Tous les quatre ans, le mois de février compte un jour supplémentaire avec le 29 février… Ce qui est le cas en 2024, c’est donc une année bissextile. Le phénomène relève d’un problème astronomique. Une année correspond au temps requis à la Terre pour faire un tour complet autour du Soleil. Il faut à notre planète précisément 365,2425 jours (c’est-à-dire 365 jours, 5 heures et 49 minutes et 12 secondes) pour effectuer une révolution complète. Le 29 février, jour intercalaire, est donc un moyen pour rééquilibrer les compteurs. Cela permet aussi et surtout de maintenir le calendrier le plus près possible du rythme des saisons.
Pour nos ancêtres, tout ce qui émanait du ciel les terrorisait… Pour eux, le bissestre(motancien donné au 29 février) était un jour hors du temps qui annonçait le malheur et le danger. Plusieurs croyances populaires le confirment : » Année bissextile, année désastreuse » ou « Il faut remplir son sac et son tonneau, car il y aura famine ».
Jusqu’il y a 300 ans, nos ancêtres considéraient que le 29 février n’était pas un vrai jour. Cette croyance leur interdisait la moindre transaction, ce jour-là.
Le malheur de certains faisait le bonheur de certaines puisque jusqu’au XIXe siècle, dans l’ouest de l’hexagone, les femmes célibataires pouvaient exceptionnellement demander les hommes en mariage lors des années bissextiles. Cette tradition serait née au Ve siècle, en Irlande, suite à un accord entre Saint Patrick et Sainte Brigitte qui se plaignait que les demandes en mariages étaient peu nombreuses. On appelle ce jour-là le « leap day « ou « jour du grand saut« . En Ecosse, si le monsieur refusait, il devait offrir une douzaine de gants à la malheureuse pour cacher le fait qu’elle n’avait pas de bague au doigt.
Dans mon arbre : En l’an 1704, à Etréaupont dans l’Aisne, Barthélémy ACHON et Nicole VITOUX ont prié pour que Nicole n’accouche pas ce maudit jour. Ils sont persuadés que si le bébé arrive, il sera poursuivi par le malheur sa vie durant. Et pourtant, leur fille a fait fi de cette prédiction, en naissant, sous la protection de Saint Auguste et de Sainte Antoinette, les saints du jour.
Nicole Anne a été baptisée le jour même. Son parrain fut Jacques MORNILLE et sa marraine, Marie Anne DUFOUR. Ils ont signé le registre tous les deux. A 38 ans, orpheline de ses parents, mais accompagnée de son frère aîné Louis, elle a épousé Pierre BEFFROY, un cabaretier de quatre ans son cadet, le 22 octobre 1742 à Etréaupont. Elle est décédée dans le même village, le 14 avril 1784, à l’âge honorable de 80 ans. Son mari était présent et a signé l’acte. Alors, le malheur l’a t’elle poursuivie ?
Bien évidement, les archives ne le disent pas… mais gageons que sa vie a été faite de heurts et de malheurs comme chacun loin de toutes ces superstitions.
Et vous, que s’est il passé le 29 février dans vos généalogies ?
Sources: A.D Aisne Etréaupont Acte de naissance 5Mi0749 Vue 33/333 Acte mariage 5Mi0749 1740-1759 Vue 28/235 Acte de décès 5Mi0749 1780 -1789 Vue 88/190 Le Parisien – Ouest France– Mapiwee
Pour ce nouveau généathème, nous vous proposons une variation autour de nombres ! Et pourquoi ne pas se baser sur la nouvelle année qui commence ?
2024 comme … sosa 2024. Qui était-il ? L’avez-vous déjà trouvé ? Vous reste-t-il des recherches à faire à son sujet ? Mais dans 2024 il y a aussi 24 comme…
le 24ème jour… à vous de chercher dans vos anniversaires généalogiques
en parlant d’anniversaires vous pouvez aussi choisir toute autre année se terminant en 24 : 1924, 1824…
24 heures… un événement survenu à minuit
le département de la Dordogne
Désormais, il existe un rituel chez les généanautes, celui de raconter leur Sosa relatif au chiffre de la nouvelle année et beaucoup ont déjà effectué cet exercice avec brio. Pour ma part, je ne peux rien dire sur mon Sosa 2024 car je bloque à la génération de Sosa 1012, son fils, ne trouvant ni sa date, ni son lieu de naissance. -Richard LESAGE né vers 1703, où?… Marié à Catherine FOUCHER, le 22/01/1733 à Courvaudon (14) et décédé à St-Agnan-le-Malherbe (14), le 05/07/1763 à environ 60 ans. Fin momentanée du chapitre (un jour peut-être, je trouverai des réponses) …
Alors, parmi les sept évènements (naissances et décès) qui se sont passés le 24ejour de janvier, j’ai choisi celui-ci (24 pour le jour mais aussi pour l’année) :
René MORIN est né le 24 janvier 1824 à Plouigneau (29). Il est le cinquième des neuf enfants de Sulpice MORIN et de Marie-Jeanne LE BESCOND, Sosa 56 et 57. Comme son père, René commence sa vie en étant cultivateur avant de devenir fournier.
Le 23 Avril 1853, il épouse en premières noces, Barge JEGOU à Plouigneau (29). Il signe l’acte contrairement à sa femme. Le couple s’installe à Plufur dans les Côtes d’Armor (22), une commune distante de 15 kms environ de Plouigneau. Je leur connais trois enfants : – Marie Jeanne Etienne, née le 8 mai 1858. Elle sera ouvrière en tabac. –Marie Louise Françoise, née le 22 juillet 1864. –Guillaume Marie, né le 28 avril 1866.
Barbe, âgée de 37 ans, décède le 2 février 1870 à Morlaix (29).
Trois mois plus tard, le 2 mai, René, 46 ans, épouse en secondes noces, Marie-Françoise MILLOUR, jeune plufurienne de 21 ans.
Je leur connais six enfants : – Marie, né le 6 février 1872. Elle se mariera trois fois à Paris. –Anne Marie, née le 7 février 1874 –Jeanne Marie, née le 12 juin 1877. Elle se mariera deux fois. –Efflam, né le 30 novembre 1878 – Joseph-Marie et François-Marie, nés le 12 septembre 1884.
René MORIN est décédé à 75 ans, probablement à l’hospice comme Barbe, sa première épouse, le vendredi 18 février 1898 à Morlaix (29).
Parmi, les onze évènements de mariage recensés dans mon arbre et celui de Mr, deux retiennent mon attention puisqu’ils ont eu lieu le 24 janvier 1769, le premier dans la Haute-Loire (43) et le second dans le Calvados (14) :
– Jean COURTEIX épouse Marie ACHON, cinquième des neuf enfants de Jacques ACHON, Sosa 64 et de Jeanne ANDRIEUX, Sosa 65 de Mr, à Léotoing (43). Je possède peu de renseignements les concernant hormis qu’il ont eu une fille, Anne, baptisée le 20 février 1773 à Léotoing (43).
– Jean-Louis PAUGER, mon Sosa 510, est domestique et père de quatre enfants. Veuf de Marie Marguerite FILLEUL, Sosa 511, décédée le 23 avril 1768, il épouse en secondes noces, Marie Jeanne COLETTE, à Laize-la-Ville (14) Il a 34 ans et elle 22 ans. Deux enfants viendront agrandir la famille.
Ces deux couples ne se doutaient pas alors que l’histoire et le hasard les réuniraient dans ce billet, malgré la distance qui les séparait.
Pour finir, voici qu’arrive la 24e heure, celle de la mort… Michel CANIVET est mon Sosa 7726 (G13). Il est le bout d’une branche et je sais peu de chose le concernant, seulement qu’il est marié à Antoinette BLANCPAIN et qu’ils ont une fille, Christine, Sosa 3863. Michel est décédé le lundi 2 mars 1676 à minuit à Grentheville dans le Calvados (14) à environ 60 ans comme l’indique son acte de décès :
Bref, je n’ai pas de Sosa 2024, Mr non plus d’ailleurs, mais dites 24… et je peux vous conter maintes histoires.
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres. Et surprise, en octobre, #MaCuisineAncestrale s’invite aussi dans l’histoire !
Nous sommes au 18e siècle et je marche dans la campagne axonaise quand au détour d’un chemin, j’aperçois un château et ses dépendances. Plus loin sur la colline, un moulin à vent déploie ses grandes ailes et veille sur la bâtisse. Je m’arrête quelques instants pour profiter de ce décor bucolique.
– Je suis enfin arrivée, pensé je…
Je n’ose croire que je vais entrer dans cette riche demeure appartenant à Charles David de Proisy, Baron d’Eppes et Vicomte d’Amifontaine… Certes, je ne pénètre pas dans ce lieu par la grande porte mais par une petite… celle des cuisines. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Jean-François FERAND, le frère aîné de Gérard, mon Sosa 68. Jean-François est né ici même et, au fil du temps, il est devenu le cuisinier de Monsieur le Baron.
Je franchis le pas de la porte et me trouve face à une petite armée où chacun joue un rôle déterminé : on pèle, on épluche, on coupe, on tranche, on flambe, on rôtit, on garnit, on dresse des plats… La chaleur, le bruit et les effluves me saisissent et m’étourdissent..
Bien que très occupé, Jean-François me salue… Je lui rends sa politesse.
–Ainsi, tu appartiens à ma parentèle, me questionne-t-il
-Oui… répondis-je… Je suis une descendante de votre frère… Comme vous, j’aime cuisiner !
– Cela tombe bien, ce soir, Mr le Baron reçoit et j’ai besoin de petites mains… Tu vas nous aider… Que sais-tu faire ?
– Commandez et j’exécuterai, affirmé je… sans ciller. Ainsi dit, ainsi fait ! Je rejoins la brigade et le chef ordonne… – Eh bien, j’ai besoin de biscuits… As-tu quelque chose à me proposer ?
Je réfléchis quelques instants… – Connaissez-vous les macarons d’Amiens, lui dis-je ?
– Jamais entendu parler, rétorque-t-il
– Les macarons ont été introduits par les cuisiniers italiens de Catherine de Médicis et sont devenus au XVIe siècle une spécialité culinaire d’Amiens, intégrant des amandes « Valencias » venant d’Espagne, via les Pays-Bas espagnols. Le macaron d’Amiens connaît aujourd’hui un succès certain en France, comme en témoigne le Grand Prix de France des Spécialités régionales obtenu en 1992, lors du Salon international de la Confiserie.
– Très bien, maintenant que tu m’as donné une leçon d’histoire… Exécution ! Réalise-moi ces gâteaux.
J’ajuste mon tablier, je sors ma petite fiche Canva et je commence la fabrication des biscuits. Je n’ai pas droit à l’erreur… Je suis observée !
Il faut que j’adapte ma façon de faire à l’époque mais, le défi me plait. Les macarons sont enfin cuits et Jean-François goute l’un d’eux. La petite lueur dans ses yeux m’indique qu’il apprécie.
– Je pense que Monsieur le Baron prisera, assure-t-il Je les servirai avec une crèmeà l’italienne. Si tu veux bien me confier ta recette,je la conserverai précieusementet tairai d’où elle me vient.
Cette confidence me surprend tant elle est inattendue… C’est le monde à l’envers ! D’ordinaire, c’est moi qui recherche les recettes d’autrefois. J’accepte à condition d’échanger avec sa recette de crème. Jean-François sort un vieux grimoire… Je saisis discrètement mon téléphone et photographie la fameuse recette :
Jean-François y appose sa signature :
Je le remercie pour ce cadeau que je réaliserai à l’occasion. Notre rencontre prend fin… Il est temps pour moi de rebrousser chemin. Je salue chaleureusement Jean-François . – J’ai été ravie de vous rencontrer. Je ne vous oublierai pas… lui dis-je.
– Moi non plus… Et surtout ne perds jamais de vue qu’on ne cuisine bien que si on aime les gens, mais cela, il me semble que tu l’as compris, me confie-t-il.
Je souris… Un dernier geste de la main… et me voici revenue au 21e siècle.
Avec ce billet, je tiens ma promesse… Mes pensées vont vers Jean-François, le cuisinier de Monsieur le Baron et cela tombe à point nommé car aujourd’hui, 20 octobre, nous célébrons la « Journée Internationale des Cuisiniers »!
Et comme chaque mois avec #MaCuisineAncestrale, nous vous disons : Régalez-vous ! Nous, c’est déjà fait !
Côté Généalogie : Jean-François FERAND (FERIN) est né le 22 décembre 1719 à Eppes dans le château du Baron d’Eppes et a été baptisé le 30 décembre 1719. Il est décédé à la grille dudit château, le 21 décembre 1778, à 58 ans. Il est le fils aîné de Jean & de Marie MALIN, mes Sosa 136 et 137. Je ne lui connais aucune union, ni aucune descendance.
Sources : Recette crème à l’italienne : Le cuisinier roïal et bourgeois – François Massialot ( 1660-1739) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108571q/f234.item# Recette macarons d’Amiens : https://www.europe1.fr/culture/quils-soient-classiques-ou-damiens-decouvrez-lhistoire-des-macarons-4035614 Image en-tête : A.D Aisne – 8 Fi 538 – chateau de Coucy-les-Eppes. (1860) Image recette et photos : collection personnelle Photo cathédrale d’Amiens : Office tourisme d’Amiens
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
C’est un terrible drame qui se trame pour ce #RDVAncestral…
Nous sommes le 31 août 1793 à Pargny-Filain, un village axonais de 265 âmes. L’été est caniculaire et sec… Il fait 38°4 à Paris.
Malgré la chaleur, chacun vaque à ses occupations. J’accompagne Claude BRASSELET, un des fils de mes Sosa 152 et 153, Claude & Marie Catherine BOCASSIN, mener ses bêtes paitre en dehors du village. Les heures s’égrènent lentement sous la chappe de plomb lorsque tout à coup, nous entendons résonner les cloches… c’est le tocsin qui retentit !
Nous abandonnons les animaux et courrons à travers champs. Lorsque nous arrivons aux abords du village, des flammes montent vers le ciel ! Le village est en feu. Les habitants courent dans tous les sens à la recherche d’eau… On évacue les maisons… on libère les animaux… On crie… C’est la panique générale !
Claude, lui, ne pense qu’à une chose : retrouver sa femme au milieu de cet affolement. Marie Gabrielle FERTON et lui sont mariés depuis trente ans. Et ce matin, comme tous les autres matins, Claude l’a laissée seule effectuer ses tâches ménagères.
Le temps presse… les maisons brûlent les unes après les autres, la fumée intoxique, pique les yeux et les gorges. Claude a beau cherché et appelé… il ne trouve pas Gabrielle.
La fin du jour arrive puis, la nuit s’installe… Le désespoir envahit Claude… Gabrielle a bel et bien disparu ! Le coeur serré, je le rassure comme je peux.
Le 1er septembre, au petit matin, les villageois désemparés constatent les dégâts : 63 maisons dont 50 habitées et des bâtiments annexes se sont consumés. Accompagné de son fils et de ses voisins, Claude arrive devant son habitation entièrement détruite. Là, c’est la consternation !
Au milieu, des cendres et des fumeroles, Gabrielle est allongée sur le sol, son corps brûlé vif et presque entièrement calciné.
Marie Gabrielle et Marie Suzanne GENOUILLE, une voisine, sont les victimes de cette tragédie.
Marie Gabrielle avait 58 ans. Elle fait partie de ma parentèle et sa mort ainsi détaillée m’a bouleversée.
Nos découvertes généalogiques sont parfois effrayantes, implacables et cruelles, n’est-ce pas !
Sources : AD AISNE PARGNY-FILAIN 5Mi0265 – 1793 1812 Vue 15 et 16 Image Pixabay Météo : Prevision-meteo.ch/almanach/1793
Cet été, j’ai dévoré la saga familiale : « Les Sept sœurs » écrite par Lucinda RILEY. J’ai été emportée par la lecture des huit livres que constitue cette histoire hors du commun. Tout y est : la famille, des destins à la recherche de leurs racines sur les cinq continents, des secrets, du mystère, des histoires d’amour et de vengeance… le tout enrubanné d’un savoureux mélange de réalité, de légende mythologique et d’astronomie… Bref, j’ai adoré !
Cette lecture a été si prenante que je me demandais s’il existait une famille avec sept filles dans ma généalogie… Nos ancêtres ont eu beaucoup d’enfants mais il est rare de trouver uniquement des filles… ou des garçons. Et oh, surprise mon arbre détient une sororie de cinq filles et une fratrie de sept garçons ; aucune dans l’arbre de Mr.
Voici l’histoire bien modeste de ces sept frères et tout commence avec leurs parents : –Jean-Jacques FOUQUES et Marie Françoise LESIEUR sont mes Sosa 240 et 241 à la huitième génération. Jean-Jacques est né le 31 mai 1766 à Ifs dans le Calvados (14). Il est le quatrième des dix enfants de Jacques dit Belle étoilemarié à Marie Magdeleine PAGNY. Père et fils sont bouchers. Marie Françoise est née le 10 mai 1772 à Soliers (14). Elle est la seconde des quatre enfants de Nicolas, cultivateur et de Marie Catherine Thomasse DUCELIER. Jean-Jacques et Marie Françoise se marie le 23 novembre 1790 à Soliers(14) au moment de la Révolution française. Il a 24 ans et elle a 18 ans. Installés à Soliers, ils auront sept garçons :
–Augustin, leur fils aîné, nait le 27 janvier 1792 à Soliers alors que le pays fait sa Révolution. A 26 ans, il épouse Marie Anne LE DRESSEUR, une dentellière de 21 ans, le 20 novembre 1818 à Soliers. A ce moment-là, la France paie sa dette aux vainqueurs de Napoléon 1er pour prix de sa libération mettant un terme au 1er Empire. De son côté, Augustin devient boucher comme son père et son grand-père. Je lui connais deux enfants : Augustin Isidore, né en 1816, hors mariage mais reconnu et légitimé lors de ce dernier et Joséphine Armendine née en 1832. Augustin décède le 21 avril 1865 à 73 ans à Bretteville-L’Orgueilleuse (14) tandis que le pays et notamment Paris connaissent une profonde transformation grâce au baron Haussmann.
–Jean-Jacques, leur second fils, naît le 27 pluviôse An 2 (15 février 1794). La Terreur plane en France. Elle fait 16 594 victimes de mars 1793 à août 1794, pour 500 000 arrestations. Les trois quarts sont exécutés au terme de la loi martiale applicable dans les départements insurgés. Jean-Jacques, lui, n’est pas boucher mais boulanger. Il est le premier à se marier puisqu’à l’âge de 19 ans, il épouse Thérèse « Adélaïde » DUCELIER, âgée de 16 ans, le 12 mai 1813 à Soliers pendant que Napoléon bataille contre l’Allemagne où il sort victorieux à Lützen et de Bautzen. Le couple a trois enfants. Jean-Jacques décède le 11 avril 1865 à 71 ans, dix jours avant son frère aîné.
– Victor, leur troisième fils, naît le 18 Messidor An 5 (6 juillet 1797) à Soliers. Le même jour, un ouragan dévaste Annecy. Victor a exercé les métiers de garçon boulanger et de marchand épicier à Elbeuf (76) Il est le dernier de la fratrie à se marier puisqu’il a 58 ans lorsqu’il épouse Rosalie Prudence THOMAS, épicière et veuve de 37 ans, le 18 juin 1856 à Caudebec-Lès-Elbeuf (76), alors que le pays célèbre le baptême du prince impérial Louis-Napoléon à Notre-Dame de Paris. Victor décède le 18 avril 1867 à 70 ans à Caudebec sans descendance.
–François Adargiste, leur quatrième fils, naît le 8 Ventôse An 9 (27 février 1801) à Soliers. Le même jour, Bonaparte écrit au tsar Paul 1er sur « l’arrogance et l’insolence » des anglais. François Adargiste s’installe à Rouen (76) où il est également boulanger. Il se marie deux fois : La première fois, le 10 juillet 1838 à Rouen avec Marie Marguerite DELAHAYE , couturière. Il a 38 ans et elle 26 ans. Marie Marguerite décède deux ans plus tard en 1841 . La seconde fois, le 8 décembre 1845 à Bosc-Roger-sur-Buchy (76) avec Adélaïde Désirée GUERARD, une ménagère de 30 ans. Pendant ce temps, Victor HUGO a commencé la rédaction de son roman social « Les Misérables ». J’ignore si François Adargiste a eu des enfants issus de ses deux mariages. Il est décédé chez Auguste GUERARD, son beau-frère, le 23 août 1866 à Brémontier-Merval (76) à l’âge de 65 ans où il est dit « rentier » alors que dans le pays une circulaire met en place le Certificat d’études scolaires dans les écoles.
–Jacques Aimé Marie, leur cinquième fils, est mon Sosa 120. Il est né le 9 floréal An 12 (29 avril 1804) à Soliers tandis que le Consulat vit ses derniers instants au profit du 1er Empire. Jacques Aimé Marie est l’amoureux coquin de la bande mais lorsqu’on se prénomme « Aimé », tout est pardonné. Il suit les traces de son père et de son frère aîné en devenant également boucher. Le 6 mars 1828 à Mondeville (14), âgé de 23 ans, il épouse Clémence EUPHEMIE, Sosa 121, une orpheline de 19 ans, en reconnaissant et légitimant leurs quatre premiers enfants… Et bien oui, ils ont célébré Pâques avant les Rameaux ! Leur famille comptera aussi sept enfants (quatre garçons et trois filles). Jacques Aimé Marie est le plus jeune de sa fratrie à mourir puisqu’il décède à l’âge de 35 ans, le 28 mai 1839 à Mondeville (14).
–Jean Baptiste, leur sixième fils, nait le 30 juin 1809 à Soliers tandis que la veille Napoléon 1er a nommé Joseph FOUCHE au ministère de l’intérieur. Jean Baptiste, lui, exerce le double métier de cultivateur et de boucher. A 34 ans, il épouse Euphémie Cunégonde RICARD, une dentellière de 33 ans, le 4 février 1844 à Frénouville (14) Je leur connais deux enfants. Jean-Baptiste décède à l’âge de 64 ans, le 15 mars 1873 à Soliers. Quelques jours, plus tard, MAC MAHON est élu président de la République.
–Jacques Irma, leur dernier et septième fils, naît le 15 janvier 1816 à Soliers. Cette année-là est nommée « l’année sans été » à cause de l’éruption du volcan indonésien Tamboura. C’est l’une des plus violentes du millénaire avec de multiples conséquences en France et dans le monde. Jacques Irma est resté célibataire et n’a pas eu de descendance. Il est dit « rentier » lors de son décès, à 49 ans, le 27 janvier 1865 à Caen (14), trois mois avant Augustin et Jean-Jacques, ses frères aînés… Une bien triste année que cette année-là ! Je n’ai trouvé aucun document spécifiant sa profession et sa signature.
Ces sept frères ne sont pas des étoiles reconnues mais, ils font partie de ma constellation familiale… une constellation qui brille grâce à Ciel ! Mes aïeux.
Et vous , avez-vous sept sœurs ou sept frères dans votre généalogie ?
Sources : Evénements en France et ailleurs : Kronobase.org ; Wikipédia ; Meteofrance.com Les sept sœurs de Lucinda Riley : https://fr.lucindariley.co.uk/ Fichier personnel HEREDISet GENEANET
Pour mémoire : Etienne BONNAIRE, Sosa 172, clerc laïc, a été marié deux fois. – Une première fois, le 15 mai 1725, avec Nicole LOBJOIS à Monceau-le-Waast (02) dont il a eu trois enfants. Nicole est décédée le 8 mars 1730 en accouchant de son troisième enfant.
– Une seconde fois avec Marguerite BALOSSIER, Sosa 173, le 22 mai 1730 dans le même village. De ce second mariage, sont nés 11 enfants dont 4 morts en bas âge.
Des 7 enfants vivants, Nicolas BONNAIRE est mon Sosa 86 marié à Marie RozeHENIQUE, Sosa 87. Il a été aubergiste et clerc laïc comme son père à Monceau-le-Waast.
Nicolas et Marie Roze ont eu 5 enfants (4 garçons dont un décédé en bas âge et une fille, Marie Roze, Sosa 43). Les trois garçons survivants ont été également clercs laïcs dans différentes paroisses.
Il y a quelques jours, je reçois un message via Généanet. Mon correspondant cherchait des renseignements afin de compléter son ascendance BONNAIRE. Cet échange m’a permis de découvrir que ma branche BONNAIRE pouvait cacher une autre branchequi a gravi l’échelle sociale en se dévouant à l’enseignement.
Jean-Antoine BONNAIRE est le petit frère de Nicolas, Sosa 42. Il a été, également, clerc laïc de la paroisse Sainte Benoîte de Laon. Marié avant 1772 à Marie Anne BERTHE, le couple a eu 8 enfants (6 garçons et 2 filles)
Je m’intéresse à Antoine François Donat BONNAIRE (1777-1839), quatrième de la fratrie. En 1799, il a effectué son service militaire dans la ville de Caen (14) où il était employé dans le magasin d’habillement des troupes (stipulé sur son acte de mariage), canonnier-5e Cie d’Artillerie-14e Division militaire de la République (stipulé sur l’acte de naissance de son fils) Le vingt Messidor An 7 (8 juillet 1799), il a épousé Félicité LE MARCHAND, une marchande de 22 ans, enceinte de ses œuvres.
*Charles Antoine DonatBONNAIRE, leur fils, est né le 11 décembre de la même année.
Une fille, Marie Emilie SéraphieBONNAIRE, née le 30 janvier 1802, complète la famille. Cette dernière aurait été peintre miniaturiste, élève de Redouté. (renseignement trouvé sur plusieurs arbres Généanet) Mais, je n’ai trouvé aucun document qui l’atteste.
Côté profession, Antoine François Donat a été nommé professeur de mathématiques au lycée de la ville, le 16 novembre 1806.
Il est mort à Caen, le 24 mai 1839, à l’âge de 62 ans.
Je poursuis avec *Charles Antoine DonatBONNAIRE, son fils.
Né le 21 Frimaire An VII (11/12/1799), il est formé par son père pour intégrer l’école Polytechnique. Il y a été reçu, à 19 ans, second de la promotion en 1819
Sorti officier d’artillerie, il a cependant préféré se consacrer à l’enseignement comme son père.
Le 02 octobre 1828, Charles Antoine Donat a épousé Zozime Elisabeth Eulalie GRAVELLE à Tortisambert (14). En aparté, la future a adressé trois actes respectueux à son père pour approuver son mariage. Ce dernier les a tous refusés. (A.D Calvados Tortisambert 1823-1868 Vues 77 à 82) Le couple a eu deux enfants : – Alfred Donat FerdinandBONNAIRE ° 1829 + 1902 – Zozime Elisa Léontine BONNAIRE °1834 +1848
Charles Antoine DonatBONNAIRE est décédé le 18 décembre 1886 à Argentan (61) à l’âge de 87 ans.
J’avoue être touchée par la modestie reconnue du père et du fils, préférant se dévouer auprès d’élèves plutôt que de profiter des honneurs qui pourtant leur étaient dus.
« L’éducation est l’arme la plus puissante que vous puissiez utiliser pour changer le monde. » – Nelson Mandela
Sources : A.D Calvados A.D Orne Gallica BnF : Mémoire de l’Académie nationale des Sciences, Art et belles lettres de Caen – 1891 Polytechnique : Bibli-aleph.polytechnique.fr Hérédis : fichier personnel Portrait Charles Antoine Donat BONNAIRE : avec l’aimable autorisation d’Olivier CHASSAGNE -Généanet (chass75016)
Vendredi 17 mars 2023, 16h30, Bibliothèque Marguerite Yourcenar- Paris 15e, la foule se presse vers l’auditorium pour écouter Irène FRAIN, écrivaine et autrice renommée. Interviewée par la rédactrice en chef du journal « Le Pélerin », elle débute son exposé en expliquant l’étymologie du mot « histoire ». – Le mot histoire vient d’un mot grec qui veut dire « enquête. » Elle continue en affirmant que « la généalogie est un récit de vie », que « rechercher, c’est être le narrateur », et que « la mémoire et l’imaginaire sont indissociables » avec maintes exemples qu’elle a mis en pratique dans ses recherches et son écriture. Une heure trente plus tard, je ressors enthousiasmée par son discours.
J’applique ces précieux conseils pour découvrir qui est Louise CHAZAL.
L’histoire débute avec une photo qui dormait au fond d’une valise, elle-même oubliée dans un grenier. Un jour, la valise fut ouverte et la photo quitta la Haute-Loire, son giron familial, accompagnée de vieux papiers poussiéreux. La photo fut précieusement rangée dans un classeur où elle s’est, à nouveau, assoupie. Aujourd’hui, elle sort enfin de son anonymat… Va t’elle livrer ses secrets ?
C’est une photo cartonnée mesurant 10 cm sur 6 cm, protégée par une enveloppe jaunie. Elle est adressée à Mr et Mme ACHON (les G.P de Mr) à Clamont, commune de Lorlanges (43). L’expéditrice se nomme Louise CHAZAL et réside au 11 rue Moret-Paris XIe. La missive n’est point bavarde… Le temps a effacé le cachet de la poste. Et qui est Louise?
L’inconnue est une jolie brunette âgée d’environ 20-25 ans. Ses lèvres dessine un timide sourire mais, son regard est perdu et triste. Elle porte une robe noire agrémentée d’un col blanc en dentelle et une lavallière autour du cou. Le photographe se nomme les Trois Bébés 35.Fg St Martin. Au dos, hormis la publicité du magasin, il y est annoté : « à ma sœur Adèle et mon frère Emile ».
L’enquête débute en reconstituant la famille :
AdèleCHAZAL, G.M paternelle de Mr, est la troisième des quatre enfants de Etienne Félix CHAZAL et de Magdelaine MICHEL, bisaïeuls de Mr. Etienne et Magdelaine sont nés tous deux en 1857 en Auvergne, lui en Haute-Loire, elle dans le Puy de Dôme. Il se marient le 3 juillet 1879 à La Roche-Charles-La Meyrand (63) puis, ils montent à Paris où ils s’installent dans le Xe arrondissement au 11, rue des Récollets. Le couple y est marchands d’habits, puis brocanteurs. Leurs deux premières filles naissent à cette adresse, Marie le 08/01/1882 et Adèle le 16/03/1884. La famille s’agrandissant, elle déménage au 13, ferme Saint Lazare, où naît Alphonse, le 12/01/1886. Victor Emile, le petit dernier, arrive au monde au 7, rue des messageries, le 08/07/1887. Mais, Louise n’existe pas !
Et si Marie CHAZAL n’était pas uniquement Marie… Et si Marie et Louise se confondaient l’une et l’autre ! L’annotation au dos de la photo et la reconstitution de la cellule familiale étayent cette probabilité.
Les investigations vont-elles élucider le mystère ?
Les archives confirment que les quatre enfants sont rapidement orphelins puisqu’Etienne, leur père, décède le 28 mai 1888, à l’âge de 30 ans chez ses parents à Léotoing (43).
1900… nouveau siècle, nouvelles promesses ! Marie (Louise) demeure maintenant au 8, passage Bouchardy dans la XIe arrondissement avec sa mère et elle exerce le métier de papetière. Agée de 18 ans, enceinte, elle projette d’épouser Jacques MOUSTY, un bijoutier âgé de 21 ans, demeurant 131, faubourg du Temple.
Les bans du futur mariage sont publiés les 28 octobre et 4 novembre 1900. Le 5 novembre, Marie (Louise) accouche d’un garçon nommé Marius Jacques CHAZAL, de père non dénommé. Jacques MOUSTY effectue une reconnaissance de paternité le 12 novembre 1900. Malheureusement, les histoires d’amour finissent mal… l’enfant décède un mois plus tard, le 7 décembre 1900. Cette mort anéantit les projets de mariage des parents… et ce dernier n’a pas lieu.
(Jacques MOUSTY est né à Toulouse en 1879 de père inconnu. Sa mère, Eugénie MOUSTY, est couturière et réside au 109, faubourg du Temple. Jacques a 13 ans, lorsque sa mère fait établir un acte de reconnaissance, le 10/12//1892. Ildécède, à 33 ans, en 1912, dans le XIe arrondissement. Son acte de décès précise qu’il est l’époux de Caroline HOLTZ.)
Les années passent et le sort s’acharne sur la fratrie : Restée célibataire, Marie (Louise) déclare le décès de Magdelaine, sa mère, à leur domicile, le 07/08/1902. Alphonse, son frère, meurt à 19 ans, chez lui, 27, rue Morand dans le XIe arrondissement, le 30/09/1905. Il est dit cocher.
Enfin un peu de bonheur… Adèle épouse Jean ACHON, le 17/11/1906, à Lorlanges (43) et vit désormais en Auvergne.
La vie de Marie (Louise) est bouleversée : Le 06/09/ 1907, elle met au monde un garçon nommé RenéCHAZAL, né d’un père inconnu. C’est la sage femme qui déclare la naissance et la mère est appelée Louise sur l’acte. Le 13/05/1908, c’est Marie qui est citée sur l’acte de reconnaissance de son fils.
Victor Emile, le dernier de la fratrie, rejoint ses grands parents paternels en Auvergne et est placé comme domestique agricole à Mazoires (63) chez un certain Mr G. Brandon. Il décède dans la maison de ce dernier, le 12/08/1908, à 21 ans.
Les actes confirment que la photo a, sans doute, été réalisée et expédiée en Auvergne entre 1906 (année du mariage d’Adèle) et 1908 (année du décès de Victor Emile). Marie (Louise) a entre 25 et 27 ans.
Marie(Louise) est maintenant brocanteuse et habite au 11, rue Moret dans le XIe. Sa vie de mère célibataire n’est certainement pas rose… et ses fréquentations ont un effet néfaste sur elle. Son nom est étalé dans la presse. Un fait divers la mentionne et révèle que Marie-Louise (enfin…) a un ami, un certain Laurent SYLVANDRE, né à Fort de France en Martinique, un jeune voyou de 10 ans son cadet. En 1924, ils sont arrêtés tous les deux, pour recel.
La vie de Marie Louise s’achève en 1925, elle a 43 ans. C’est son fils, René, alors soldat au quatrième dépôt des équipages de la flotte à Rochefort (17) qui déclare son décès en mairie, le 3 avril. L’acte précise que sa mort pourrait remonter au 1er avril à une heure indéterminée. Marie Louise est morte comme elle a vécu… seule.
Le mystère est enfin levé : Marie et Louise sont bien une seule et même personne. Le récit de sa vie la fait entrer dans la lumière. La généalogie a fait son œuvre. J’ai le sentiment qu’un oubli a été comblé grâce à ma curiosité. Et comme le dit si bien, Irène FRAIN : « La curiosité est la meilleure des vitamines ! »
Sources : Bibliothèque Généanet : Le petit journal A.D Puy-de-Dôme : Acte de mariage d’Etienne et Magdelaine : A.D Puy-De-Dôme LA ROCHE CHARLES LA MEYRAND 6 E 301 10 – 1873-1882 Acte décès Victor Emile : A.D Puy-de-Dôme MAZOIRES 6 E 5666 1908 1920 A.D Haute-Loire : Acte décès Etienne : A.D Haute-Loire LEOTOING 1883 1892 6 E 137/11 Acte mariage Adèle : A.D Haute-Loire LEOTOING 1903 1912 1925 W 424 A.D Paris : Acte naissance Marie : A.D Paris 1882 Naissances V4E 3822 Acte décès Marie : A.D PARIS 1925 Décès 11D301 Acte naissance Alphonse : A.D Paris 1886 Naissances V4E 6285 Acte décès Alphonse : A.D PARIS 1905 Décès 11D208 Acte naissance Victor Emile : A.D Paris 1887 Naissances V4E 6296 Acte naissance Marius Jacques : A.D PARIS 1900 Naissances 10 V 4E 9055 Acte reconnaissance Marius Jacques : A.D PARIS 1910 Naissances 10 V4E 9055 Acte décès Marius Jacques : A.D PARIS 1900 Décès 10 V 4E 9069 Acte naissance René : A.D PARIS 1907 Naissances 10N369 Acte reconnaissance René : A.D PARIS 1908 Naissances 11N341 Acte décès Magdelaine : A.D. PARIS 1902 Décès, 11 Photos collection personnelle
Le #RDVAncestral est un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature, généalogie et rencontres improbables avec nos ancêtres.
Il y a longtemps que je ne suis pas partie à la rencontre de mes ancêtres… sans doute n’avaient ils pas grand chose à me raconter… Mais aujourd’hui, le hasard et mes rêveries me propulsent en grande pompe dans une caserne, celle de la Compagnie de Gendarmerie Royale du Calvados basée à Caen.
J’arrive dans un salon d’honneur où des hommes de rang, des sous-officiers et des officiers patientent tout en devisant. A l’écart, se trouve également un groupe de hauts gradés. Je comprends qu’il s’agit des membres du conseil d’administration de la compagnie accompagnés d’un représentant de la Préfecture du Calvados et d’un inspecteur délégué de la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur.
Chacun se salue, puis on demande le silence. Le chef du protocole annonce : -Récipiendaire, gagnez votre emplacement !
Le récipiendaire se nomme François LEPELTIER. Il est né le 1er avril 1789 à Soliers, un bourg situé à quelques lieues de Caen.
Ses parents sont Jean-Baptiste LEPELTIER, couvreur, époux de Marie Françoise HOGUAIS. Jean-Baptiste est le dernier des huit enfants de Thomas LEPELTIER, couvreur, marié à Jeanne DIEULAFAIT, mes Sosa 502 et 503.
François est un solide et grand gaillard portant fièrement l’uniforme et la moustache. Le 25 avril 1808, âgé de 19 ans, il est enrôlé dans l’armée Napoléonienne. Il a rejoint le 12e régiment de chasseurs à cheval et a participé à plusieurs campagnes dont celles de Russie, d’Allemagne et de France avec leurs lots de victoires et de défaites. Le 14 septembre 1815, il est nommé brigadier. Puis, le 15 juillet 1817, il devient gendarme à pied.
Invisible aux yeux de tous, je saisis mon portable et fais une rapide recherche sur Google pour comprendre comment on devient gendarme au 19e siècle :
L’article 43 de la loi du 28 germinal an VI fixe, à quelques détails près, les critères de recrutement qui restent en vigueur jusqu’à la Première guerre mondiale : « Les qualités d’admission pour un gendarme seront, à l’avenir : 1. d’être âgé de vingt-cinq ans et au-dessus, jusqu’à quarante ; 2. de savoir lire et écrire correctement ; 3. d’avoir fait trois campagnes depuis la Révolution, dont une au moins dans la cavalerie, et, après la paix générale, d’avoir servi au moins quatre années, sans reproche, dans les troupes à cheval, ce dont il sera justifié par des congés en bonne forme ; 4. d’être porteur d’un certificat de bonnes mœurs, de bravoure, de soumission exacte à la discipline militaire et d’attachement à la République ; 5. d’être au moins de la taille de 1 mètre 73 centimètres. »
Le métier de gendarme au 19e siècle – Arnaud Dominique HOUTE
Ne devient pas gendarme qui veut, pensé je ! Cependant, François a failli à la tradition familiale en abandonnant le métier de couvreur, une profession pratiquée de pères en fils depuis trois générations. Est-il devenu gendarme par vocation ou par un impérieux besoin d’assurer son avenir… lui seul connait la réponse. Peu importe car sa bravoure, sa loyauté et son dévouement lui valent d’être récompensé avec la plus haute distinction française.
Il y a plusieurs mois, sa hiérarchie lui a signifié que sa candidature avait été retenue par la Grande Chancellerie mais, entre la chute de l’Empire et la Restauration (nous sommes sous Louis XVIII), la réponse s’est faite attendre. Enfin, le 27 janvier 1815, il a reçu ceci :
Ce 1er aout 1817, il devient « légionnaire » en recevant la distinction de Chevalier de la Légion d’Honneur lors de cette cérémonie.
Imperturbable, François se tient droit pendant que son commandant fait son éloge, puis finit son discours par :
– « Au nom de Sa Majesté et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans l’ordre royal de la légion d’honneur. »
L’insigne accroché sur sa poitrine, François remercie son supérieur et le salue.
La cérémonie achevée, François signe, ainsi que les membres du conseil d’administration, plusieurs documents dont une formule de serment ainsi qu’un procès-verbal faisant foi de son inscription de membre de l’ordre royal de la légion d’honneur sur les nouveaux registres nationaux et listes officielles.
« Je jure d’être fidèle au Roi, à l’honneur et à la Patrie, de révéler à l’instant tout ce qui pourrait venir à ma connaissance, et qui serait contraire au service de Sa Majesté et au bien de l’État ; de ne prendre aucun service et de ne recevoir aucune pension, ni traitement d’un Prince étranger, sans le consentement exprès de Sa Majesté ; d’observer les Lois, ordonnances et règlements, et généralement faire tout ce qui est du devoir d’un brave et loyal Chevalier de la Légion d’honneur. » (Le serment de fidélité, adapté au régime en vigueur, fut exigé des légionnaires jusqu’en 1870. Il fit un bref retour de 1941 à 1944, sous le Régime de Vichy.)
Puis les documents sont remis au délégué de la Grande Chancellerie pour faire valoir ce que de droit. François recevra un brevet qui atteste de sa qualité de membre royal de la légion d’honneur. Ce dernier est signé le 18 mars 1819, soit quatre ans après sa nomination.
Côté vie privée, François épouse Virginie VASNIER de 11 ans, sa cadette, le 30 mai 1821. Et après une vie de gendarme bien remplie, il s’éteint à 54 ans, le 27 octobre 1843 à Lingèvres (14).
Je quitte discrètement le salon… Mon vagabondage achevé, je suis assise devant mon ordinateur connecté sur la base Léonore devant le dossier de François. Mon imagination débordante a encore œuvré…
Créée en 1802, la Légion d’honneur a tenu le cap à travers tous les tourbillons de l’histoire parce qu’elle est universelle et symbolise la reconnaissance de la nation envers les meilleurs éléments de ses forces vives dans tous les domaines et pour tous les mérites, tous les talents, tous les dévouements, et aussi parce qu’elle a su s’adapter sans jamais se dénaturer, en gardant, sous les fastes nécessaires à son éclat, son caractère profondément démocratique qui en a fait un modèle pour nombre de distinctions étrangères.J.C. Guegand
Sources : Base Léonore : https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/notice/230455#show Grande chancellerie de la légion d’honneur : https://www.legiondhonneur.fr/fr Image : MEDAILLE DE CHEVALIER DE L’ORDRE DE LA LEGION D’HONNEUR RESTAURATION LOUIS XVIII ROI DE FRANCE 1814 : https://www.militaria-medailles.fr/ Page Facebook : 12 chasseur à cheval -Aquarelle de Maître Lucien Rousselot. Le métier de gendarme au 19e siècle – Arnaud-Dominique Houte – https://books.openedition.org/pur/107873?lang=fr Histoire de la légion d’honneur : https://jean-claude-guegand.pagesperso-orange.fr/l_his.html
En octobre, Ma Cuisine Ancestrale révise l’Histoire et part sur les traces d’un Robin des Bois à la française qui vécut au XIXe siècle.
Jean GOURINCHAS dit Burgou ou Burgout(cliquez pour découvrir sa rocambolesque histoire) était un voleur et chef de bande, né le 10 avril 1811 à la Nadalie, commune de Marval, dans les monts de Châlus en Limousin, et, mort à 85 ans, le 10 décembre 1895, à Vicq-sur-Breuilh comme l’attestent ses actes de naissance et de décès :
La mémoire populaire a fait de lui un bandit « au grand cœur », un enfant du peuple qui, comme Robin Hood (Wood), vole à juste titre les riches pour donner aux pauvres. Devenu une des identités du Haut Limousin, le pays de Châlus lui a rendu hommage, en créant un gâteau aux châtaignes appelé Burgou. Ce gâteau de voyage est né d’une initiative menée par des pâtissiers de la Haute Vienne pour créer une gourmandise qui met en valeur les produits de la région et célèbre ce personnage hors du commun. Le burgou est un gâteau à la pâte moelleuse rappelant le pain d’épice qui associe miel, amandes et un produit phare, la châtaigne.
La cuisine nous offre des découvertes surprenantes, comme ce brigand devenu une légende du Pays de Châlus. Et Ma Cuisine Ancestrale aime ce mélange malicieux et délicieux d’histoire, de généalogie et de pâtisserie.
Et vous, qu’en pensez-vous ? En attendant notre prochain rendez-vous, régalez-vous , moi, c’est déjà fait !
Sources : A.D Haute-Vienne – Marval et Vicq-sur-Breuilh Recette : ilétaitungateau.com Origine : patrimoinecognac87.ovh Photos et image : collection personnelle
Ah… Nos ancêtres et la religion, un vaste sujet tant l’Eglise a marqué leurs vies.
Pour ce billet, j’ai choisi de partager un évènement trouvé dans les registres de Cintheaux, un village normand situé au sud de Caen, impliquant malgré lui, un de mes collatéraux, Charles FOUQUES (1719-1792).
Charles était le quatrième des six enfants de Jacques FOUQUES, un cultivateur marié à Marie LEFRANCOIS, mes Sosa 1920 et 1921 à la onzième génération.
Jacques Michel LE HARIBEL, curé de Cintheaux, était bavard et s’est appliqué à noter dans ses registres plusieurs faits concernant ses relations avec ses ouailles. Ainsi, le mercredi 10 novembre 1734, il prit à témoin, plusieurs individus dont Charles.
Le mercredy dixieme jour de novembre mil sept cent trente quattre, sur les quattre heures et demye du soir, jé Ptre Curé dudit lieu de Cintheaux , été requis et obligé dadministrer le St Viatique à Philippe Pagny, mon paroissien et demeurant au hameau de Cintheaux en la maison de Charles Signot située sur le grand chemin et dans cette occupation, j’ai fait rencontre de Jean Bénard et de son domestique ledit Lucas …de la R.P.R et huguenote demeurant audit hameau Charles Lucas son domestique ledit Jean Bénard à pied et … domestique assis sur un cheval et habillé de l’équipage propre pour labourer, lesquels venant de cette occupation eurent la témérité de passer devant le Saint Sacrement sans donner nulle marque de devoir et de respect à Dieu malgré mes vives exhortations et bravèrent ainsi et tirèrent en ridicule la Réalité de Jésus-Christ, la piété et la religion, ledit domestiques naiant pas même voulu descendre de cheval ni oter son chapeau et persistants ai battu lesdit domestisques, ledit lucas ne se mit en devoir qu’après vives monitions morales, ce qui m’a obligé de prendre à témoin Marie Anne Huet femme de Charles Signot Georges Conard fils de Jean Conard de la paroisse Durville agé de 15 ou 16…, Anne Guérard, Françoise Loret la femme de feu Nicolas Lefebüre nommée Françoise Guérard, Marie Dauge femme de Charles Guérard Jacques Poret dit pescard, Anne Moutier femme de feu le pailleur et Charles Fouques. Mais M. Osmond Secretaire de Mr le président de lourailles se rendant médiateur a payé en punition de ce crime et en descharge desdits Srs de la R.P.R une bannière coutant la somme de cent huit livres et qui est de présent en l’église de la susdite paroisse et dont j’ai susdit curé fait la bénédiction, Die resurrectionès Christi Deuxième jour d’avril mil sept cent trente cinq Signé Le Haribel Curé de cintheaux
Ces lignes ont été transcrites en avril 1735, soit plusieurs mois après cette mésaventure. L’écriture est arbitraire et contient de nombreuses omissions, rayures et taches comme si la mémoire de Mr Le Haribel était incertaine.
Pour l’anecdote, je n’ai trouvé aucun acte de décès concernant le paroissien, Philippe Pagny et l’histoire ne nous dira pas ce qu’en a pensé mon collatéral mais, ce « nota » est un bel exemple du pouvoir des religieux et des relations conflictuelles entre l’Eglise catholique et les protestants.