾🎂 Aujourd’hui, Ciel ! Mes aïeux a10 ans 🎂🍾💖 Ma cuisine ancestrale célèbre cet évènement.
Mais, avant de déguster ce gâteau, remontons le temps :
Il se dit que les premiers anniversaires auraient vu le jour en Egypte. Les pharaons fêtaient leurs anniversaires non pas de leur jour de naissance mais lors du premier jour de leur règne. A cette occasion, de grandes festivités étaient organisées sur fond d’offrandes et de sacrifices.
De leur côté, les Perses et Chinois – tous deux grands connaisseurs d’astrologie – célébraient leur jour de naissance autour d’un grand banquet.
C’est aussi le cas des Grecs et des Romains. Ces derniers pensaient que chaque personne était entouré d’un « Esprit protecteur » ou « Daimôn » qui veillait sur lui de sa naissance jusqu’à sa mort. Cet « Esprit » était en relation mystique avec le dieu dont l’anniversaire correspondait au jour de naissance de l’individu. On retrouve encore aujourd’hui l’héritage de cette croyance dans les notions d’Ange-Gardien ou de Saint-Patron.
L’apparition du gâteau avec des bougies provient des Grecs qui avaient coutume de déposer des gâteaux ronds avec des bougies sur le Temple de la déesse Artémis. Ces bougies, symbolisant la lumière et le reflet terrestre de la déesse, étaient aussi l’occasion d’émettre un vœu en soufflant les bougies.
Mais les chrétiens rejetèrent ces coutumes païennes et ça n’est qu’au XIIIe siècle que le gâteau d’anniversaire avec des bougies fit son grand retour en Allemagne lors les « kinderfeste », considérés comme les premiers goûters d’anniversaire.
En France, jusqu’au XVIIIe siècle, on avait coutume non pas de fêter les anniversaires, mais le jour du Saint dont on portait le nom.
C’est sous l’influence des Anglo-Saxons, que l’anniversaire s’est progressivement installé dans les traditions françaises et fut même inscrit dans les traités de savoir-vivre au XIXe siècle .
Aujourd’hui, l’anniversaire est une véritable institution qui valorise l’individu et permet de renforcer les liens sociaux. Les sociologues parlent même de rituel d’anniversaire, pour la plus grande joie des petits et des grands !
Pour Ma Cuisine Ancestrale, anniversaire rime avec gâteau au chocolat mais, pas n’importe lequel puisqu’il s’agit du gâteau au chocolat de Metz. C’est un gâteau à l’ancienne, léger comme une génoise et comme beaucoup de recettes lorraines, il est à base de crème, élément phare de la région. Il est, aussi, le rival du gâteau au chocolat de Nancy qui, lui, est réalisé avec de la poudre d’amandes et du beurre.
Note : Traditionnellement, ce gâteau est décoré avec du sucre glace.
Un homme célèbre a dit : « Les anniversaires ne valent que s’ils constituent des ponts vers l’avenir « Alors, je fais le vœu que Ciel ! Mes aïeux franchisse encore de nombreux ponts, accompagné de votre fidélité, de votre bienveillance et de votre gourmandise.
En attendant, régalez vous ! Moi, c’est déjà fait !
Sources : Origine anniversaire : https://quizotresor.com Recette : https://www.francebleu.fr/emissions/cuisine-ensemble-sur-france-bleu-lorraine/ Photos et image : collection personnelle
Il fait beau, il fait chaud et Ma Cuisine Ancestrale profite des derniers jours de vacances pour vous emmener dans la Drôme à Romans-sur-Isère. Si la ville était, autrefois, réputée pour être la capitale de la chaussure, elle l’est toujours pour être celle des lunettes… non pas celles pour mieux voir mais celles à croquer.
Même si on en trouve un peu partout en France, les lunettes de Romans sont l’une des spécialités typiques de cette cité. Ces délicieux sablés ovales, fourrés à la confiture et recouverts de sucre glace, ont été baptisés ainsi car ils sont percés de deux trous faisant penser à des lunettes.
Ce gâteau est dérivé d’un biscuit italien, le milanais, dont la fabrication remonte au Moyen Âge, en Italie. C’est un sablé percé d’un trou, que des immigrants transalpins auraient fait connaître dans le Dauphiné. Les Piémontais, venus dans le Vercors, région productrice de fruits, reconstituèrent leur pâtisserie en la fourrant de confiture de fruits.
Actuellement, si ce milanais est toujours fabriqué en Italie, il est aussi et surtout devenu un biscuit de Noël, incontournable en Suisse et un grand classique de la cuisine helvétique.
Pour la recette, c’est par ici :
Souvenir d’enfance par excellence, nous nous rappelons tous avoir vu ces biscuits dans la vitrine du boulanger, et de les avoir dégustés à l’heure du goûter. La régression a parfois du bon alors, d’ici notre prochain rendez-vous, revivez vos jeunes années et régalez-vous ! Moi, c’est déjà fait 😋
Sources : Origine et recette : vacances-vertes.net Photos et Images : Collection Personnelle
En juillet, Ma cuisine ancestrale fait escale dans le sud-ouest, plus exactement dans le Tarn et part à la découverte du poumpet aussi appelé feuillât.
Ce gâteau serait né dans des contrées très éloignées puisqu’il aurait été importé par les Sarrasins lors de leur invasion en Europe au VIIIème siècle.
Ce serait donc un gâteau d’origine arabe dont il a conservé plusieurs caractéristiques communes avec leurs pâtisseries : le sucre, les agrumes et les valeurs nutritionnelles.
Durant plusieurs siècles, cette recette élaborée à base de saindoux ou de graisse d’oie (aujourd’hui, on utilise du beurre), d’œufs, de farine, de sucre, de miel et de zestes de citron, s’est transmise de mère en fille qui la confectionnait pour les grandes occasions d’où le nom occitan de poumpet, qui signifie littéralement gâteau de fête (fête se traduisant en patois local par pompa). À cette époque, cette spécialité culinaire n’était réalisée que dans le canton de Soual et de Sémalens, deux villages voisins et situés sur le territoire de Castres.
En 1894, un pâtissier de Soual, Mr Gelis a fabriqué et commercialisé le poumpet sous le nom plus vendeur de feuillât car plusieurs couches de pâte et de graisse d’oie successives lui donnaient un aspect feuilleté. Ce gâteau était parfumé au citron, à la fleur d’oranger ou à la bergamote uniquement. La recette originale fut transmise ensuite aux acquéreurs successifs de la pâtisserie de M. Gelis, maintenant aux mains de la famille Andrieu. En 1985,la Confrérie du Poumpet fut créée à Soual, devenue depuis la Confrérie du Feuillâtafin de perpétuer sa tradition.
Chaque pâtissier garde précieusement la recette de son poumpet mais, il existe des bases communes à ce gâteau. Quoi qu’il en soit, le poumpet est réalisé avec des citrons, sinon, ce n’est pas un poumpet, qu’on se le dise !
Note : j’ai préféré râper les zestes des citrons
Les tarnais sont très fiers de ce gâteau ancestral… un héritage concédé depuis des temps très anciens, de mère en fille et de pâtissier à pâtissier. Ce dessert simplissime démontre encore une fois que l’Histoire et la transmission passe aussi par la cuisine.
Je vous souhaite un bel été, de bonnes vacances aux juilletistes et d’ici notre prochain rendez-vous, régalez vous ! Moi, c’est déjà fait !
Sources : Ladépeche.fr : Soual, sur les terres ancestrales du Poumpet Images : collection personnelle
Autrefois, chez nos ancêtres, lorsque l’enfant paraissait, il était urgent de le baptiser. Aujourd’hui, l’évènement n’est plus impérieux… Néanmoins, cette cérémonie est accompagnée de rituels gourmands qui existent depuis fort longtemps comme offrir des dragées et des gâteaux aux parents et amis.
Les gâteaux étaient et sont toujours un gage affectueux et amical de convivialité, de partage et de remerciement. D’ailleurs, Pierre Jean-Baptiste Legrand D’Aussy (°1737 +1800), un historien du XVIIIe siècle, a écrit :
« C’était un gâteau qu’offraient à l’Eglise les femmes nouvellement accouchées lorsqu’elles allaient se faire relever… J’en ai parlé ICI Enfin, c’est un gâteau qui formait le plat principal de la collation qu’on donnait à la suite du baptême d’un enfant et sur ce point Paris, jusque vers la fin du siècle [XVIIe siècle] ne différait point des autres villes du Royaume. »
Et cette tradition a perduré jusqu’au début du XIXe siècle selon Grimod de La Reynière (°1758+1837), mais :
« C’est cependant moins un goûter qu’un ambigu puisqu’on y sert des viandes chaudes et froides et que l’on y boit du vin. »
Puis, dans les grandes villes, la collation devenue repas familial, celui-ci se terminait par une pièce montée. Et, au fil du temps, cet usage s’est aussi rependu dans les campagnes.
Cependant, loin du raffinement de ce croquembouche, certaines régions se démarquaient en servant leur spécialité gourmande du terroir comme : les pognons aux peurniaux dans le Rhône, les kugelhofsen Alsace, lapompe en Provence, la brioche tresséeen Lorraine, la brioche en forme de bébé emmaillotédans le Nord et l’Est de l’hexagone, etc…
En Bretagne, on servait des farz…(traduisez par farine, gruau…) Il existe plus de 60 recettes de farz salés ou sucrés selon Patrick Hervé, auteur d’un livre sur ces spécialités bretonnes. Au XVIIIe siècle, un farz était une bouillie de farine accompagnée de légumes et parfois de lard ou de viande, le kig ha farz, un plat qui a retrouvé ses lettres de noblesse de nos jours. Au fil du temps, la recette salée va également donner naissance à une recette sucrée. Au XIXe siècle, on ajoute du lait et du sucre à la farine. La transformation de la simple bouillie à un dessert a lieu surtout dans les familles les plus aisées. Puis, la recette s’agrémente d’œufs et de beurre (salé, bien sûr)… Le far est né et le plus célèbre est le farz prun ou far aux pruneaux, un emblème de la pâtisserie bretonne.
Le saviez-vous ? Les pruneaux, une histoire de marins : Au 19e siècle, ceux-ci échangeaient du poisson (morue) contre un fruit sec venu d’Agen qui, riche en vitamine C, permettait de se prémunir du scorbut, une terrible maladie qui décimaient les marins. Très vite, la Bretagne adopte le pruneau et celui-ci fait son entrée dans la traditionnelle recette du far !
Voici une seconde recette peu connue. Originaire du Nord-Finistère (terre ancestrale), il s’agit du farz pitilig ou far à la poêle. C’est une sorte de dessert à mi-chemin entre le far et la crêpe épaisse, un plat rapide à réaliser et qui est servi, selon le niveau de gourmandise, avec un peu de beurre, de sucre, de confiture, de caramel ou autre…
Bien loin des gâteaux de baptême d’aujourd’hui, j’apprécie la simplicité de ces deux recettes qui nous rappellent que nos ancêtres se régalaient avec peu. En attendant notre prochain rendez-vous, à vous d’apprécier cette collation… moi, c’est déjà fait !
Avec mes pensées amicales pour Brigitte, fraîchement promue Sosa 7 et Andréa, son tout petit Sosa 1 💕
Sources : Dictionnaire de la gourmandise – Annie PERRIER-ROBERT Fars bretons et Kig Ha Farz –Patrick HERVE – Editions Skol Vreizh. Recettes : Kevin Adkins, pâtissier de la maison Coupel située à Rennes (meilleur far aux pruneaux en 2017 et 2018) Hélène Créac’hcadec, spécialiste du farz pitilig baiedemporlaix.bzh : recette du kig ha farz Image gratuite de mer : Christel SAGNIEZ de Pixabay Images : collection personnelle
En mars, le #Généathème proposé par Geneatech, dont le thème est l’année 1832, s’invite à la table de #MaCuisineAncestrale... Et j’avoue que j’aime bien cette idée !
Côté Histoire : En 1832, la France vit sous le régime de la Monarchie de Juillet et est gouvernée par Louis Philippe 1er. L’année est marquée, entre autres, par des émeutes, une tentative de soulèvement en Vendée, une insurrection républicaine à Paris et une épidémie de choléra qui fera plus de 100 000 morts dans l’hexagone.
Voilà ce que la grande Histoire nous apprend, mais nous ignorons que cette pandémie ferait disparaître également une tradition locale !
Cet usage est né à Armentières, petite cité du Nord, au XVIe siècle :
À l’origine, la Nieulle orthographiée « Nieule » au XVe siècle, était une sorte de pain azyme (ancien pain aux céréales à la pâte non levée) que l’on distribuait dans les grands repas et les fêtes.
En mai 1510, lors d’un banquet offert à l’occasion de la foire annuelle, par les échevins d’Armentières en l’honneur de Jacques de Luxembourg, Seigneur de la ville, le surplus des biscuits du repas furent jetés au peuple du balcon de l’Hôtel de ville.
La tradition était née se perpétuant ainsi jusqu’en 1832, non sans avoir été supprimée au lendemain de la Révolution et rétablie vers 1800.
Après une tentative de réhabilitation fugace en 1938, il fallut attendre 1950 pour que les commerçants eurent l’idée de relancer cette coutume disparue. Depuis lors, chaque année, en septembre, on célèbre les nieulles lors d’une ducasse (fête), où des milliers de ces gâteaux sont jetés des fenêtres du Beffroi d’Armentières.
Côté Cuisine : Aujourd’hui, les nieulles sont des biscuits sablés ronds à bord cannelé réalisés à base de farine, de beurre, de jaunes d’œufs, de lait, de sucre et de vanille.
Je ne sais pas pour vous, mais je raffole de ces petites histoires, surtout lorsqu’elles sont gourmandes… D’ici notre prochain rendez-vous, régalez vous ! Moi, c’est déjà fait !
Sources : Origine des nieulles : Dictionnaire de la Gourmandise – Annie PERRIER-ROBERT Recette : cuisineterroirs.com Images : Collection personnelle
En février,Ma Cuisine Ancestrale raconte mon gâteau préféré, celui qui fait frétiller mes papilles de plaisir.
Le millefeuille ou mille-feuille, les deux orthographes étant correctes, doit son nom au nombre élevé de feuillets de pâte qui composent chaque gâteau. Compte tenu de la méthode traditionnelle de préparation de la pâte feuilletée, en six étapes de pliages en trois, le mille-feuille comporte en réalité 729 paires de feuillets… Vous suivez ! Eh oui, parfois, la pâtisserie épouse les mathématiques.
Je pensais que le millefeuille était une création récente mais je me trompais puisque la première version remonterait au XVIIe siècle.
Côté histoire : Le millefeuille aurait été créé par François Pierre de La Varenne, qui le décrit dans son livre « Le Cuisinier françois » en 1651. Il aurait été ensuite perfectionné par Marie-Antoine Carême, cuisinier de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. Maguelonne Toussaint-Salmat, l’autrice de « La très belle et très exquise histoire des gâteaux » mentionne une recette publiée en 1806 et signée d’un certain Rouget.
Mais, c’est en fait la pâtisserie Seugnot située rue du bac à Paris, qui proposa les premiers millefeuilles en 1867 confectionnés par Dubose, le chef pâtissier d’Adolphe Seugnot.
De plus, la perfide Albion aurait inventer une fausse légende : le Millefeuille n’était pas le gâteau préféré de Napoléon Bonaparte qui en aurait attrapé une indigestion à la veille de Waterloo. Napoléon étant par ailleurs le nom de cette pâtisserie en anglais.
Au même titre que d’autres classiques, le mille-feuille symbolise le génie de la pâtisserie française dans le monde entier.
Côté cuisine : Le millefeuille est fait de trois couches de pâte feuilletée et deux couches de crème pâtissière aromatisée au rhum. Le dessus est recouvert avec du sucre glace ( ma version préférée) ou du fondant. Réalisation pour 8 personnes :
Comme Ma Cuisine Ancestrale, réalisez-vous votre pâte feuilletée ? Non, alors je vous encourage à le faire… C’est un peu long mais, elle est bien meilleure que celle du commerce. Sinon, choisissez un pâte feuilletée pur beurre ou achetez la chez votre boulanger.
Désireux(se) de vous lancer, mieux qu’un long discours, voici un tuto qui explique très bien la méthode du feuilletage ordinaire :
J’espère que ce gâteau ravira vos papilles autant que les miennes. En attendant notre prochain rendez-vous, régalez-vous et dites-moi quel est votre gâteau préféré ! Moi, c’est déjà fait !
Sources : Recette : inspirée par culture-crunch.com Origine du mille-feuille : devenirpatissier.fr Vidéo : devenirpatissier.fr Images : collection personnelle
En ce début d’année, Ma Cuisine Ancestrale vient à la rescousse de tous ceux qui ont le moral dans les chaussettes et leur propose une recette régressive à souhait… une recette « doudou » qui a le pouvoir de nous ramener en enfance (c’est mon cas) et de nous faire oublier, le temps de sa dégustation, la morosité ambiante.
Suivez-moi au pays d’Auge pour y découvrir un dessert au nom étrange, la Teurgoule, dont l’histoire remonte au XVIIIe siècle.
En ce temps-là, la Normandie était une région céréalière. La population se nourrissait essentiellement de bouillies à base de blé, d’orge, d’avoine ou de sarrasin. Mais, la météo capricieuse (on ne parlait pas encore de réchauffement climatique) influençait ce que nos ancêtres mettaient dans leur assiettes. Parfois, la disette s’installait et ce ne sont pas les processions religieuses et encore moins l’interdiction de la libre circulation des grains d’une région à l’autre qui arrangeaient les choses.
En 1757, lors d’une crise alimentaire sévère, il a fallu faire face au déficit des vivres pour éviter les révoltes frumentaires et les émeutes conséquentes dues à la disette. C’est alors que François-Jean ORCEAU DE FONTETTE (1718-1794), Intendant de la Généralité de Caen est intervenu en faveur des plus pauvres.
Depuis 1756, le royaume était en guerre contre les anglais ; une guerre qui a duré 7 ans (1756-1763). En mer, les corsaires normands faisaient la chasse aux navires marchands ennemis. Les briks anglais capturés étaient délestés de leurs denrées provenant desIndes et du Nouveau-Monde : cannelle de Ceylan, riz de Caroline, sucre de Virginie, etc… François-Jean ORCEAU DE FONTETTE eut l’idée de racheter ou de confisquer les cargaisons de riz dérobées pour palier au manque de nourriture. Dans la Généralité de Caen, une grande campagne a, alors, commencé pour faire accepter cette denrée exotique. Les cuisines de l’Intendant ont servi de laboratoire pour accommoder le riz. On y a mis au point une bouillie parfumée avec des épices. Les recettes et les méthodes étaient diversifiées et elles étaient, ensuite, placardées. Les curés, responsables des paroisses, étaient chargés de distribuer le riz et ses recettes.
Mais d’où vient le nom étrange de Teurgoule? En normand, la goule, c’est la gueule, la bouche… Avoir de la goule, c’est être gourmand et à part la terrinée qui renvoie au mode de cuisson, il existe moult synonymes : teurgoule, tourgoule, torgoule, tergoule… mais, toujours avec la goule
Le terme pourrait signifier « qui tord la bouche » ou « qui fait faire la grimace »… parce que nos ancêtres se précipitaient pour avaler cette bouillie trop chaude ou trop roborative, parce que les grains de riz n’avaient pas atteint l’onctuosité des grains d’aujourd’hui ou parce que la cannelle retournait la bouche à cause de sa saveur jusque là inconnue… Quelque soit la raison, ce dessert a su marier le bon lait normand, le riz et la cannelle et a su s’implanter, particulièrement dans le Calvados, et il fait aujourd’hui partie du patrimoine normand.
Autrefois, la teurgoule était cuite dans le four des boulangers après la fournée. Elle mijotait ainsi pendant plusieurs heures sur le reste des braises.
Note : J’ai fait cuire ma terrine à 160°– On peut remplacer la cannelle par de la vanille en poudre, du chocolat, du caramel ou encore du Calvados.
Si vous avez de la goule, sachez que la Teurgoule est encore meilleure accompagnée d’une tranche de Fallue(cliquez pour découvrir la recette)
J’espère que cette recette réconfortante vous mettra du baume au coeur en attendant les jours meilleurs. Et d’ici, notre prochain rendez-vous, régalez-vous ! Moi, c’est déjà fait 😉
Sources: Origine : La Teurgoule, une histoire de corsaires – Annie de GERY Recette : Confrérie de la Teurgoule et de la Fallue en Normandie – Honfleur Images : Collection personnelle
Ho, Ho… Noël approche ! Et en décembre, Ma cuisine ancestrale fait une excursion dans l’Est de la France, en Franche-Comté. Région forestière, l’arbre y est roi et je soupçonne le Père Noël d’y avoir installé ses ateliers avec ses lutins puisque de nombreux chantourneurs y fabriquent des jouets en bois pour gâter les enfants sages.
A l’approche des fêtes de fin d’année, quel plaisir de se réfugier dans les traditions héritées de nos aïeux en faisant appel aux souvenirs de famille. C’est aussi un moment privilégié pour se retrouver et réaliser les recettes d’autrefois. Parmi ces dernières, en Franche-Comté, se trouve une coutume ancienne, le Cugneux ou Quigneu, une brioche que les parrains et marraines offraient à leur filleul(le) le jour de Noël et dans laquelle, ils cachaient une pièce de monnaie. Le nom, la forme et les recettes changent selon les villages : Quignieu, Quegneu, Quigneu ou encore Ramin en d’autres lieux. Plus au nord, la forme n’est pas sans rappeler un nouveau-né emmailloté dans ses langes telle la Coquille en Picardie. La dégustation de ce Cugneux empli de fruits secs, figure la manducation eucharistique (communion) de l’enfant Jésus.
Sans transition, voici la recette empruntée à Mémé Suzanne, habitante de Giromagny (90) :
Notes : Avec les quantités renseignées sur la recette, j’ai réalisé deux brioches et j’ai laissé levé la pâte deux fois une heure.
Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année et d’ici notre prochain rendez-vous, régalez-vous ! Moi, c’est déjà fait 😋
Sources : Recette et origine : giromagny.fr – semaineovert.fr Photos : collection personnelle
La Toussaint approche et sans doute, irez-vous vous recueillir et fleurir les tombes des personnes que vous avez aimées. Ma Cuisine Ancestrale, elle, les commémore à sa manière en partageant la recette des gâteaux de l’âme, des biscuits qui posséderaient un pouvoir.
Avant de vous dévoiler ce pouvoir, une petite précision s’impose : la Toussaint n’est pas la fête des morts ! La Toussaint est une fête catholique, instituée au 8ème siècle et célébrée le 1er novembre en l’honneur de tous les saints connus ou inconnus. Le jour des morts, est célébré officiellement, le 2 novembre. Le 1er novembre est en France, depuis 1801, l’une des quatre fêtes religieuses chômées contrairement à la fête des morts. Cette dernière a été créée en 998 par le Monastère bénédictin de Cluny et a été inscrite par l’Église dans son calendrier universel à partir du 13e siècle, mais elle n’est jamais devenue un jour férié. C’est pour cette raison que nous avons pris l’habitude de nous rendre dans les cimetières le jour de la Toussaint fusionnant ces deux commémorations.
Dans les pays de tradition catholique, des desserts sont confectionnés pour la Toussaint et en souvenir des défunts. Voici quelques gâteaux, pains ou biscuits réalisés pour ces deux fêtes en France (en cliquant sur leur nom, vous trouverez leur recette) :
En Seine-et-Marne, on confectionne des niflettes. Les niflettes remonteraient au Moyen-Âge et seraient originaires de la ville de Provins, mais elles pourraient aussi bien provenir de Coulommiers ou de Nangis. Les niflettes étaient préparées pour le 1er novembre. Selon la tradition, cette pâtisserie était offerte aux orphelins qui pleuraient devant la tombe de leurs parents, en leur disant « ne flete » qui signifie « ne pleure pas ». Cette phrase de consolation serait à l’origine du nom de cette délicieuse pâtisserie. Les niflettes sont des petites tartelettes composées d’un rond de pâte feuilletée, garnie de crème pâtissière. Elles se consomment froides ou tièdes, comme dessert mais aussi à n’importe quel autre moment de la journée ! Pour la recette, je vous invite à visiter le blog : L’arbre de vie de Pascal.
Une seconde spécialité régionale de Provins ou de Meaux… nomméeGâteaubriard de la Toussaint aurait vu le jour au 18e siècle. Certaines pâtisseries et congrégations de la région briarde et de la région parisienne en perpétuent la tradition lors de la fête de la Toussaint. C’est un gâteau composé d’une dacquoise à la pistache, d’une crème Chiboust au citron, surmonté de citron confit et de framboise.
Dans le nord de la Corse, vers Bastia, on confectionne laSalviata ou Serviade, un gâteau en forme de S. J’y avais fait allusion lors de mon #ChallengeAZ en 2015 réservé aux spécialités culinaires de mes ancêtres. En Corse du sud, à Bonifacio, on réalise lepain de Bonifacio ou pain des morts, à l’origine appelé « üga siccata« . Il est préparé le soir de la Toussaint, la veille de la fête des défunts, et laissé sur la table à l’intention des défunts, mais en réalité il est destiné aux plus pauvres. C’est un pain à base de farine, levure de boulanger, eau, beurre, sucre, sel, œufs, lait, raisins secs, noix et citron.
En Bretagne, l’usage voulait qu’à la Toussaint, on mange des crêpes de blé noir en prenant soin de garder la « part des morts ». Autrefois, on voyait les enfants aller de village en village, munis d’une sonnette pour quêter la « crêpe des trépassés.
Aux confins de la Normandie et de la Picardie, dans le pays de Bray, on mange le Pâté aux poires de Fisée. La poire de Fisée ou poire de Fusée ( Fisée étant la forme dialectale normande de fusée) est une spécialité normande de cette région. La Poire de Fisée serait la Fusée d’Automne, une variété ancienne originaire de Haute-Saxe, mentionnée en 1628 par le procureur du roi à Orléans. Devenu rare, l’arbre est toujours cultivé dans le nord du département de Seine-Maritime. Sa chair est dure et blanche mais, devient rougeâtre à la cuisson. La poire n’est consommable que cuite sous forme de confitures, de fruits confits et de tarte. Elle est aussi utilisée pour la fabrication du poiré, cidre obtenu à partir des poires. Le pâté de poires de Fisée est un gâteau aux senteurs d’automne qui se déguste à la Toussaint autour de Dieppe et de Neufchâtel-en-Bray, période de récolte de ces poires.
En Catalogne, on fabrique despanellets (petits pains), un dessert catalan traditionnel de la Toussaint, consommé à l’occasion de la « Castanyada », fête populaire célébrée la veille ou le jour de la Toussaint, issue d’une ancienne fête rituelle funéraire. Ils existeraient depuis le XVIIè siècle où ils étaient considérés comme un aliment béni à partager après certaines fêtes sacrées. Les panellets bénéficient depuis le 2 octobre 2008 de l’appellation européenne « spécialité traditionnelle garantie »
Dans les Ardennes françaises et belges, on mange la Rouillotte, une brioche qui se présente sous la forme d’une couronne hérissée de petits pics. Selon les dires des anciens, ces pics représentaient les épines de la couronne du Christ. Autrefois, elle était fabriquée pour les fêtes de la Toussaint et autres cérémonies. Lors des messes de ces célébrations, c’est elle que le prêtre consacrait en remplacement du pain béni. Elle est aussi appelée bracelet, boute à bras, tourniot, tournioles, rouillot, rouiette, roulot, caroniot, mayolle, tournisset, wasté…
Une fois n’est pas coutume, Ma Cuisine Ancestrale s’invite chez nos voisins Grands-Bretons, pays des soul cakes (traduction anglaise) Autrefois, lesgâteaux de l’âmeétaient distribués aux enfants et aux pauvres qui allaient de porte en porte, mendiant l’aumône, le jour de la Toussaint . Chaque gâteau mangé libèrerait une âme du purgatoire… J’avoue que cette éventualité m’enchante. Le don et la réception des gâteaux de l’âme ont commencé au Moyen Âge et sont considérés comme à l’origine du « Trick or Treat » d’All Hallow’s Eve, une fête plus connue sous le nom d’Halloween et célébrée la veille de la Toussaint. Mais ça, c’est une autre histoire !
Pour réaliser une trentaine de biscuits :
Ma petite touche personnelle : j’ai remplacé le vinaigre de vin blanc par du vinaigre balsamique blanc (que j’avais dans mon placard) et j’ai ajouté une cuillère à soupe d’eau pour bien amalgamer la pâte.
Ces sablés ressemblent beaucoup aux shortbreads… So british et parfaits avec le thé !
Ce serait merveilleux qu’en unissant notre goût pour la pâtisserie d’autrefois, ces gâteaux libèrent les âmes… Rien ne nous empêche d’y croire et en attendant notre prochain rendez-vous, régalez-vous ! Moi, c’est déjà fait !
Sources : Origine de la Toussaint et de la Fête des morts : Dictionnaire Larousse et lexilogos.com Recette gâteaux de l’âme : sempereademelizabeth.wordpress.com Recette des niflettes : larbredeviedepascal.com Recette de la salviata : les-papilles-sucrees-salees-de-lisulana.over-blog.com Recette du pain de Bonifacio : www.bonifacio.fr Recette du pâté aux poires de Fisée : Keldelice.com Recette des Panellets : jesuisuncuisinier.fr Recette de la Rouillotte : valdardennetourisme.com Photos : collection personnelle